L’ESTHÉTIQUE DE LA FOLIE
L’ESTHÉTIQUE DE LA FOLIE d’Alberto Sorbelli.Action théâtrale conçue et mise en jeu par Alberto Sorbelli, avec la participation de Godefroy Segal, Éric da Silva, Melkior théâtre, Gare mondiale de Bergerac, et Emmanuel Hermange critique d’art, Thomas Schlesser historien d’art, Pippo del Bono acteur.
« Je reste complètement hors circuit, […] ;
j’existe, je suis là, mais je n’en fais pas vraiment partie….j’en vois une poésie.
Et étant un poète, je vis comme un poète,
dans un espace complètement mental.
La réalité, elle est autour, elle circule,
je la vois, je la touche parfois, […]. »
Alberto Sorbelli. Étrange soirée que ce spectacle insolite découvert au Générateur de Gentilly qui mélange allègrement des extraits pimentés de noir de L’Anniversaire d’Éric da Silva, qu’il interprète lui-même avec Marie-Charlotte Biais, un texte de Godefroy Segal aux accents de Shakespeare sur le personnage , Duguesclin joué avec fermeté par une quinzaine d’acteurs de bonne trempe en cottes de maille et robes blanches, entrecoupés de commentaires esthétiques et administratifs d’Emmanuel Hermange et Thomas Schlesser, critique et historien d’art.
Nous sommes assis sur des matelas en mousse autour de ce grand entrepôt et il faut jouer le jeu du déplacement pour parvenir à capter des bribes cohérentes : le son, les images projetées, les textes des acteurs se superposent, s’entrecroisent et sombrent dans une bouillie informe si l’on veut rester assis, bien adossé.
La folie théâtrale, on l’apprécie quand on voit Éric da Silva, acteur de belle stature, entièrement nu s’enduire soigneusement de noir du bout du sexe aux épaules, pendant qu’une douzaine d’acteurs braille les hauts fait de Duguesclin et que les critiques vont bon train autour des images projetées.
On capte des fragments du discours amoureux pendant qu’Éric da Silva en cothurnes et robe à paniers se déhanche. Un long passage sur Jimmy Hendrix est projeté “Je tente des expériences qui permettent de sourire au monde…”. La flagellation de Rose Keller par le Marquis de Sade est évoquée, et Jim Morrison comme bien d’autres traversent l’espace. “C’est mon filon la monstruosité…”.
On n’en finirait pas d’évoquer cet étrange jeu théâtral traversé par la silhouette d’Alberto Sorbelli qui se promène autour des acteurs. On peut déguster à la fin la lecture d’un nouveau texte de da Silva sur des assauts homosexuels à venir.
Il y a du théâtre, du vrai théâtre, et surprenant !
Edith Rappoport
FRASQ de Gentilly