Plus ou moins zéro

Plus ou moins zéro, spectacle en allemand, groenlandais,français et anglais surtitré de Christof Marthaler, mis en scène de Christof Marthaler. 


    mathaler.jpg Imaginez un gymnase dont le sol est zébré de marques jaunes , rouges ou bleues suivant le sport, avec, à un mur,  un filet de baskett. Il y a des téléphones portables dispersés par terre qui sonnent parfois sans que personne ne réponde; dans un coin,  un grand tableau noir couvert de colonnes de chiffres,et un autre qui descendra où une jeune femme écrira Climate summi avec , à côté un rétroprojecteur qui ne servira qu’à dispenser une fausse image, et un  pupitre en bois style conférencier, un haut- parleur par terre et une table pliante en stratifié, avec des livres  et quelques chaises autour , et des fenêtres sans vitres mais protégées par de solides grillages.  Sur le mur en planches de tôles vert pâle, une petite pancarte comme on en voit dans les pays nordiques indiquant la capacité maximum du lieu: 700 personnes , et au-dessous, une autre précisant en anglais que les chaussures de ville comme de gymnastique doivent être utilisées dehors, et non à l’intérieur.  Il y a un éclairage zénithal blanc qui tombe en douche et qui ne réchauffe pas l’atmosphère de cet endroit un peu dans le style de celui qu’inventait autrefois Jérôme Deschamps. Plastiquement, c’est comme une belle installation et  Anne Viebrock, qui a réalisé costumes et décors, a réussi son coup. Personne sur scène mais on entend des bruits de pas, puis des notes de piano dans le lointain, derrière une des fenêtres grillagées, et  dix hommes et femmes couverts de très épaisses parkas; ils vont se déshabiller en mettre des tenues de ville.  Il ne se passe pas grand chose mais c’est tout à fait impressionnant: pas de vrais dialogues mais  l’on reste là fascinés à écouter en allemand surtout, et en ce que l’on suppose être du groenlandais, des textes sur le changement climatique, et une femme chante une chanson, accompagnée au piano bientôt repris  à voix basse par les autres personnages. Quelqu’un qui ressemble à un pasteur essaye de faire chanter à une jeune femme inuït une chanson mais c’est en vain et elle finit par danser seule Il y a dans l’air comme une certaine mélancolie, le silence que l’on trouve dans la campagne en hiver, surtout quand il a neigé. Un haut parleur diffuse une voix un peu caverneuse.

Tout semble normal et à la fois absolument étrange, d’autant que l’on ne saura jamais  rien de ces étranges visiteurs. Ils chantent beaucoup ,comme chez Marthaler, le plus souvent en chœur, entre autre du Schubert, du Mozart et à la fin, un morceau de la 7 ème de Beethoven, et ce sont des  moments, pleins d’intelligence et de grâce. Et les comédiens,de plusieurs nationalités, en particulier le Français Marc Bodenar ont tous une belle présence sur scène.  Marthaler a conçu son spectacle comme un poème après être allé faire des repérages à Nuk, la petite capitale du Groenland avec ses comédiens à lui et en a recruté deux autres  sur place, et l’on sent qu’il a dû être très impressionné par ce pays-autrefois colonisé par les Danois-et par ses habitants.
Comme la mise en scène de Marthaler  est toute en précision et en rigueur, on se laisse embarquer, du moins…les quarante premières minutes, mais, comme les scènes et les images ont tendance à se répéter, et que le surtitrage est petit et pas facile à lire de loin, un ennui aussi pesant qu’irrésistible commence à s’installer, et l’hémorragie ne va pas cesser, comme l’an passé dans la grande Cour à Avignon ( voir le Théâtre du Blog  de juillet 2010)… Une bonne centaine de spectateurs  s’en va  donc discrètement ( sans doute des nuls qui n’ont rien compris  au grand génie de Marthaler), ce qui ne facilite pas la concentration du public qui ne cesse de toussoter.
Le spectacle,  au bout de deux heures dix ;se termine plutôt qu’il ne finit  après  un petit ballet assez drôle où les personnages shootent dans  les téléphones portables qui traînent par terre… Vraiment dommage! Ce qui aurait pu être un happening/performance/spectacle qui aurait duré 50 minutes maximum devient ici ennuyeux, assez bcbg, et finalement  prétentieux dans ses intentions, où Marthaler a bien du mal à nous restituer l’expérience, sans doute aussi passionnante que fabuleuse qu’il a pu vivre.
Désolé, quitte à nous répéter, n’est pas Angelica Liddell qui veut, et le gestion du temps fait ici mauvais ménage avec celle des images, même si, techniquement, les choses sont  irréprochables. On ressort de là donc très déçu.
Alors à voir? Nous n’y avons trouvé notre compte mais que cela ne vous empêche pas d’y aller, si vous êtes un inconditionnel de Marthaler et il y en a (une partie du public a quand même applaudi),  ou si vous supportez l’ennui au théâtre, sinon vous pouvez vous abstenir…

 

Philippe du Vignal

 

Théâtre de la Ville, jusqu’au 24 septembre.


