Madame Marguerite

Festival d’Avignon

Madame Marguerite de Robert Athayde, adaptation de Jean-Loup Dabadie, mise en scène de  Daniel Charlot.

m1.jpgLa pièce fait partie d’un ensemble des cinq Pièces Précoces que cet auteur brésilien écrivit à 21 ans en  76 dans un Brésil  soumis à une dictature militaire impitoyable, initiée par les Etats-Unis de 64 à 84: exécutions sommaires, onmi-présence de l’armée, et censure permanente. Madame Marguerite est une pièce qui, dès sa création, fut ensuite montée dans de nombreux pays dont la France où c’est Annie Girardot incarna cette institutrice de CM 2  qui s’avoue un peu dépassée par les enfants dont elle a la charge. Quelque trente ans après, cela valait le coup d’aller voir quelle force pouvait encore avoir cette célèbre Madame Marguerite.
Révoltée contre tout y compris contre elle-même, elle n’a plus qu’une arme pour s’en sortir: la parole qu’elle utilise sans scrupule… Elle met en garde ses pauvres élèves  contre un système qu’elle trouve injuste et semble se battre contre des moulins à vent.
Tout à la fois indulgente et d’une terrible maladresse, elle ne maîtrise aucun des sujets qu’elle aborde pour ce premier cours de l’année: la drogue, la sexualité, la biologie, « il y a un début, un milieu et une fin: Vous, vous êtes au milieu mais vous allez tous mourir ». ou: « Qu’est-ce qui m’a foutu cette bande de tantes » ou encore  » Les deux seins de madame Marguerite, cela se mérite! ». Geneviève Tourret a, si l’on a bien compris, joué la pièce de nombreuses fois en Normandie: elle a l’indispensable puissance de tir, la voix rauque de fumeuse d’Annie Girardot, et est parfaitement à l’aise sur le plateau; elle arrive donc, tant bien que mal, à faire passer aussi ce qu’il y a souvent de vulgaire et de racoleur dans la pièce, ou du moins dans l’adaptation de Dabadie, « de l’Académie française », souligne le régisseur qui présente le spectacle, comme si c’était un label de garantie!
Il y aurait fallu aussi une direction d’acteurs beaucoup plus exigeante et plus nuancée. Ce qui est loin d’être le cas. Daniel Charlot dirige sa comédienne vite fait/pas très bien fait, et le compte n’y est donc pas; du coup, la pièce, pas vraiment le chef d’œuvre annoncé et qui a pris un coup de vieux, (même si le programme annonce que l’auteur a été inspiré par Shaw, Ionesco et Beckett!), n’en sort pas vraiment grandie…
Alors à voir? Ce n’est peut-être pas indispensable! Le public pas très jeune, semblait  content mais guère plus…

Philippe du Vignal

Le Petit Louvre 23 rue Saint-Agricol à 21h 05 (sic)



Archive pour 19 juillet, 2011

TRANSHUMANCE/RISORGIMIENTO

Festival de  Turin Teatro a Corte


Transhumance/ Risorgimento ,mise en scène de Christophe Delécourt, Camille et Manolo, musique de Nicolas Lespagnol-Rizzi.

Camille, cavalière voilée de noir arrive devant le palais de Venaria Reale, suivie d’un troupeau de deux cents brebis habilement menées par des chiens et leur berger. Longue attente avant de pouvoir suivre le troupeau qui pénètre dans le parc, longe un grand bassin, nous les suivons sur l’autre rive avant d’aller nous asseoir autour d’un grand manège.
La cavalière arrive, dévoilée, menant son cheval par la bride, Manolo entre sur un superbe destrier blanc qui s’assied, après quelques numéros d’adresse éblouissante et sortent. Cinq juments et leurs poulains viennent virevolter et repartent, puis Camille revient,  debout sur son cheval noir, guidant le troupeau de brebis. De très beaux numéros d’adresse amoureuse entre six superbes étalons et ce couple étonnant se succèdent.
La belle théâtralité de ce rituel équestre ouvre la grande transhumance au delà des frontières, à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de l’unité de l’Italie. Accueilli pour la troisième fois par le Teatro a Corte, le Théâtre du Centaure devrait terminer ce parcours sur les migrations de l’humanité en 2013 à l’occasion de Marseille, capitale européenne de la culture.
Il envisage d’entrer dans Marseille à la tête de plusieurs milliers d’animaux et de plusieurs centaines de marcheurs, après un voyage au Maroc et une traversée de la Crau jusqu’à Marseille. Le projet se tisse dans le temps.
“Nous sommes tous des poussières d’étoiles”,  dit Hubert Reeves.

