Roméo et Juliette

Roméo et Juliette de William Skakespeare, traduction , adaptation et mise en scène d’Oliver Py.

  rome769oetjuliette2alainfonteray300x199.jpgQuand Skakespeare écrivit à la toute fin du 16ème siècle sa première comédie dramatique, à partir d’un poème d’Arthur Brooke. Même si ce n’est sans doute pas la meilleure (il devait faire beaucoup mieux par la suite….), la création connut un beau succès.Mais le célèbre dramaturge ne se doutait  pas que cette histoire de vendetta véronaise deviendrait le mythe de l’amour véritable entre  deux très jeunes gens, mis à mal par la faute de leurs deux familles respectives, celle de Juliette, les Capulet comme celle de Roméo, les Montaigu. Et la comédie basculant dans le drame et la mort, deviendra célébrissime au point d’ inspirer nombre de films plus ou moins fidèles, et d’avoir créé deux personnages cultes.
Roméo est  en effet obligé d’intervenir quand son ami Mercutio se fait  tuer d’un coup d’épée par Tybalt, proche des Capulet, ce méchant Tybalt que Roméo essayera en vain de séparer de Mercutio et qu’il tuera pour venger son  ami. Mais le frère Laurent réussira à  marier les deux amoureux dans le secret absolu.. Et comme Roméo, pour sauver son amour avec Juliette se verra obligé de fuir Vérone pour se réfugier à Mantoue, la pièce basculera encore quand le bon frère Laurent se mêlera de l’affaire. Pas très doué pour ce genre d’aventures et trop sûr de lui,  le moine ne réussira pas son coup, à cause d’un contre-temps:  Juliette avale un poison  qui lui donnera l’apparence d’une morte afin d’éviter d’être mariée une seconde fois , puisque son papa veut la marier au beau comte Paris. Enterrée  dans le caveau de famille, elle devait en être délivrée par Roméo …
Mais il n’aura pas la lettre qui l’avertissait de cette pseudo-mort provoquée .Roméo  se procure donc du poison pour se suicider près de sa jeune femme. Juliette se réveillant découvre alors  son Roméo mort et se tue avec son épée. Moralité: il ne faut pas jouer aux apprentis-sorciers et le frère Laurent a tout faux. Mais l’on trouve déjà dans la pièce des thèmes comme la mort et le sommeil qui sont des thèmes récurrents chez Shakespeare et souvent liés, ou le danger des querelles familiales qui peuvent mettre en danger le corps même de la cité.  Cela dit , que peut-on faire de cette pièce qui a souvent , et surtout dans la deuxième partie des allures de  mélo.? La tâche n’est pas des plus faciles mais Olivier Py qui n’en est quand même pas à son coup d’essai quand il s’agit de monter des classiques pas très faciles comme par exemple L’Orestie, ne s’en sort pas très bien, là non plus, même s’il fait les choses avec beaucoup de professionnalisme.
Etait-il indispensable d’abord de nous livrer un dit texte intégral, relu, « adapté » et augmenté par lui-même parfois selon ses fantasmes, c’est à dire souvent vulgaire et racoleur? Sans doute pas. Au fait, quel montant de  droits d’auteur pour cette  ovni?
Côté mise en scène, on se demande aussi ce qu’a voulu faire Olivier Py en cherchant constamment à mettre la pièce à distance: plateau nu encombré d’escaliers et de praticables du genre encombrants et pas  beaux, que 
l’on déplace sans arrêt et qui ne servent pas à grand chose,avec, en fond de scène, une trentaine de barres fluo blanc très art contemporain,  et un pianiste dont on déplace l’estrade où on l’a juché, accompagne de nombreuses scènes. Et trois palmiers pour bien montrer que l’on est au théâtre-enfin pour une fois on a échappé à la « servante »  de service…
Costumes de ville, masques d’animaux pour plusieurs personnages, et de tête de mort, par moments, pour Roméo , passages fréquents de comédiens dans la salle, pianiste qui sort quand Roméo veut faire ses confidences à Juliette, installation d’un long praticable plusieurs fois de suite composé de plusieurs tables de style différent, palmiers en plastique que l’on fait déplacer sans raison par deux comédiens en prenant
m110906m110902romoetjuliette.jpgun escalier , scène de baise homosexuelle, criailleries injustifiées, Tybalte devenant  la mère de Juliette grâce à un voile noir vite jeté sur le visage du comédien, et parfois lumières allumées dans la salle  ensuite violemment éclairée par des projos de la scène, nounou de Juliette  s’envoyant des coups d’eau-de-vie pour tenir le coup: tout cela n’est pas du genre léger , léger et  fait quand même un peu vieux théâtre, comme du Vitez qui aurait été mal digéré! Mille regrets, Olivier Py, on vous a connu mieux inspiré et on a déjà vu cette provoc à trois centimes d’euro et ces gadgets  inefficaces des centaines de fois…
Un jeune comédienne, à l’entrée,  nous disait qu’elle allait sans doute,  comme à chaque fois qu’elle voyait la pièce, pleurer  sur le sort du bon Mercutio et sur celui des jeunes amants mais, retrouvée par hasard à l’entracte, elle avouait sa déception: « tout est distancié, disait-elle  et je n’ai pas ressenti la moindre émotion »… Bien vu!
Effectivement,  tout est sec comme un coup de cravache et bien démonstratif, sans aucune nécessité. Qu’a voulu nous prouver Olivier Py? Qu’il pouvait s’emparer d’un texte, même pas très bon, de Shakespeare et lui donner un air  » contemporain »?   Mais là, même quand on a d’excellents  acteurs comme Mireille Herbstmeyer (la nourrice de Juliette), ou Philippe Girard, toujours aussi impeccable (Frère Laurent) qui savent gérer ce genre de   tour de passe-passe -ils pratiquent Olivier Py depuis longtemps- cela ne fonctionne pas  du tout  et  manque singulièrement de grâce et de séduction, d’autant que les jeunes comédiens issus majoritairement du Conservatoire national ne semblent pas très à l’aise, un peu perdus sur ce grand plateau où ils ne cessent de crier. Rien n’est vraiment dans l’axe dans cette mise en scène. Où allez-vous Oliver Py?
Comme la seconde partie après l’entracte aux allures de mélo  a tendance à sérieusement patiner, les deux heures annoncées par Shakespeare au début de la pièce (qui en deviennent trois 
dans le prologue!), n’en finissent pas de finir!
Alors à voir? A vous de juger… De toute façon,  même pas très bien montée comme par Irina Brook, il y a quelques années à Chaillot, la pièce a toujours du succès auprès des ados, alors, si ados vous êtes restés, tentez votre chance  sinon vous pouvez vous abstenir, à moins de vouloir aller au théâtre pour vous envoyer une bonne dose d’ennui pendant trois heures…

