Couple ouvert à deux battants

Couple ouvert à deux battants d’après Dario Fo et Franca Rame, mise en scène  de Jean-Marc Layer.

 

co2b1clubisoclaudearnaudas.jpgCette pièce du fameux couple italien,  extraite de Récits de femmes et autres histoires, est une comédie satirique qui met en jeu le couple dit « traditionnel » où l’homme trompe sa épouse, mais voit poindre un véritable désir d’émancipation chez les femmes. Dans l’acmé de la crise conjugale, le mari machiste lui suggère de le tromper à son tour, dans une relation de « couple ouvert » comme l’indique le titre de la pièce. Ce sont deux figures représentatives de notre époque (la pièce date de 1983) : la femme apparaît tiraillée à la fois par un désir de couple mais aussi par celui de son émancipation, tandis que l’homme recherche uniquement le plaisir immédiat.
Comme le dit Jean-Marc Layer : « Cette posture de l’ «Homo Economicus» délaisse volontairement la notion du « nous », antagoniste à sa finalité : elle est un frein à sa propre liberté de jouir. Le texte suggère d’emblée un rapport privilégié avec le public au travers de nombreuses adresses directes. Le décor est simple, un plateau tournant ressemblant à une horloge fondue de Dalí, doté d’un panneau qui suggère d’un côté un décor de cirque et, de l’autre, une draperie d’intérieur d’appartement ; le musicien avec son matériel de percussion sur un côté, et sur l’autre se trouvent de nombreux objets utilisés au fur et à mesure par les acteurs circassiens. Une bande au sol délimite, sur le devant de la scène, la « frontière » entre fiction et réalité dont ils jouent largement tout au long du spectacle.
L’adresse directe, l’intrusion au sein du public, puis le retour à la fiction sont autant d’éléments qui fusent ici ou là, souvent de manière efficace mais parfois un peu répétitive, qui laissent voir au spectateur les coutures d’un spectacle où l’improvisation joue un rôle déterminant. Mais les acteurs du Cirque Désaccordé vont plus loin, et se réapproprient de manière personnelle ce texte, en explorant ses possibilités scéniques et surtout son potentiel circassien : « De chutes en culbutes, l’auguste et le clown blanc échangent de rôles, s’affrontent : le plus fort n’est pas forcément celui que l’on croit. Tous les coups sont permis » ! Valérie Pareti adapte, par exemple, la recherche existentielle de la femme à l’univers du clown : grâce à l’ univers musical sobre et précis de Frank Lawrence, son clown apparaît, pétri de tendresse et de déchirement. Laurent Pareti, doté d’une énergie communicative, et de beaucoup d’adresse, fait exploser le tempérament brutal de l’homme à travers des numéros de jonglage avec ballon (dignes d’un footballeur !) et surtout avec des massues.
C’est un des moments forts du spectacle : la femme est avachie sur le côté de la scène, l’homme se munit de plusieurs massues ornées de cheveux blonds, bruns, roux, chacune représentant les conquêtes extra-conjugales de l’homme, qui les fait tourner dans tous les sens en faisant au passage bon nombre de commentaires.. Ce spectacle avec des ombres chinoises, s’ouvre sur un prologue étonnant, accompagné par une musique lancinante: un homme au corps sculptural, improvise un numéro et réussit à créer une forte complicité avec le public dès le début du spectacle qui mérite largement de rencontrer son public.

Davi Jucá

 

Théâtre de la Girandole, 4 rue Edouard Vaillant, Montreuil.

Les jeudis 6 & 13 octobre à 19h30 Les vendredis 7 & 14 octobre à 20h30. Les samedis 8 et 15 octobre à 20h30. Les dimanches 9 et 16 octobre à 16h.

 


Un commentaire

  1. Davi dit :

    La première partie est assurée par Guillaume Mitonneau alias Valentin Lumière dans « Valentin cherche Lumière ».

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