 

Edith Rappoport

 

theatreducentaure.com

BALLETBOYZ, THE TALENT

Teatro a Corte,

Balletboys  chorégraphie de Michaël Nunn et Willian Trevitt.
Nous entrons dans un univers étrange et interlope, dans un univers exclusif de mâles où l’on exhibe ses muscles avec une belle maîtrise chorégraphique. Trois ballets se succèdent, la couleur en est exclue, on reste dans un monde sans pitié où règne la force brute. La tendresse n’en est pas néanmoins absente !
-Torsion de Russell Maliphant, un, deux, trois, quatre, cinq, six sept, huit danseurs s’affrontent, se lovent, s’enroulent, se jettent sur une musique guerrière assourdissante.
On reconnaît des pas de la chorégraphie classique, des déboulés jetés aux arabesques qui viennent se jeter dans ce nouveau West side story. -Alpha de Paul Roberts, cinq jeunes à capuches surgissent d’un film noir et blanc. Le fondu enchaîné est saisissant, on est dans les bas -fonds des faubourgs britanniques.
-Voici de Jacek Gemerek déchaîne neuf danseurs avec l’ironie du désespoir. Rainer Maria Rilke revient en mémoire “Car les grandes villes Seigneur, sont maudites. La panique des incendies couve en leur sein…”

Edith Rappoport

Pasto a due

Pasto a due, création in situ dans la galerie dite  » Salon  de Diane » du Palais Royal, par la Compagnie de danse Zerogrammi.

  Cela se passe à Venaria,  petite ville proche de Turin où se trouve le merveilleux palais Royal inscrit au patrimoine de l’humanité, qui, récemment restauré, après avoir servi  garage, abrite maintenant, entre autres, une galerie d’exposition. Face au Palais royal,  une longue rue avec d’adorables petites maisons à tuiles romaines et des cours sorties tout droit d6543.jpge chez Monsieur Goldoni.
 Il a aussi un très grand et merveilleux jardin  où il y a une des plus belles sculptures du grand Pennone.;. Ce sont deux  moitiés d’écorce verticales, hautes de six mètres environ, encerclant un arbre. L’écorce est, bien entendu, en bronze, mais l’arbre est naturel:  formidable réflexion sur le vivant et l’artificiel! L’ensemble du Palazzo Royale fait penser à Versailles avec se murs de brique et et de pierre, et ses intérieurs majestueux, comme la chapelle ou cette  galerie de cinquante mètres d’environ huit mètres de haut, avec onze portes-fenêtres de chaque côté, en alternance: une grande et plus large surmontée d’un œil de boeuf, et une plus petite  et plus étroite, dans un ordre et un équilibre parfait.
   Le plafond est en stuc gris et blanc avec un motif central. A chacun des bouts de la galerie, dont le sol est pavé de carrés de marbre vert foncé et blanc, deux grandes portes en bois surmontées d’une demi-coupole, et encadrées chacune de deux colonnes de marbre rose. Un décor de rêve dont on espère qu’il abritera un jour d’autres spectacles.
  Un cinquantaine de chaises devant une longue table en fer disposée en biais près de l’une des fenêtres et deux chaises droites aussi en fer à chaque bout. Sur la table, des flacons,coupes et assiettes en étain et une corbeille de fruits: une belle nature morte, et par les portes-fenêtres, des projecteurs envoyant une lumière le plus souvent rasante sur les deux danseurs.
  L’argument de Pasto a due est une sombre histoire de la mythologie antique: Thyeste avait séduit Aéropé la femme de son frère Atrée, et il lui demanda d’aller voler la Toison d’or conservée par Atrée; le peuple de Mycènes décida alors que  ce serait Thyeste qui la garderait.. Mais Zeus obligea le Soleil à se lever à l’Ouest, et Atrée à démissionner. Atrée lui succéda  et bannit donc son frère. Il découvrit aussi que Thyeste avait fait l’amour avec Aéropé, mais le fit revenir d’exil,et, sous le prétexte d’un banquet, lui fit servir un plat de viande… provenant du corps de ses deux fils, et, pour faire bonne mesure, les servit aussi à leur père.
 Atrée ensuite se maria, sans le savoir, avec Pélopia,la fille de Thyeste qui avait été violée par lui; elle donna naissance à Egisthe qui tua Atrée sur l’ordre de Thyeste. Le même Egisthe qui assassina le fameux Agammemnon, après lui avoir piqué sa femme Clytemnestre, mais qui fut tué par Oreste. Ouf!
  Bien entendu, cette histoire ici n’est qu’un prétexte : les deux danseurs, pieds nus, en veste et pantalon noir, évoluent dans cette grande galerie, autour et sur la table, se livrant à une lutte fratricide qui fait ici l’objet d’une chorégraphie rigoureuse. C’est un spectacle créé pour l’occasion en collaboration avec des artistes russes qui n’a été joué que deux fois. Les images créées par la Compagnie Zerogrammi sont d’une grande beauté, très épurées, et  semblent parfois sortir d’une gravure,en parfaite adéquation avec ce Salon de Diane aux dimensions imposantes.
  Si vous passez par là, n’hésitez pas, ce Palais Royal construit en 1659 pour servir de pavillon de chasse mais qui fut plusieurs fois modifié,vaut le détour…

Philippe du Vignal

Palais Royal de Venaria, représentation du 16 juillet.

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