HoriZOne


HoriZOne
par le groupe Zur.

  Le genre de soirées à marquer d’une pierre noire. L’aventure avait déjà mal commencé: le public d’un âge canonique- très peu de jeunes ( le spectacle était payant!) se rue sur les trois bus qui font la navette-obligatoire- ce qui en soi n’est pas une mauvais idée- et transporte tout son monde, après un long détour un peu inexplicable dans les hauteurs d’Aurillac. On fait descendre tout le monde, mais,  erreur,  ce n’était pas là, donc on fait remonter tous les spectateurs et les trois bus nous déposent au pied d’une impasse dans un lotissement. On attend encore debout au moins cinq minutes puis on repart… en longeant le cimetière dans un petit chemin creux. La nuit est déjà tombée…
Nouvel arrêt obligatoire pour regarder une grande photo- type panneau d’affichage- de ce même chemin creux. puis l’on continue à monter le long de ce cimetière dont les porte bizarrement sont ouvertes. Et la montée continue dans un pré très pentu, ni très beau ni très laid,  qui domine une partie de la ville d’Aurillac. On passe devant une sorte de tour de guet en ferraille où va officier un peu plus tard un batteur. Quelques chaises et quelques bancs assez bancales sont  installés sur la pente, tant mieux pour ceux qui courent le plus vite, tant pis pour les autres, Dieu reconnaîtra les siens…
En haut de la tour , il y a comme un court-circuit ( faux bien entendu) il a dans le pré de nombreuses ampoules électriques installées sur des tiges de fer qui se balancent au gré du vent du soir, des panneaux blancs rectangulaires où sont projetées des images de campagne, il y a aussi une bonne dizaine de ruches qu’un apiculteur enfume soigneusement sans que l’on puisse y croire un instant. Plus en haut de la colline, un homme court dans le faisceau d’un projecteur puis marche une femme en robe  en rouge à son bras ; on installe des chevalets de bois avec un fil. Aucun texte enregistré ou in vivo. On entend des sonneries de vaches que réalise assez bien le batteur.
Une des dernières images: une petite maison en bois  en haut  de la colline s’enflamme, seule image un peu stéréotypée- mais qui fasse  un effet certain. Puis le public est invité à monter jusqu’en haut de la colline et à regarder les débris calcinés de la maison. Fin de la plaisanterie d’une longue-trop longue- heure de « spectacle/performance/ réflexion écologique… Aucun applaudissement!  » C’est dit le groupe Zur, apercevoir un  nouveau paysage-monde dans le quotidien, ouvrir des points de vue en avant. Recadrer le connu et contempler l’inconnu qui a toujours été là, caché à notre  regard hâtif. Trouver l’intrus dans notre regard obtus. L’opportun inattendu  (…) Perdre ensemble le temps » .
Cette création collective du groupe Zur « qui veut défendre un art collectif et pluridisciplinaire », en mêlant des pratiques artistiques a quelque chose d’une rare prétention  mais aussi d’une vacuité  inoubliable. Jean-Marie Songy, le directeur du Festival nous avouait  hier à demi-mots que le Groupe avait mal choisi son lieu et que la proposition n’était pas vraiment aboutie dans les conditions  où cette création in situ avait été produite…. En tout cas, les Aurillacois présents, qui aiment leur ville et la très belle région de la Châtaigneraie étaient furieux d’avoir dû débourser 12 euros pour ne rien voir ou si peu… Que sauver de ce marasme? Pas grand chose sinon l’image de la petite maison en flammes, et le balancement des lumières dans le pré…
Cerise sur le clafoutis: il a fallu attendre encore dix minutes pour que les navettes reviennent, et, deuxième cerise sur le clafoutis, elle étaient à peine arrivées que le public a pu bénéficier aussitôt, le ciel ayant puni tout le monde , d’une douche tiède sans doute, mais abondante… Il y a parfois de ces soirs maudits dans un Festival…

 

Philippe du Vignal

 


3 commentaires

  1. Edith Rappoport dit :

    Bel article, il faut corriger le titre, Zur et non pas Sur, erreur révélatrice comme celle de l’illustre famille Barattini !

  2. LIVCHINE dit :

    Merci. J’espère que c’est lu par les compagnies. J’ai expédié certains articles sur la liste rue. 1400 noms. Là je vais donner le lien. Tu sais que le spectacle de rue n’a jamais de critique, il n’y que des articles globaux sur l’ensemble
    des festivals par des journalistes qui restent un jour et demi. C’est vraiment important votre regard, on en a besoin

  3. lamouroux yvette dit :

    En lisant le journal « La Montagne » j’ai pensé que je n’étais pas au même spectacle!!!!
    heureusement, votre critique est vraiment ce que j ai ressenti, une heure 1/2 de perdue sans compter les 12 euros x2 = 24 euros pour voir « s’embraser » une cabane en cagette de concombres !!! il est vrai en forme de maison je me suis ennuyée ferme, j’ai gagné une visite au pressing le vert du pré ça colle ferme au pantalon et même à 64 ans j’aime encore prendre du plaisir simple, exemple le querter buccal des off quoi!!! merci pour votre objectivité ( je suis le théatre depuis sa création sans avoir une culture intellectuelle du théâtre) il y avait peut être un 5ème ou 6ème degré que je n ai pas trouvé merci yvette lamouroux

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