Le TNP s’ouvre en grand
Le T.N.P. s’ouvre en grand
Christian Schiaretti, directeur du TNP depuis dix ans, avait décidé de revoir l’architecture du bâtiment et, du coup, la conception même de cette salle devenue mythique. Le nouveau théâtre sera inauguré le 11 novembre prochain. Roger Planchon reçut en 58 la mission de diriger ce « Théâtre de la Cité ouvrière » qui prit en -suite le nom de Théâtre de la Cité, auquel , Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles comme on disait alors, décida en 1972 d’attribuer le fameux sigle T. N. P. , jusque là dévolu au Théâtre de Chaillot. Planchon s’entoura alors de Patrice Chéreau, puis en 86 de Georges Lavaudant, et c’est Christian Schiaretti qui lui succèdera. Il aura la volonté de poursuivre le travail de ceux qui l’on précédé avec à la fois, la mise en scène des grands classiques comme L’opéra de quat’sous, Coriolan ou L’Annonce faite à Marie et montera aussi sept farces et comédies de Molière, ou encore Créanciers et Mademoiselle Julie de Strindberg, et enfin Par-dessus bord de Michel Vinaver et invitera Valère Novarina, Jöel Pommerat ou Olivier Py.
Il créera aussi une troupe permanente de douze comédiens pour la plupart issus de l’ENSATT, dont deux- Olivier Borle et Jérôme Quintard, d’abord passés par l’Ecole du Théâtre national de Chaillot. Christian Schiaretti a beaucoup insisté dans sa conférence de presse sur la notion de transmission et d’histoire du T.N.P. qui dépasse, dit-il avec raison, celle des individus: la sienne, celle de ceux qui l’ont précédé ou qui lui succéderont. Et on le sent un peu obsédé de travailler déjà sa propre succession » en rendant une lecture claire de notre histoire » pour préserver l’outil de travail qu’il a réussi, au fil des années, à mettre en place. Un livre Les Aventures du T.N.P. dirigé par André Degaine, malheureusement décédé entre temps, a quand même vu le jour avec des textes de Jean-Pierre Jourdain et des illustrations de Jean-Pierre Desclozeaux.
Le directeur du T.N.P. , peu de temps après avoir avoir pris ses fonctions, a aussi vu que cette transmission à laquelle il tenait tant, ne pouvait aller sans une profonde rénovation du bâtiment existant conçu par Môrice Leroux, bâtiment qui a 80 ans , et qui a fait partie d’un aménagement urbain du centre de Villeurbanne avec six immeubles dits gratte-ciels et deux tours d’habitation, et un Hôtel de Ville. Même si Roger Planchon avait fait rénover la salle, un nouvel aménagement du théâtre s’avérait indispensable, et, après plus de trente mois de travaux, le nouveau théâtre et la place ont été complètement réhabilités; l’aménagement a fait l’objet d’un concours remporté conjointement par le cabinet d’architecture Fabre/ Speller et Massimo Scheurer de l’agence milanaise A rassociati.
Les deux architectes n’en sont pas à leur coup d’essai ( Fabre fut l’ élève du du grand architecte américain Aldo Rossi) et ont restructuré le Théâtre de la Cité Internationale de Paris, La Fenice de Venise, le Théâtre-Opéra Marinsky de Saint-Petersbourg. Et ils travaillent actuellement à la rénovation du cinéma Le Louxor à Paris.
Ce qui frappe, quand on voit les photos, c’est la prise en compte intelligente de l’ensemble architectural : rénovation des façades telles qu’elles étaient en 1930 , mais aussi création d’un véritable outil de travail mis au service du spectacle vivant : agrandissement de la cage de scène, avec un gril situé à plus de 31 mètres du plateau, ascenseur de scène, création d’une zone de coulisses qui n’existait pas avant et ,dans la salle dont la jauge est de 667 places , conservation de la forme en coquille Saint-Jacques mais suppression des allées. En plus du petit théâtre ouvert en 2009, ont été créées quatre salles de répétition,qui pourront éventuellement recevoir du public le lieu d’une activité dense où travaillent les acteurs dit Schiaretti, et un atelier de costumes et un espace de stockage. Et encore un restaurant, à des prix abordables, ce qu’il n’y a plus à Chaillot, berceau du T.N.P. depuis longtemps déjà! avec une scène de cabaret. Le financement ? 1/3 Ville, 1/3 Etat, et 1/3 Région Rhône-Alpes et Grand Lyon. Ce qui représente à la fois une volonté commune et sans doute pas mal d’efforts de Schiaretti et des ses collaborateurs pour faire aboutir le projet. L’équipe comprendra 50 permanents, et nombre d’intermittents. Au programme de cette rentrée exceptionnelle, la création le 11 novembre prochain de Ruy Blas, la pièce mythique de Victor Hugo qui, rappelle justement Christian Schiaretti, a utilisé les trois mots: théâtre, national et populaire dans la préface de Marion Delorme en 1930, soit juste un siècle avant la construction de la salle de Villeurbanne. « Il y a dit-il, , une opposition entre les forces surpuissantes qui amène à dépasser la simple lecture historique ou politique » .
La nouvelle saison s’ouvrira aussi par l’exposition temporaire de la collection personnelle de masques, notamment asiatiques, de Ehrard Stiefel, le remarquable concepteur des masques du Théâtre du Soleil. Il y a aussi une autre initiative que revendique Schiaretti, c’est d’associer l’aventure du T.N.P. à celle des Tréteaux de France maintenant dirigés par Robin Renucci, qui organiseront une tournée de ce Ruy Blas, et un partenariat avec le T.N.S. et sa directrice Julie Brochen déjà débuté en juin 2011 avec la création de la première partie de l’intégralité du Graal Théâtre qui continuera en 2012, une manière de saluer Firmin Gémier , le créateur du T.N.P. et son théâtre ambulant.
Le répertoire du T.N.P. sera aussi mis à profit avec les farces et comédies de Molière, Mademoiselle Julie et Les Créanciers de Strindberg, Don Quichotte, La Jeanne de Delteil… et plusieurs coproductions dont le livre XI des Confessions de Saint-Augustin par Denis Guénoun.
On ne peut que souhaiter longue vie à ce nouveau T.N.P… et on vous tiendra au courant.
Philippe du Vignal
T.N.P. : www.tnp-villeurbanne.com
Les travaux c’est la maladie du théâtre.
Ce qui compte , c’est l’âme d’un théâtre.
Et schiaretti fera tous les travaux les plus splendides , le Tnp manquera encore de l’âme qu’il a eue sous Planchon.
Un théâtre c’est une maison habitée par tous les corps de métier, par les discussions d’artistes, ça vibre,
C’est certainement pas ce magnifique bâtiment vide et propre oû ce sont des vigiles qui t’accueillent.
Ah le Berliner sous Brecht, sa salle des dramaturges bourrée de bouquins et de fauteuils en cuir, ses affiches magnifiques et l’odeur d’un lieu de pensée
Merci beaucoup; c’est la fatigue et le manque de temps pour relire, et voilà
Cordialement
Philippe du Vignal
Mr du Vignal, Duhamel Jacques, pas Patrice !…