Philippe du Vignal

Théâtre de l’Odéon jusqu’au 29 octobre

Et du  3 au 10 novembre 2011 – Comédie de Saint – Etienne / 15 au 17 novembre 2011 -La coursive, La Rochelle / 22 novembre au 10 décembre 2011 – TNS, Strasbourg / 14 au 17 décembre 2011 – Comédie de Caen / 21 et 22 décembre 2011 Schauspielhaus Zurich / 6 au 13 janvier 2012 – TNP, Villeurbanne /17 au 26 janvier 2012 – Le Grand T, Nantes / 31 janvier au 2 février – Maison de la Culture de Bourges / 7 au 9 février 2012 – Maison de la culture d’Amiens / 14 au 17 février 2012 – Comédie de Reims / 22 et 23 février2012- La Comète, Châlons en Champagne / 29 février et 1er mars – Théâtre de Cornouailles, Quimper / 7 au 9 mars 2012- Comédie de Valence / 13 au 15 mars 2012 – Comédie de Clermont-Ferrand / 20 au 23 mars 2012-Le Quartz de Brest / 4 et 5vril 2012- Théâtre Musical de Besançon / 10 au 13 avril 2012 – Théâtre Liberté de Toulon / 18 et 19 avril 2012 – Théâtre de Louviers, Scène Nationale D’Evreux / 25 au 28 avril 2012 – TNT,Toulouse / 16 au 19 mai 2012- TNN , Nice / 26 et 27 mai 2012 – Festival d’Istanbul


