Pan-Pot ou Modérément chantant

Festival Teatro a corte à Turin.

Pan-Pot ou Modérément chantant par le collectif  Petit Travers.

panpotjonglages.png Il sont trois français: Julien Clément, Nicolas Mathis, et Denis Forgeton , auteurs et jongleurs, et  une pianiste interprète, Aline Piboule.Le jonglage, art immémorial déjà connu des Egyptiens de l’Antiquité,  et des Aztèques, a connu, notamment sous l’influence des Américains dans les années 1970, un véritable renouveau, décliné avec de nombreux instruments ( massues, couteaux, boules, etc…), et  à tel point qu’il est enseigné dans de nombreuses écoles de spectacle dont celle du Cirque Plume d’où sortent les deux premiers des trois compères…
  Habillés de pantalons et chemise noire, ils n’utilisent que des boules blanches. Ils travaillent tous ensemble, au début de dos, puis de face, avec des figures classiques: douche à trois, quatre ou cinq balles(si l’on a bien compté mais peut-être même six) comme les colonnes, fontaines, serpent mais avec peu de jonglage de contact. Impressionnant de virtuosité et d’harmonie, leur travail est d’une redoutable précision.
Mais ces trois jongleurs ont eu aussi l’idée géniale de marier leur grand savoir-faire à celui d’une jeune pianiste qui ne les quitte pas des yeux et qui  joue avec eux, pourrait-on dire, Bach, Mozart, Beethoven, Litz… Il ne s’agit pas d’un accompagnement mais d’une véritable osmose entre le parcours des ces balles, magnifiquement éclairées par Arno Veyrat, qui passent et repassent  entres les six mains, au rythme exact des mélodies choisies avec beaucoup d’intelligence, comme si elle devenaient des objets autonomes. Et l’on perçoit alors une toute autre dimension de l’art de jongler…
Y compris, souvenir de Kantor? Quand ils viennent avec un mannequin, copie conforme de l’un d’entre eux.
  Ce qui, bien entendu, représente un immense travail en commun, et  une maîtrise du corps absolue.Et quand l’un d’eux  fait rouler une boule sur scène, elle arrive à l’endroit précis où son partenaire, d’un geste presque nonchalant, se baisse pour la ramasser, la renvoyer au troisième qui la renvoie avec deux autres boules  au premier, ou quelque chose comme cela. . Un œil humain, même exercé, a quelque mal à suivre cette cascade ininterrompue. Et quand, à la fin, ils arrivent avec plusieurs paniers pleins de boules blanches qu’ils lancent par dizaines, et qui semblent happées par un immense aspirateur, on entre alors dans un autre monde. Il y a alors comme de la magie dans l’air; « Objets inanimés, avez-vous donc une âme », écrivait déjà Baudelaire.
  Un petit souhait, du Vignal? Oui, il faudrait ôter une fausse fin qui casse un peu le rythme et passer tout de suite à la vraie, si forte qu’elle se suffirait à elle-même. En tout cas, un spectacle aussi original que dense, qui fait un bien fou… et qui a été très longuement applaudi.
Si   Pan-Pot ou modérément chantant passe près de chez vous, n’hésitez pas, vous passerez tous, soixante minutes de vrai bonheur.

Philippe du Vignal


Archive pour 17 juillet, 2011

# 4 Moscow

Festival Teatro a Corte de Turin.

