Cooperatzia, le village
Festival d’Aurillac
Cooperatzia, le village, écriture et chorégraphie collective du G. Bistaki: François Julliot, Jive Fleury, Sylvain Cousin, Nicanor de Ella, Florent Bergal, vidéo de Guillaume Bautista., lumière de Hugo Oudin.
Le G. Bsitaki est un collectif, comme on dit maintenant, de cinq jongleurs/danseurs qui cherche à créer un événement inattendu comme ici la tuile canal et le vieux sac à main, et ce fut sans doute l’un des meilleurs moments, et l’un des plus poétiques de ce festival. Cela se passe sur les prés et le terrain de foot de l’Institution Saint-Eugène, tout près de la gare, une sorte de havre de paix avec de merveilleux tilleuls où l’on se dit qu’il doit faire bon vivre pour les élèves de cet établissement technique situé presque en centre ville. On arrive pour découvrir un salon vieillot des années 50, téléviseur très bombé, fauteuils en plastique vert foncé… installé dans un préau. Puis les cinq compères , une tuile derrière la tête qui leur donne un curieux air de grand-prêtre engoncxé dans un manteau religieux,entament une danse/promenade munis de sacs à main noirs qui volent de tête en tête par magie, habillés de noir et bientôt rejoints par une vingtaine personnes, stagiaires entre autres du Conservatoire de Milan, et le public va assister ensorcelé à une chute de tuiles canal par effet domino sur les escaliers de secours d’un des bâtiments. Cela tient de la magie, puisqu’ils réussissent même à ce que cet effet domino remonte deux étages…
La promenade continue avec un très beau petit ballet où les gens de G. Bistaki jonglent avec les tuiles canal sans jamais en casser une, puis ils confient à une trentaine de spectateurs une tuile à tirer par une ficelle, dans un bruit à la fois bizarre et chaleureux. . Au passage, ils font remarquer que des gens aux fenêtres nous observent, grâce aux projections vidéo. Devant le bâtiment, il y a un grand pré avec une bonne centaine de tuiles canal fichées dans la pelouse comme autant de stèles funéraires, et une scène où aura lieu le ballet final avec l’ensemble des participants.
Le tout tient à la fois de l’installation plastique, de la déambulation presque muséale d’un lieu à destination bien précise mais non théâtrale, de la manipulation d’objets, et , bien entendu de la chorégraphie avec une relation au corps et à l’objet tout à fait particulière où les danseurs/jongleurs semblent en parfaite osmose avec ce lycée qu’ils ont pris en main, grâce à cet objet magnifique ,au design parfait, à la fois solide et fragile…qu’est la tuile romaine. Le public, et les enfants en particulier n’ont pas ménagé leurs applaudissements à cet ovni dénué de toute prétention ( on ne citera pas d’autres compagnies!) et pourtant plein d’humour et d’intelligence, ce qui fait toujours du bien par où cela passe…
Philippe du Vignal
Institution Sainte-Eugène du 16 au 19 août.