DANS LE VIF

DANS LE VIF. Théâtre du Volcan Bleu, de Paul Dugowson, mise en scène Paul Golub


Paul Golub avait réalisé à Limoges Un siècle d’industrie de Marc Dugowson, émouvant spectacle sur la deuxième guerre mondiale, où l’on voyait une honnête famille d’industriels préserver ses ouvriers des licenciements en faisant la conquête du marché de la construction des fours crématoires. Dans le vif plante les prémisses de ce désastre avec une autre famille d’agriculteurs, engloutie cette fois dans la première guerre mondiale. Sur un plateau nu, devant un immense cycle bleu, on voit un couple s’épuisant à tirer un cheval qui n’en peut plus, la femme sur le point d’accoucher, meurt en donnant la vie à Jules Étienne, fils malheureux qui sera promis à la prêtrise, mais rejeté par des prêtres hypocrites. Jules Étienne fait un mariage heureux avec la jeune servante que son vieux père aurait voulu épouser, mais il est appelé sous les drapeaux dans l’horreur des tranchées, où il trouve néanmoins le bonheur de vraies camaraderies. Blessé, il s’en remet une première fois avec la rencontre d’une marraine de guerre, mais finira paralysé et ne voudra plus retrouver sa famille. Il retrouve sa marraine de guerre devenue mère, riche et heureuse et achèvera sa vie dans un geste absurde en la précipitant dans le vide. Interprété par une équipe de huit acteurs dynamiques, tout particulièrement Christian Bouillette qui campe un père de famille désespéré, hostile puis attendri, Dans le vif nous fait plonger dans les racines du désastre de la deuxième guerre, la montée de l’antisémitisme, la haine féroce des allemands écrasés au fond des tranchées, une mauvaise paix mal conclue. “Dieu est français, il ne nous abandonnera pas !” Il y a de belles scènes familiales, un réjouissant spectacle de travestis dans le théâtre aux armées. Le plateau nu du début s’ouvre dans des tranchées qui se creusent et ne se refermeront pas.

Edith Rappoport

Theâtre Firmin Gémier d’Antony Le 25 novembre au Théâtre Paul Éluard de Choisy le Roi, du 29 novembre au 3 décembre au Théâtre de l’Union à Limoges, le 15 décembre au Théâtre du Cloître de Bellac. Réservations t-valerie@magic.fr Le Volcan Bleu présentera du 1e au 20 février 2012 Le cabaret de la Grande Guerre de Marc Dugowson au Théâtre de l’Atalante à Paris

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Archive pour 21 novembre, 2011

L’apprentie sage-femme

L’Apprentie sage-femme de Karen Cushman, adaptation de  Philippe Crubézy, mise en scène de Félix Prader.

  h2026354441321011887.jpgKaren Cusman, écrivaine américaine de  soixante-dix  ans, est l’auteur de sept livres dont L’Apprentie-sage-femme où, à chaque fois,le personnage est une très jeune femme du Moyen-Age occidental.
Elle y raconte l’entrée dans l’âge adulte d’une adolescente misérable qui essaye de survivre à l’hiver en se réfugiant là où elle peut, au  besoin dans un tas de fumier,  en quête d’un peu de chaleur. Les paysans la chassent avec brutalité mais Jeanne l’accoucheuse dite la Pointue, va  la recueillir pour l’aider, moyennant un peu de  pain;  et  la pauvre jeune fille que l’on appelle Cafard de fumier, personnage important dans un village, fera,
sous les ordres de  Jeanne, l’ apprentissage du travail et de la vie, à force d’humiliations diverses, de coups et de privations, mais elle aura aussi parfois de minuscules moments de bonheur.
Intelligente, elle apprend vite comment on peut arriver à gagner son autonomie. Et elle arrivera même dans l’urgence- l’accoucheuse est partie  chez une autre femme- à aider une  paysanne à faire naître son enfant. Et c’est son mari qui la défendra auprès de sa patronne au moment du paiement de son travail.

  Nathalie Bécue s’est emparé de ce  conte avec beaucoup de  force et de conviction mais l’adaptation théâtrale de ce conte et la  direction d’acteurs sont trop  approximative:s pourquoi  Félix Praderla fait-elle ainsi vociférer  sans  raison? Et  l’on ne voit pas vraiment bien les différents personnages qu’elle est censée incarner. Alors qu’ une lecture à voix haute, bien maîtrisée par le metteur en scène lui  aurait épargné la nécessité de  » faire  » théâtral »,  et   aurait sans doute été plus  efficace.  Comme il n’y avait vendredi que huit spectateurs, cela ne devait pas non plus beaucoup aider Nathalie Bécue.
  Alors à voir? Nous ne trouvons vraiment aucun argument solide pour vous persuader de tenter l’aventure…

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire jusqu’au 31 décembre.

Rien, solo pour clown

Rien, solo pour clown écrit, mis en scène et joué par Estelle Bordaçarre.

 11p0486.jpgL’unique personnage de ce solo est Michelle qu’Estelle Bordaçarre avait  mis en scène en  2005, puis de nouveau en 2007. Elle remercie avec raison Samuel Beckett, Buster Keaton, et Jacques Tati : soit trois mâles morts et,  non des moindres, et une femme bien vivante: l’immense Zouc  que  l’on ne voit plus guère en scène et qui avait,  dans les années 70,  imposé son solo avec un fabuleux personnage de femme paumée.
 Estelle Bordaçarre  arrive en scène , habillée d’une robe vert amande ridicule  avec un grand col à deux pointes, et un vieux manteau de fourrure noire. Elle a des cheveux ébouriffés, et seule concession au clown traditionnel, un petit nez rouge. C’est vrai qu’elle a quelque chose de Buster Keaton au féminin qui avait, à la fin de sa vie, été dirigé par Beckett, et certains éléments de la gestuelle de Tati, et de ses descendants les Deschiens de Jérôme Deschamps..
 Michelle désemparée,  marche doucement, à tout petits pas,un tabouret à la main, son seul trésor ; chez elle, tout est minimal,  et aussi rigoureux que minimal: quelques onomatopées, voire quelques mots et des gestes émouvants. Elle cherche quelque chose, comme encombrée par son corps,  absolument seule  à savoir quoi, hésitant sans cesse, à la recherche de son identité.
C’est à la fois pathétique et comique, à l’extrême limite de ce que peut être le théâtre. Reste à faire passer cette angoisse existentielle: ce à quoi Estelle Bordaçarre arrive par moments mais pas toute l’heure que dure ce solo;  comme l’éclairage, très doux, un peu doré,  est plus que discret, on a du mal à rester concentré et l’on reste un peu sur sa faim malgré le professionnalisme de l’actrice.

 Sans doute, faudrait-il revoir ce solo devant un vrai public,  et non à l’occasion d’une  séance réservée aux professionnels polluée par le bruit d’ appareils photos mitrailleurs…

Philippe du Vignal


Rien sera joué les 21 et 22 janvier de l’Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise.

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