# 4 Moscow par le Collectif Berlin, projet de Bart Baele, Yves Degryse et Caroline Roschlitz.

Le collectif artistique Berlin, comme son nom ne l’indique pas, est belge et est en résidence au centre de Stuk à Louvain; après avoir créé #2 lqaluit et # Bonanza, sorte de plongée dans un monde inconnu de leur public, que ce soit chez les Inuit ou dans un petit hameau du Colorado comme Bonanza, spectacles déjà présentés aux deux dernières éditions du Festival Teatro a Corte. Le nouvel opus du collectif Moscou pose selon lui la question de savoir si Moscou est un  cirque…cCest la question qui ne cesse, disent-ils,  de les hanter et  qui revient comme un leit-motiv dans le spectacle. Nous entrons dans un petit chapiteau créé pour l’occasion (rouge, disent-ils, comme un nez du clown de cirque fumant dehors que l’on voit sur une des séquences.
Pas de banquettes, le public est prié de rester debout pendant une heure! Il y a six petits écrans  où sont projetés les vidéos réalisées en 2007, que l’on peut déplacer de haut en bas, et un qui circule en rond autour du chapiteau. Soit un parallèle entre identité sociale et identité collective par le biais de courts reportages de moscovites, des puissants aux plus humbles. On se balade sur la place Rouge ou en dessous avec des égoutiers, au marché aux puces dans un terrain vague; la plupart des gens qui parlent déplorent la misère de la ville, où il est impossible de se loger si l’on n’est pas d’une famille moscovite.   On pénètre dans les petits appartements, on assiste à des manifestations de revendication anti et pro-Poutine sur la Place Rouge avec des images en accéléré ou en marche arrière, vieux gag que personne n’ose encore employer. Une vieille dame mendie, et peu de temps avant, une grande limousine rose passe.dans la rue.  Cela a souvent de faux airs du fameux documentaire belge StripTease…
Mais, en fait, l’extrême misère comme l’extrême  richesse, et l’injustice sociale ne sont vraiment suggérées que dans les entretiens avec les moscovites qui,résignés, acceptent d’en parler.   Les images se révèlent assez banales et la parole ne libère que des choses que l’on sait déjà sans que l’on entende jamais une analyse un peu pointue. Cela ne dépasse pas souvent les propos de bistrot. Bref, rien de très passionnant ou d’un peu virulent sur le plan politique.  Il y a sur un petit praticable avec un orchestre (piano, viole et violon, et violoncelle; la musique ayant été composée  sur place à Moscou et destinée à être jouée en public en relation avec les images qui défilent sous nos yeux.
On ressort de là bien déçu, sans  doute parce que ce bricolage électronique de grande qualité a quelque chose d’hybride-entre le documentaire et la performance, et l’audition d’un petit orchestre-et ne fonctionne pas bien.Et quand le collectif Berlin nous parle de provocation, on a quelque raison d’être sceptique devant cet ovni qui correspondrait à une méthode de travail dont le maître mot serait l’interdisciplinarité. On veut bien mais, à ce # 4 Moscow, bien sage et bien comme il faut, même quand il se pare des derniers atours technologiques, il manque une âme…

Philippe du Vignal

Cesena

Cesena chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker direction musicale Björn Schmelzer

cesenalaceremoniealaubedanneteresadekeersmaekerm56387.jpgDepuis plusieurs années le festival d’Avignon a l’habitude de créer l’événement en conviant son public, plus disponible en période de festival, à des horaires de représentations inhabituels,. Lorsque la qualité de l’œuvre présentée se mêle à ces variations temporelles dans un lieu magique, le spectacle s’imprime intimement dans la mémoire du spectateur qui, par la suite, le mythifie. Le Soulier de Satin mise en scène par Antoine Vitez dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes et Le Mahabharata de Peter Brook dans la carrière de Boulbon sont deux exemples emblématiques.
Pour Cesena, la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker a donné rendez-vous aux spectateurs à 4h30 du matin … pour assister au lever du jour. Ce spectacle fait suite à « En atendant » présenté à la tombée de la nuit en 2010 avec un grand succès. La même musique polyphonique d’ars subtilior du XIV ème siècle qui fut jouée autrefois au Palais des Papes d’Avignon et en Italie, d’une grande complexité rythmique, l’ est ici avec six chanteurs et treize danseurs soit quinze hommes et trois femmes.
Décor: la Cour d’Honneur dans sa majesté; lumière: uniquement celle du lever du jour. Pour la première, la représentation débute avec trente minutes de retard, il est 5 h du matin, un chanteur se lance seul dans l’obscurité et entame un chant. Puis, dans la pénombre, il est rejoint par les autres artistes. Le contact de leurs pieds sur le sol crée une sonorité sauvage. Nous avons la sensation de voir des chevaux s’ébrouer dans la nuit.
Progressivement la lumière éclaire la Cour d’Honneur, les ombres deviennent réalité. Un détail nous surprend, la pureté des chants, la majesté du lieu, les mouvements des danseurs et chanteurs donne une tonalité très intime à ce rituel mais apercevoir les bandes fluo des chaussures de sport dans la pénombre, casse un peu la magie naissante. Les chants sont d’une grande beauté. Et c’est émouvant d’apercevoir un chanteur qui règle sa voix grâce à la vibration de son diapason. Chants et chorégraphie se succèdent; à 5h30, un chant d’ oiseau se fait entendre. A 6h10 , le ciel rougit, dix minutes après; les martinets font leur apparition et  à 6h30 le soleil éclaire une partie du mur puis se cache à nouveau.
Vers 7h, les artistes clament leurs prénoms puis rejoignent  les coulisses. Le froid, le rythme de la danse et des chants ont vaincu la curiosité de certains spectateurs qui se sont endormis.Le spectacle parait trop long, surtout à partir du moment où danseurs et chanteurs sont en pleine lumière, et une partie du public reste à l’extérieur de ce rituel. Une liturgie, même quand elle est belle,  peut être un peu ennuyeuse… .

 Jean Couturier

 

  Cour d’Honneur du Palais des Papes, jusqu’au 19 juillet.

