La Vie de Galilée
Festival d’Avignon
La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, par la compagnie du Grand Soir
Un spectacle à la fois magique, burlesque et réfléchi. A vous éblouir les yeux. A l’aube du XVII ème siècle, ce savant mathématicien, le regard plongé dans sa lunette, transforme le monde. La Lune se couvre de montagnes, la Terre se retrouve à tourner autour du Soleil, « le ciel est aboli »… C’est trop pour certains esprits et l’Inquisition va s’acharner.
La voix de Galilée se lève et il se heurte aux préjugés des autorités et à ceux de l’invité de France- Culture, qui nous annonce en voix off que la crise touche les dernières sociétés staliniennes et non le capitalisme. Cet écho d’il y a quatre siècles prend dès lors une résonance contemporaine. Dans un tourbillon « poélitique » (poésie et politique), pour reprendre leurs termes, les cinq comédiens s’interrogent et débattent, mettent en scène une révolte sur l’entêtement.
Dynamiques, accordés, ils enchaînent ainsi une vingtaine de rôles. Régis Vlachos impose un Galilée à la John Lennon, tout en cheveux et qui regarde le monde avec des yeux d’enfant émerveillés derrière ses lunettes rondes. Un symbole fait chaque personnage, des tutus acquièrent un usage surprenant, des tuyaux font résonner les têtes et les livres finissent par masquer les visages pour dresser l’Inquisition.
Les chants du peuple, écrits par Eisler pour la création de la pièce, prennent un nouveau souffle dans cette adaptation moderne qui joue d’allusions. Ici, entre apparitions du démon et pantomimes, l’espace assume ses distances avec humour et éclate soudain d’étoiles…
Élise Blanc
Espace Roseau, Salle Nicolas Gogol jusqu’au 31 Juillet.