L’affaire Castellucci

Décidément, l’affaire s’envenime, puisqu’un groupuscule d’extrême droite, très bien structuré avec une violence et des moyens jusque là inédits, continue à vouloir perturber le spectacle de  Castellucci au Théâtre de la Ville et à exiger son interdiction.
Certes, la liste est longue de ces scandales ont toujours fait partie de l’histoire du théâtre,  qu’ils soient d’ordre esthétique (la fameuse bataille d’Hernani), d’ordre sexuel La dame aux camélias, puis un siècle plus tard  Les Parents terribles de Cocteau en 1939 dont il fallut interrompre les  séances, ou politique ( les attaques aussi sournoises que virulentes du sénateur Debu-Bridel contre Jean Vilar, ou celles d’Yvonne de Gaulle contre la création par Roger Blin en 66 des Paravents de Jean Genet à l’Odéon , ou encore la tentative du  Debré en 1968, pour ne pas avoir d ‘ennuis avec l’ Espagne franquiste, de faire cesser les représentations de la Passion du Général Franco d’Armand Gatti qui, pour être joué, dut s’exiler  et quitter la scène du T.N P. de Chaillot pour  les  entrepôts Calberson.
Emmanuel Demarcy-Motta, avec son équipe, continue à lutter, et il a raison de ne pas céder; dans ces cas-là, la ténacité finit par payer… Mais les soutiens des politiques ne sont guère nombreux!
Ph du V.

Le Théâtre de la Ville, en sa qualité de producteur du spectacle, en accord avec  Romeo Castellucci, tient à démentir formellement une information fausse d’abord émise par les opposants aux représentations du spectacle Sul concetto di volto nel figlio di Dio, puis relayée par certains médias, selon laquelle «des excréments sont jetés, durant la représentation, sur le visage du Christ». Romeo Castellucci affirme au contraire,  dans un communiqué daté du 22 octobre dernier que nous avons largement diffusé : « Il est complètement faux qu’on salisse le visage du Christ avec les excréments dans le spectacle. C’est faux et je trouve cette idée horrible. Ceux qui ont assisté à la représentation ont pu voir la coulée finale d’un voile d’encre noire descendant tel un suaire nocturne ».

 

L’assertion erronée n’est pas un détail, car elle est continuellement mise en avant par ceux qui, depuis le 20 octobre dernier, tentent d’empêcher les représentations du spectacle au Théâtre de la Ville (jets de lacrymogènes, d’huile de vidange et d’œufs sur les spectateurs, tentatives d’empêchement de l’entrée du public, représentations interrompues temporairement par des perturbateurs…)

 

Nous avons par ailleurs enregistré avec satisfaction les propos tenus par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, en date du 29 octobre, à Radio Notre-Dame, à propos de ces manifestants : « On est en face de gens qui sont organisés pour des manifestations de violence ». Et, à propos des « idiots » qui les suivent « de bonne foi » : « Ce n’est pas parce qu’ils sont de bonne foi que ce qu’ils font est juste. Leur appartenance à des groupes politisés et très militants y compris sur le plan religieux, ne favorise pas leur formation mais au contraire les déforme. » [Entretien hebdomadaire accordé à Radio Notre-Dame le matin du 29 octobre  2011]

 

Ces propos décrivent exactement la situation que nous rencontrons chaque soir.

 

Dans le cadre du partenariat avec le Théâtre de la Ville, le spectacle sera repris au Centquatre du 2 au 6 novembre 2011.

 


3 commentaires

  1. Rémi S dit :

    Sans vouloir tout dévoiler du spectacle (que j’ai vu en Avignon) quand je parlais de « soft » j’entendais par là .. l’odeur …
    D’après mes amis qui l’ont vu à Paris, ce « détail » de mise en scène n’était pas présent. Par contre vous m’apprenez l’absence des enfants, comment ont ils été « remplacés » ?
    D’accord avec vous quant à l’absence de débat, apparemment bon nombre de ces intégristes n’ont pas vu le spectacle qu’ils critiquent et je trouve la seconde partie du spectacle très forte, très maîtrisée dans les outils du théâtre, fascinante et … mystique.
    Pendant et après Avignon je m’étonnais que ce spectacle ne fasse pas plus de bruit, le réveil a juste été différé !
    Là où j’apporte un bémol, c’est que je pense bien que Castellucci devait bien se douter que son spectacle risquerait de faire scandale (idem pour Demarcy Mota qui l’a programmé). Bien sûr je ne veux pas dire qu’il faut aller vers des spectacles aseptisés et il faut défendre un théâtre qui va loin, mais simplement, on ne peut pas s’étonner de ce qui arrive aujourd’hui …
    Rémi S.

  2. Fanny dit :

    Je n’en rajouterais pas sur le débat même (qui n’en est pas vraiment un puisque la démarche est avant-tut politique pour ces groupes et qu’il n’y a eu aucun échange constructifs dans le cas des représentations parisiennes – à ma connaissance- ).
    J’aurais d’ailleurs été d’accord avec el commentaire précédent quant à mettre un peu de débat dans la vie théâtrale, si toutefois und ébat avait été possible, une opposition entre théâtre de CRS et groupe indélogeable de la scène n’est pas un débat. c’est un dialogue de sourds.
    En revanche, une précision quant au troncage. Il ME SEMBLE qu’il n’est pas tant une volonté de rendre la version soft (d’après les échos que j’en ai eu à divers endroits – ) mais l’impossibilité pratique-administrative-etc de faire jouer les enfants de ladite scène tronquée en soirée au théâtre de la ville (restrictions quant à leur jeune âge et risque de dépasser des limites contractuelles à cause des perturbations qu’allaient provoquer le spectacle).
    Cela me semble d’ailleurs plus cohérent. Si Castellucci avait dû rendre son spectacle « soft » sous la pression, il l’aurait fait bien plus tôt à Avignon, non?

    En tout cas dimanche pour la dernière, il n’y a eu aucun heurt mais il est à déplorer de devoir passer un cordon de CRS, être fouillée au corps pour assister à une pièce.

  3. Rémi S dit :

    cette affaire devient un peu ridicule entre communiqués, extrême droite, catholiques extrémistes. Du coup le Théâtre de la Ville propose une version « soft » du spectacle vu en Avignon …. un peu de débat dans le théâtre contemporain ne fait pas de mal … et remet en place les modes !
    Rémi S

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