Si Siang Ki ou l’histoire de la Chambre de l’Ouest

Si Siang Ki ou l’histoire de la Chambre de l’Ouest, de Wang Che-Fou, mise en scène et adaptation Gérard Gelas.

avignon2011sisiangkiparge769rardge769las1cre769ditmanuelpascualthumb400x28433811.jpgTout a commencé par une rencontre, en Avignon, entre Gérard Gelas et une délégation chinoise, conduite par Hang Sheng, président de l’Académie des Arts de Shanghai. Le metteur en scène avignonnais est ensuite invité à mener un atelier à Shanghai. C’est de là que naît l’idée d’un spectacle fait à partir d’un des grands classiques du répertoire chinois, pièce appréciée pour les valeurs nouvelles qu’elle défendait au 14e siècle.Au cours de son voyage initiatique, Tchang Sen, jeune étudiant, se présente dans un couvent. Il y croise le regard de la belle Ying ying, dont il tombe instantanément amoureux. Mais la jeune fille a été promise à un autre par feu son père, et sa mère entend bien faire respecter ses volontés.Sur fond musical, un écran reflète les couleurs du moment, un paravent ou une branche de cerisier suffisent à planter un décor : la scénographie, très belle, joue sur la suggestion pour nous plonger dans la Chine traditionnelle.

L’espace scénique est parfaitement maîtrisé, et les acteurs y évoluent avec grâce, dans un enthousiasme rafraichissant, alliant jeux occidental et oriental. Mais malgré cette harmonie visuelle, la pièce joue plus sur les effets poétiques que sur l’action, et le spectacle s’étire en longueur. Et certains partis pris, notamment le voyage dans le temps des deux amoureux, ou le final- énigmatique-ne sont pas très clairs.
Une belle esthétique qui n’empêche pas une certaine langueur de s’installer.

 

Élise Blanc.

 

Théâtre du Chêne noir jusqu’au 29 juillet.

Entretien avec Giulia Lazzarini

giulialazzarini.jpgEntretien avec Giulia Lazzarini.

 

 Ce fut l’une des grandes comédiennes de Giorgio Strehler, metteur en scène exceptionnel et directeur du Piccolo Teatro de Milan qui la fit jouer souvent: entre autres dans Les Géants de la Montagne de Pirandello , Il Campiello de Goldoni, Le Roi Lear, La Cerisaie, l’Opéra de Quat’ sous, et cette très fameuse Tempête où elle fut l’interprète d’Ariel, Tempête qu’elle retrouve aujourd’hui dans Remake de Myriam Tanant, spectacle qui vient d’être créé au Festival Teatro a Corte de Turin (voir article du Théâtre du Blog) et où elle est tout fait remarquable.

- Comment est né cette idée de Remake où plus de trente après, vous êtes sur scène confrontée par le biais du film, au personnage d’Ariel? 

- Vous savez bien sûr que Myriam Tanant avait travaillé avec Giorgio Strehler quand il dirigeait l’Odéon-Théâtre de l’Europe,  et nous nous étions souvent rencontrées, quand Myriam Tanant venait à l’Université de Milan rejoindre ce groupe d’intellectuels et d’artistes créé autour de Strehler et  qui a perduré après sa mort brutale, en 97, il y a déjà treize ans. Et elle m’a proposé de travailler sur un spectacle qui évoquerait cette fameuse Tempête et sur ce que peut être le travail d’une comédienne ans la situation difficile où se trouvait l’Italie,comme vous l’expliquez bien dans votre article.
  1978, c’était le temps des brigades rouges, de l’horrible assassinat d’Aldo Moro. Ce fut une période très dure pour tout le Piccolo Teatro et Giorgio en a beaucoup souffert, et quand Prospéro, à la fin, casse sa baguette, on peut y voir aussi comme un témoignage de la condition du théâtre italien de l’époque. Tristesse et désillusion de voir son message à lui n’avait pas été reconnu… Strehler, le créateur de nombres de mises en scène sublimes était aussi quelqu’un de fragile, et il s’est aperçu à cette occasion qu’il n’avait pas que des amis!
Il ne voulait même pas voir la vidéo que son assistant-Carlo, mon mari aujourd’hui décédé- avait réalisée.
  Et le soir où le film est passé à la télévision, nous étions tous les deux à le regarder avec Carlo. Le téléphone sonne; je répond. « Ici, Giorgio, tu me passes Carlo,et nous avions un peu peur de sa réaction, parce qu’il refusait catégoriquement de voir ses spectacles, même le soir de la première. Il avait trop peur. Mais ce soir là, il dit à Carlo:  » Cest une chose merveilleuse à partager ». Et, quand il devait jouer, je n’ai jamais vu un comédien avoir autant le trac, et il m’ a même demandé,  pour une lecture d’extraits de Faust, de jouer finalement, en plus du rôle de Marguerite, celui du Docteur Faust. » Toutes les comédiennes rêveraient de le faire, m’a-t–il dit , et je l’ai donc fait…

 

- Il me semble connaître déjà la réponse mais je vous pose la question: que se passe-t-il pour vous comédienne sur scène , quand les sublimes images ne noir et blanc, au graphisme épuré, de l’Ariel que vous étiez dans les airs, commencent à défiler?

