Roméo et Juliette
Festival d’Aurillac
Roméo et Juliette de Shakespeare, mise en scène de Muriel Sapinho, Compagnie Gérard-Gérard.
La compagnie est issue de la majorité de la dernière promotion- et dernière! grâce à l’imbécile obstination de M. Goldenberg, ex-directeur qui a ensuite été prié de quitter les lieux), à faire disparaître l’ École du Théâtre national de Chaillot. Ce n’est pas si souvent qu’une compagnie issue d’une école soit encore en vie cinq ans après sa création. Et cela valait donc le coup d’aller faire un état des lieux…
Ces ex-élèves avaient créé il y a cinq ans déjà un Roméo ou plutôt une mise en abyme de la célèbre pièce sans décors qu’une table et quelques chaises. Et un ingénieur du son sur scène. Aucun costume : juste des vieux jeans et quelques robes un peu déjantées que n’auraient pas renié Jérôme Deschamps (Ce n’est sans doute pas la meilleure idée, mais bon. Le spectacle vite connu et reconnu a depuis été joué un peu partout en France, en particulier dans les Pyrénées-Orientales où leur compagnie est basée.
Pour l’heure, ils jouent dans un endroit qui surplombe la Jordane et la ville d’Aurillac, du côté du cours d’Angoulême; c’est une merveilleuse terrasse avec des tilleuls centenaires en bas d’une grande et belle maison qui a dû être autrefois un couvent ou un pensionnat. Là aussi, pas de décor sinon quelques pendrillons noirs, et une grande table, et des tapis pour les quelque 200 spectateurs. Aucune lumière autre que celle du soleil filtrant dans les branches des tilleuls .
Bal chez les Capulet sur des musiques contemporaines: on offre à boire un peu de cidre au public, et le spectacle commence, toujours aussi déjanté, avec une belle ironie mais aussi, aux meilleurs moments, une émotion réelle ; on entend formidablement bien le texte, et il y a à la fois une énergie, une diction impeccable dont devraient bien s’inspirer pas mal d’élèves du Conservatoire national. Il y a une petite baisse de rythme dans les vingt dernières minutes dûes en partie à la fatigue d’une comédienne assez malade, qui a tenu courageusement jusqu’au bout de la représentation mais l’ensemble du spectacle tient largement la route.
Si vous avez le courage de monter là-haut ( la pente est vraiment pentue), allez voir ce travail.. La compagnie a maintenant d’autres projets: une création en octobre et un peu plus tard un spectacle sur le Tour de France, dirigé par Wladislas Znorko qui avait été à l’Ecole un de leurs professeurs. C’est bien qu’existe ce genre de fidélités dans le monde du théâtre où, comme ailleurs, et surtout dans les institutions, tous les coups bas sont autorisés, voire reconnus et encouragés par le Ministère de la Culture lui-même…
Philippe du Vignal
En haut du cours d’Angoulême, (il a des fléchages un peu partout mais vérifiez le numéro de la pastille qui ne semble pas exact sur le plan.. La compagnie Gérard-Gérard joue aussi une petite forme assez bien ficelée dans les rues du vieil Aurillac., Pyrame et Thsybé ( voir le Théâtre du Blog d’août 2010)