Archive pour 23 septembre, 2011

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette de William Skakespeare, traduction , adaptation et mise en scène d’Oliver Py.

  rome769oetjuliette2alainfonteray300x199.jpgQuand Skakespeare écrivit à la toute fin du 16ème siècle sa première comédie dramatique, à partir d’un poème d’Arthur Brooke. Même si ce n’est sans doute pas la meilleure (il devait faire beaucoup mieux par la suite….), la création connut un beau succès.Mais le célèbre dramaturge ne se doutait  pas que cette histoire de vendetta véronaise deviendrait le mythe de l’amour véritable entre  deux très jeunes gens, mis à mal par la faute de leurs deux familles respectives, celle de Juliette, les Capulet comme celle de Roméo, les Montaigu. Et la comédie basculant dans le drame et la mort, deviendra célébrissime au point d’ inspirer nombre de films plus ou moins fidèles, et d’avoir créé deux personnages cultes.
Roméo est  en effet obligé d’intervenir quand son ami Mercutio se fait  tuer d’un coup d’épée par Tybalt, proche des Capulet, ce méchant Tybalt que Roméo essayera en vain de séparer de Mercutio et qu’il tuera pour venger son  ami. Mais le frère Laurent réussira à  marier les deux amoureux dans le secret absolu.. Et comme Roméo, pour sauver son amour avec Juliette se verra obligé de fuir Vérone pour se réfugier à Mantoue, la pièce basculera encore quand le bon frère Laurent se mêlera de l’affaire. Pas très doué pour ce genre d’aventures et trop sûr de lui,  le moine ne réussira pas son coup, à cause d’un contre-temps:  Juliette avale un poison  qui lui donnera l’apparence d’une morte afin d’éviter d’être mariée une seconde fois , puisque son papa veut la marier au beau comte Paris. Enterrée  dans le caveau de famille, elle devait en être délivrée par Roméo …
Mais il n’aura pas la lettre qui l’avertissait de cette pseudo-mort provoquée .Roméo  se procure donc du poison pour se suicider près de sa jeune femme. Juliette se réveillant découvre alors  son Roméo mort et se tue avec son épée. Moralité: il ne faut pas jouer aux apprentis-sorciers et le frère Laurent a tout faux. Mais l’on trouve déjà dans la pièce des thèmes comme la mort et le sommeil qui sont des thèmes récurrents chez Shakespeare et souvent liés, ou le danger des querelles familiales qui peuvent mettre en danger le corps même de la cité.  Cela dit , que peut-on faire de cette pièce qui a souvent , et surtout dans la deuxième partie des allures de  mélo.? La tâche n’est pas des plus faciles mais Olivier Py qui n’en est quand même pas à son coup d’essai quand il s’agit de monter des classiques pas très faciles comme par exemple L’Orestie, ne s’en sort pas très bien, là non plus, même s’il fait les choses avec beaucoup de professionnalisme.
Etait-il indispensable d’abord de nous livrer un dit texte intégral, relu, « adapté » et augmenté par lui-même parfois selon ses fantasmes, c’est à dire souvent vulgaire et racoleur? Sans doute pas. Au fait, quel montant de  droits d’auteur pour cette  ovni?
Côté mise en scène, on se demande aussi ce qu’a voulu faire Olivier Py en cherchant constamment à mettre la pièce à distance: plateau nu encombré d’escaliers et de praticables du genre encombrants et pas  beaux, que 
l’on déplace sans arrêt et qui ne servent pas à grand chose,avec, en fond de scène, une trentaine de barres fluo blanc très art contemporain,  et un pianiste dont on déplace l’estrade où on l’a juché, accompagne de nombreuses scènes. Et trois palmiers pour bien montrer que l’on est au théâtre-enfin pour une fois on a échappé à la « servante »  de service…
Costumes de ville, masques d’animaux pour plusieurs personnages, et de tête de mort, par moments, pour Roméo , passages fréquents de comédiens dans la salle, pianiste qui sort quand Roméo veut faire ses confidences à Juliette, installation d’un long praticable plusieurs fois de suite composé de plusieurs tables de style différent, palmiers en plastique que l’on fait déplacer sans raison par deux comédiens en prenant
m110906m110902romoetjuliette.jpgun escalier , scène de baise homosexuelle, criailleries injustifiées, Tybalte devenant  la mère de Juliette grâce à un voile noir vite jeté sur le visage du comédien, et parfois lumières allumées dans la salle  ensuite violemment éclairée par des projos de la scène, nounou de Juliette  s’envoyant des coups d’eau-de-vie pour tenir le coup: tout cela n’est pas du genre léger , léger et  fait quand même un peu vieux théâtre, comme du Vitez qui aurait été mal digéré! Mille regrets, Olivier Py, on vous a connu mieux inspiré et on a déjà vu cette provoc à trois centimes d’euro et ces gadgets  inefficaces des centaines de fois…
Un jeune comédienne, à l’entrée,  nous disait qu’elle allait sans doute,  comme à chaque fois qu’elle voyait la pièce, pleurer  sur le sort du bon Mercutio et sur celui des jeunes amants mais, retrouvée par hasard à l’entracte, elle avouait sa déception: « tout est distancié, disait-elle  et je n’ai pas ressenti la moindre émotion »… Bien vu!
Effectivement,  tout est sec comme un coup de cravache et bien démonstratif, sans aucune nécessité. Qu’a voulu nous prouver Olivier Py? Qu’il pouvait s’emparer d’un texte, même pas très bon, de Shakespeare et lui donner un air  » contemporain »?   Mais là, même quand on a d’excellents  acteurs comme Mireille Herbstmeyer (la nourrice de Juliette), ou Philippe Girard, toujours aussi impeccable (Frère Laurent) qui savent gérer ce genre de   tour de passe-passe -ils pratiquent Olivier Py depuis longtemps- cela ne fonctionne pas  du tout  et  manque singulièrement de grâce et de séduction, d’autant que les jeunes comédiens issus majoritairement du Conservatoire national ne semblent pas très à l’aise, un peu perdus sur ce grand plateau où ils ne cessent de crier. Rien n’est vraiment dans l’axe dans cette mise en scène. Où allez-vous Oliver Py?
Comme la seconde partie après l’entracte aux allures de mélo  a tendance à sérieusement patiner, les deux heures annoncées par Shakespeare au début de la pièce (qui en deviennent trois 
dans le prologue!), n’en finissent pas de finir!
Alors à voir? A vous de juger… De toute façon,  même pas très bien montée comme par Irina Brook, il y a quelques années à Chaillot, la pièce a toujours du succès auprès des ados, alors, si ados vous êtes restés, tentez votre chance  sinon vous pouvez vous abstenir, à moins de vouloir aller au théâtre pour vous envoyer une bonne dose d’ennui pendant trois heures…