 

- Vous avez bien compris; cela a été un grand choc émotionnel; j’avais 44 ans, je volais en l’air avec la grande complicité du machiniste qui tirait les fils. Mais, en me revoyant dans cet Ariel qui arrive en volant  dans les bras de Prospéro, même si je le savais mais ce n’est pas la même chose- j’ai pris conscience que je ne pouvais plus et que je pourrais plus jamais jouer ce rôle… Ce fut une des saisons formidables de ma vie: La tempête a été jouée un peu partout de 78 à 84, même aux Etats-Unis à New York comme à Los Angeles, mais, maintenant pour moi, c’est la saison où l’on peut encore jouer, bien sûr, mais les pieds sur scène…

 - Que jouez-vous actuellement?

 Je viens de finir une tournée avec Rosita la célibataire que  Garcia Lorca écrivit et créa en 35 et que Luis Pasqual a monté avec le Piccolo, et puis je vais jouer à la rentrée ce Remake au théâtre Astra de Turin où il vient d’être créé puis à Gênes, Brescia et chez vous à Gap cet hiver. Je joue aussi dans le  film de Jordana sur l’attentat qui eut lieu en 69 dans la Banca dell’ Agricultura en plein cœur de Milan qui fit dix morts et une centaine de blessés. Pinelli, cheminot anarchiste fut accusé mais fit une chute mortelle d’une fenêtre du commissariat. Je joue la mère de Pinelli dans le film. Calabresi, le chef commissaire, fut soupçonné de ce crime; finalement relaxé, il sera assassiné deux ans plus tard. Et le mystère de cet attentat attribué en fait aux milieux d’extrême droite infiltré par des agents américains de la CIA  ne fut jamais résolu…

 - Quelle relation avez-vous avec le théâtre contemporain?

 - Je n’aime que le théâtre qui a quelque chose à dire comme au Teatro Vale à Rome où fut créé Six personnages .. de Pirandello, et qui est occupé depuis deux mois par des artistes qui y dorment parfois. J’admire cette nouvelle génération d’acteurs qui ont une volonté politique. C’est déjà une bataille de gagnée quand on réussit à poser la question. Comme, par exemple, le scandale de la nomination de Luca de Frisco à la tête du Teatro Stabile de Naples, visiblement protégé par le sous-secrétaire d’Etat Janni Letta. Il y aurait encore beaucoup à dire sur les barbares italiens qui vont arriver à détruire le théâtre italien.
Tout s’est beaucoup fragilisé, et il n’y a plus la possibilité de dire grand chose, même si on ne peut pas vraiment parler d’auto-censure. Ni même de censure, comme ce fut le cas dans années 60,  quand l’église catholique arrivait à faire interdire par la démocratie chrétienne au pouvoir, Le Vicaire, une tragédie chrétienne, créée en 53 par Piscator en Allemagne, où l’auteur accuse Pie XII de complicité dans  l’extermination des Juifs par les nazis.
Mais maintenant l’église catholique a déjà fort à faire pour se censurer elle-même! Elle s’en tient toujours  aux règles du passé et n’a toujours pas compris- avortement, mariage, euthanasie-que le monde avait  bien changé…

- Que faites-vous à Milan quand vous ne répétez ni ne jouez?

-  Mon mari est décédé, beaucoup d’amis ont aussi disparu mais enfin il m’en reste. J’ai le bonheur d’avoir une famille, ma fille habite Londres où je vais souvent; je vais aussi au théâtre comme spectatrice mais je suis plus indulgente que dans mon travail personnel que ce soit sur scène ou sur un plateau de cinéma. Et puis, je donne de temps en temps des stages à de jeunes comédiens en Italie ou à la Cartoucherie de Vincennes, par exemple, sur Il Campiello de Goldoni;  à la fin de ce  stage, ces jeunes garçons et filles avaient quelque chose de vénitien, et avaient acquis la musicalité de la langue italienne, même quand ils travaillaient en français… J’aime vraiment beaucoup transmettre et j’ai enseigné aussi à l’école du Piccolo; je crois que c’est vraiment très bon pour un comédien de jouer et d’enseigner. On reçoit beaucoup en transmettant, et, réussir à expliquer quelque chose à un autre, c’est réussir à l’expliquer à soi-même.

- Merci beaucoup, Giulia. Merci aussi pour son aide précieuse à Beppe Navello, directeur du Festival Teatro a Corte

 

Philippe du Vignal

 

 

 

 

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