La pitié dangereuse

Festival d’Avignon

La pitié dangereuse, d’après le roman de Stefan Zweig, adaptation d’Elodie Menant, mise en scène de Stéphane Olivié Bisson.

elodiemenant390.jpgDans ce premier roman de Stefan Zweig, une jeune fille, Edith Kekesfalva, paralytique depuis peu, tombe sous le charme d’un lieutenant,  lors d’un bal organisé par son père en son honneur. Le jeune Anton Hofmiller revient visiter la maison, et  se lie entre eux un lien étrange et disparate. Si Edith s’attache à lui, seule la pitié guide les émotions du lieutenant, tandis que sa famille le pousse à se lier à elle, de plus en plus…
C’est un véritable bijou de tension théâtrale, un spectacle sur le fil du rasoir qui vous strie les nerfs et dont on sort tremblant. Dans cette intrigue psychologique où les esprits s’affrontent comme sur un échiquier, le jeu des acteurs est remarquable de finesse et de nuances.
Les personnages sont en proie à de profonds débats intérieurs qui les opposent à eux-mêmes, et ces duels internes font d’eux des blocs d’être indépendants entre lesquels le moindre échange, le moindre contact provoque une étincelle. La scène frémit de cette électricité latente. Entre chaque tableau, se joue une valse, écho de la première danse qui réunit les deux jeunes gens, et dont les notes se font de plus en plus stridentes à mesure que la tension grandit, jusqu’à la crise.
Dans la salle, tous les yeux sont fixés sur la scène, avides et captifs de cet étau qui se resserre, de ces chemins tortueux qui se nouent entre les âmes et que l’intensité du jeu rend visibles. Les acteurs  rendent perceptible le plus étroit recoin du coeur des personnages. Arnaud Denissel surtout est magistral en lieutenant Hofmiller, avec un jeu est à la fois puissant et subtil. Tour à tour violent et désespéré, il ne chercha psa à aller tout à fait vers l’identification mais reste ainsi à distance . David Salles est le docteur Condor, son double ,qu’il interprète avec le réalisme qui convient à  un homme concret et rodé par l’habitude de la médecine. Elodie Menant est très juste elle aussi dans le rôle d’Edith, la jeune hirondelle, fragile mais trônant sur un siège à l’ombre majestueuse et terrible.
Le spectacle en un mot nous ravit en portant sous nos yeux tous les sentiments qui traversent le vide : derrière chaque parole, l’implicite devient palpable, concrétisé par l’extrême tension d’un jeu virtuose.

Elise Blanc.

Théâtre de l’Oulle, jusqu’au 31 juillet.


Archive pour 27 juillet, 2011

La Nuit des Rois

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La jeune princesse Viola, rescapée d’un naufrage, sans nouvelles de son frère jumeau Sébastien, échoue en Illyrie. Là règne le duc Orsino, follement épris de la belle Olivia qui rejette ses avances depuis qu’elle porte le deuil de son frère. Eprise elle-même du duc, Viola se cache sous les traits d’un jeune page et devient l’intermédiaire d’Orsino auprès d’Olivia, qui ne reste pas insensible au charme du « jeune homme »…
Ce spectacle des Comédiens et Compagnie réunit tous les ingrédients de la commedia dell’arte triomphante. Jeux de masques, de cape et d’épée intermèdes musicaux, pantomime, déclamations baroques: tout est fait pour nous plonger dans le joyeux désordre de l’univers shakespearien. La technique gestuelle est parfaitement maîtrisée, pleine d’une de fraîcheur comique renforcée par des bruitages surprenants. Ces effets sonores suggèrent le décor, aidés souvent d’effets visuels tout aussi efficaces : le plateau est d’abord englouti par l’océan avant que l’on construise le palais, plante une forêt, ou dépeigne les ténèbres d’une cellule.
Et en cette nuit carnavalesque, tout est confusion : les actrices qui incarnent Viola et Sébastien, alternent les rôles indifféremment, Feste le fou (l’énergique Guillaume Collignon, acteur acrobate à l’enthousiasme communicatif) s’invite sur les genoux des spectateurs pour chanter la sérénade à sa belle, les jeux de mains, les tornioles et les baisers se succèdent à un rythme effréné que l’on a peine parfois à suivre…

Les comédiens nous entraînent dans un tourbillon fou. Pierre Audigier s’impose en Orsino de façon étonnante, à la fois royal et pétillant d’une certaine enfance. Mais c’est le savoureux trio formé par Sir Tobie (Stéphan Debruyne), Sir Andrew (Jean Hervé Appéré) et Maria qui remporte la palme du burlesque (Bérangère Mehl et sa voix malicieuse sont un vrai délice).
La compagnie continue ainsi dans sa lignée de spectacles pleins de musique et de rires. Un joyeux charivari dont on sort étourdi et ravi.

Elise Blanc.

Le Petit Louvre, salle de la Chapelle jusqu’au 31 juillet.

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