Philippe du Vignal

Théâtre de l’Odéon jusqu’au 29 octobre

Et du  3 au 10 novembre 2011 – Comédie de Saint – Etienne / 15 au 17 novembre 2011 -La coursive, La Rochelle / 22 novembre au 10 décembre 2011 – TNS, Strasbourg / 14 au 17 décembre 2011 – Comédie de Caen / 21 et 22 décembre 2011 Schauspielhaus Zurich / 6 au 13 janvier 2012 – TNP, Villeurbanne /17 au 26 janvier 2012 – Le Grand T, Nantes / 31 janvier au 2 février – Maison de la Culture de Bourges / 7 au 9 février 2012 – Maison de la culture d’Amiens / 14 au 17 février 2012 – Comédie de Reims / 22 et 23 février2012- La Comète, Châlons en Champagne / 29 février et 1er mars – Théâtre de Cornouailles, Quimper / 7 au 9 mars 2012- Comédie de Valence / 13 au 15 mars 2012 – Comédie de Clermont-Ferrand / 20 au 23 mars 2012-Le Quartz de Brest / 4 et 5vril 2012- Théâtre Musical de Besançon / 10 au 13 avril 2012 – Théâtre Liberté de Toulon / 18 et 19 avril 2012 – Théâtre de Louviers, Scène Nationale D’Evreux / 25 au 28 avril 2012 – TNT,Toulouse / 16 au 19 mai 2012- TNN , Nice / 26 et 27 mai 2012 – Festival d’Istanbul

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