Une soirée entre amis
Une soirée entre amis, de Harold Pinter
La compagnie « La parade d’Octave » met en scène à l’Aktéon Théâtre quatre courtes pièces de Harold Pinter : Le nouvel ordre mondial, Une soirée entre amis, Football américain et Mort. Il s’agit de textes truculents, transcrivant dans un langage parfois châtié, souvent cru, les discussions mondaines d’une classe de dirigeants. Le parti-pris de la metteuse en scène, Jeanne Carnec, est de matérialiser le sous-texte cruel et violent des pièces de Pinter.
Nous ne voyons donc pas sur scène des personnages de la haute société,réunis dans un salon et prenant une coupe de champagne, tout en devisant avec autosuffisance sur les attributs de leur rang social.
Ce qui nous est présenté ici relève davantage du cauchemar : une bande de vampires se divertit à torturer un homme attaché sur une chaise ; un autre vampire étouffe son épouse en lui plongeant la tête dans une vasque de champagne ; un autre encore saute sur une femme et se met à la besogner. Ainsi cette mise en scène cherche-t-elle avant tout à créer des images. Les personnages sont diabolisés : la gueule peinte en blanc et rouge, ils ne parlent pas sans hurler, ils ne rigolent pas sans pousser des cris de démence. La pièce fonctionne par tableaux : les comédiens se figent en statue puis s’animent lorsque il leur incombe de parler. L’ensemble est entrecoupé de musique et de parties dansées.
Mais ces choix de mise en scène manquent leur objectif qui aurait été de servir les textes de Pinter. Car ils ferment le sens et nous font tomber dans l’anecdotique de quelque secte . Nous sommes certes amenés à désapprouver les comportements xénophobes et misogynes de ces individus, mais il est difficile d’opérer de rapprochement avec une classe politique connue. La proposition scénique produit parfois son petit effet mais, dans l’ensemble, elle est aussi « gros sabots « et réductrice que Pinter est subtil et habile.
Du coup, la critique virulente de la classe dominante de nos sociétés capitalistes se mue en une condamnation de pratiques humiliantes et dégradantes. Bref, le spectacle est indigeste, didactique et gratuitement violent.
Nicolas Arribat.
Aktéon Théâtre, à 20h tous les vendredis et samedis, du 23 septembre au 26 novembre 2011.