
Cocteau-Guitry chez Maxim’s: N’écoutez pas messieurs de Sacha Guitry et Le Bœuf sur le tôa d’après Jean Cocteau, mise en scène de Gérard Chambre..
Il y a un peu plus de cent ans, Maxime Gaillard, garçon de café, ouvrit un bistrot au 3 rue Royale; grâce à Irma de Montigny qui y fera venir une clientèle des plus mondaines , il connaîtra vite le succès mais, piètre gestionnaire, il devra vendre à un certain Cornuché qui lancera ce qui deviendra le célèbre restaurant de la « Belle époque », et attirera comme une sorte d’aimant les hommes d’affaires, les rentiers et leurs protégées, à des prix qui sont restés à la hauteur de la réputation du restaurant: du genre entrée à 30 euros, plats à 80 et dessert à 20…
Il a depuis été racheté par Pierre Cardin, et le lundi soir, jour de fermeture, il accueille une soirée cabaret. Puisque nous n’y avions jamais pénétré-personne n’est parfait- cela valait le coup d’y aller voir. Le décor, avec ses peintures 1900, a subi quelques retouches, notamment du côté de l’éclairage dans le style d’époque mais modernisé pas très classe . Malgré les ventilateurs, on étouffe un peu dans cette salle fermée que surplombe une verrière un peu glauque. Au-dessus de la petite scène, une plinthe électrique en plastique pendouille lamentablement et du côté gauche, un morceau de tissu noir décollé cache assez mal un vide dans le mur. Pour le côté glamour, il faudra repasser…
Cela commence par N’écoutez pas messieurs de Guitry, une comédie fondée sur le théâtre dans le théâtre, où un comédien déjà en scène se voit agressé par une jeune femme qui le menace d’un revolver, au motif qu’il l’a abandonnée et qu’il a osé mettre en scène leurs relations sentimentales. Bref, une scène de ménage qui ne dit pas son nom. C’est du Guitry pur sucre, avec un dialogue comme toujours presque trop habile et l’auteur/comédien ne résiste pas au plaisir de s’offrir un mot d’auteur bien placé. Pas bien longue ( 25 minutes), cette petite comédie qui ne rougit pas d’être légère comme il tenait à le préciser, se laisse voir à la rigueur.
Après quinze minutes d’entracte, Gérard Chambre nous livre ce Bœuf sur le toâ d’après Cocteau avec un petit jeu de mots sur toit pour faire référence à la pièce Toâ où figure ce N’écoutez pas messieurs. Bon! Ce sont uniquement des chansons (17) pour la plupart bien chantées par Véronique Fourcaud surtout, Mikaël Apamian, Estelle Boin, Gérard Chambre, soit en solo, en duo ou en chœur accompagnés par Fabrice Coccitto. Il y a un peu de tout: cela va des célèbres Y’a des zazous de Vinci et Martinet, Mon légionnaire, à Je suis snob de Boris Vian, ou encore Monsieur William de Léo Ferré et Jean-Roger Caussimon.
La mise en scène est un peu cahotante mais le petit plateau est plutôt fait pour un seul interprète que pour un piano, un pianiste et quatre interprètes! Et mieux vaut oublier les costumes franchement laids. Mais le public parait content de retrouver des chansons célèbres ou bien connues.
A voir? Si vous avez envie de voir le restaurant Maxim’s (sans y aller dîner )et d’entendre quelques chansons en direct, peut-être mais le rapport qualité/prix (30 euros) n’est pas évident!
Philippe du Vignal
Restaurant Maxim’s 3 rue Royale 75008 Paris
Réservations: 01-42-637-33