Archive pour 21 septembre, 2011

Plus ou moins zéro

Plus ou moins zéro, spectacle en allemand, groenlandais,français et anglais surtitré de Christof Marthaler, mis en scène de Christof Marthaler. 


    mathaler.jpg Imaginez un gymnase dont le sol est zébré de marques jaunes , rouges ou bleues suivant le sport, avec, à un mur,  un filet de baskett. Il y a des téléphones portables dispersés par terre qui sonnent parfois sans que personne ne réponde; dans un coin,  un grand tableau noir couvert de colonnes de chiffres,et un autre qui descendra où une jeune femme écrira Climate summi avec , à côté un rétroprojecteur qui ne servira qu’à dispenser une fausse image, et un  pupitre en bois style conférencier, un haut- parleur par terre et une table pliante en stratifié, avec des livres  et quelques chaises autour , et des fenêtres sans vitres mais protégées par de solides grillages.  Sur le mur en planches de tôles vert pâle, une petite pancarte comme on en voit dans les pays nordiques indiquant la capacité maximum du lieu: 700 personnes , et au-dessous, une autre précisant en anglais que les chaussures de ville comme de gymnastique doivent être utilisées dehors, et non à l’intérieur.  Il y a un éclairage zénithal blanc qui tombe en douche et qui ne réchauffe pas l’atmosphère de cet endroit un peu dans le style de celui qu’inventait autrefois Jérôme Deschamps. Plastiquement, c’est comme une belle installation et  Anne Viebrock, qui a réalisé costumes et décors, a réussi son coup. Personne sur scène mais on entend des bruits de pas, puis des notes de piano dans le lointain, derrière une des fenêtres grillagées, et  dix hommes et femmes couverts de très épaisses parkas; ils vont se déshabiller en mettre des tenues de ville.  Il ne se passe pas grand chose mais c’est tout à fait impressionnant: pas de vrais dialogues mais  l’on reste là fascinés à écouter en allemand surtout, et en ce que l’on suppose être du groenlandais, des textes sur le changement climatique, et une femme chante une chanson, accompagnée au piano bientôt repris  à voix basse par les autres personnages. Quelqu’un qui ressemble à un pasteur essaye de faire chanter à une jeune femme inuït une chanson mais c’est en vain et elle finit par danser seule Il y a dans l’air comme une certaine mélancolie, le silence que l’on trouve dans la campagne en hiver, surtout quand il a neigé. Un haut parleur diffuse une voix un peu caverneuse.

Tout semble normal et à la fois absolument étrange, d’autant que l’on ne saura jamais  rien de ces étranges visiteurs. Ils chantent beaucoup ,comme chez Marthaler, le plus souvent en chœur, entre autre du Schubert, du Mozart et à la fin, un morceau de la 7 ème de Beethoven, et ce sont des  moments, pleins d’intelligence et de grâce. Et les comédiens,de plusieurs nationalités, en particulier le Français Marc Bodenar ont tous une belle présence sur scène.  Marthaler a conçu son spectacle comme un poème après être allé faire des repérages à Nuk, la petite capitale du Groenland avec ses comédiens à lui et en a recruté deux autres  sur place, et l’on sent qu’il a dû être très impressionné par ce pays-autrefois colonisé par les Danois-et par ses habitants.
Comme la mise en scène de Marthaler  est toute en précision et en rigueur, on se laisse embarquer, du moins…les quarante premières minutes, mais, comme les scènes et les images ont tendance à se répéter, et que le surtitrage est petit et pas facile à lire de loin, un ennui aussi pesant qu’irrésistible commence à s’installer, et l’hémorragie ne va pas cesser, comme l’an passé dans la grande Cour à Avignon ( voir le Théâtre du Blog  de juillet 2010)… Une bonne centaine de spectateurs  s’en va  donc discrètement ( sans doute des nuls qui n’ont rien compris  au grand génie de Marthaler), ce qui ne facilite pas la concentration du public qui ne cesse de toussoter.
Le spectacle,  au bout de deux heures dix ;se termine plutôt qu’il ne finit  après  un petit ballet assez drôle où les personnages shootent dans  les téléphones portables qui traînent par terre… Vraiment dommage! Ce qui aurait pu être un happening/performance/spectacle qui aurait duré 50 minutes maximum devient ici ennuyeux, assez bcbg, et finalement  prétentieux dans ses intentions, où Marthaler a bien du mal à nous restituer l’expérience, sans doute aussi passionnante que fabuleuse qu’il a pu vivre.
Désolé, quitte à nous répéter, n’est pas Angelica Liddell qui veut, et le gestion du temps fait ici mauvais ménage avec celle des images, même si, techniquement, les choses sont  irréprochables. On ressort de là donc très déçu.
Alors à voir? Nous n’y avons trouvé notre compte mais que cela ne vous empêche pas d’y aller, si vous êtes un inconditionnel de Marthaler et il y en a (une partie du public a quand même applaudi),  ou si vous supportez l’ennui au théâtre, sinon vous pouvez vous abstenir…

 

Philippe du Vignal

 

Théâtre de la Ville, jusqu’au 24 septembre.

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