Chaos à quai
Festival d’Aurillac suite et fin
Chaos à quai, frénésie musicale, pièce originale-création in situ.
Cela se passe à la tombée du jour dans la gare d’Aurillac pour quelque deux cent spectateurs… Du côté de Clermont, pas l’ombre d’un train, puisqu’il y a des travaux sur la ligne comme l’an passé où avait aussi eu lieu dans cette même gare une performance d’artiste peintre et de musicien ( voir Le Théâtre du Blog d’août 2010). Un automoteur à diesel va faire son entrée. Bruit de trains d’une grande gare, avec informations généralement inaudibles au micro,un peu plus loin sur une autre voie, une motrice déneigeuse a allumé ses phares et l’on distingue ses deux grosses hélices rouges à l’avant, pis deux draisines sans ouvriers avec juste leur conducteur.. L’automoteur de Brive-la-Gaillarde a fait son entrée; il y a une douzaine de jeunes femmes qui en sortent avec chacune une valise à roulettes qu’elle vont regrouper sur le quai. L’une d’elles va offrir un bouquet de fleurs au conducteur. Une autre va s’allonger sur un banc du quai B2, celui des départs pour Brive-la-Gaillarde.
Il y a toujours comme environnement sonore, tout ce qui rappelle de près ou de loin l’univers des gares: chocs métalliques plus forts autrefois que maintenant, grincement de roues, brouhahas de foules en déplacement, annonces répétées au micro en général à peine audibles avec en plus, une voix d’opéra; il y a à la fois des interventions instrumentales et vocales, mais aussi des bruits électro-accoustiques; cela donne à la garde d’Aurillac quelque chose d’étrangement surréaliste. Aucun voyageur autre qu’une jeune femme seule à parvenir aux quais depuis l’extérieur. Au loin,, les vaches se prélassent sur leurs beaux près verts . Une jeune voyageuse prend une photo du public sagement assis sur le quai n° 1 qui entend et regarde les choses avec philosophie, même quand il n’y pas grand chose à voir , comme dans tout bon happening qui se respecte. Sinon, quelques mouvements d’autorails dans les deux sens, vides de tout voyageur.
Il y a un aussi un fumigène qui se met à dispenser une vapeur rouge à chaque bout de quai. Les lumières de la gare faiblissent, la nuit tombe lentement… Rien à dire, du côté musical et sonore, Nicolas Frize est est un vieux routier qui sait impeccablement faire les choses; du côté de la poésie des images, l’on reste un peu sur sa faim, même si cela ne dure que 40 minutes. Mais enfin, ce n’est pas rien de faire entendre le silence d’une gare à travers les bruits de quelques machines ferroviaires réelles beaucoup moins bruyantes que le chaos de sons enregistrés qui donne alors une autre dimension à l’espace relativement limité de cette petite gare. Jean-Marie Songy, qui ne donnait pas le bon exemple), tirait sur sa cigarette; on se demande d’ailleurs bien pourquoi certains spectateurs se croient autorisés à enfumer les autres. Et le public a semblé apprécier cette ballade ferroviaire immobile de 40 minutes…
Philippe du Vignal
Gare d’Aurillac du 17 au 20 août.