Les Concerts Brodsky
Les Concerts Brodsky, texte de Joseph Brodsky, composition piano de Kris Deffoort, dramaturgie et jeu Dirk Roofthooft, réalisation informatique et musicale de Jean-Marc Sullon.
Le spectacle prévu pour le 16 avait dû être reporté pour cause de désaccord sur les droits.
Sur le plateau noir de la salle Gémier, juste un piano à queue où officie Kris Deffoort qui revendique le fait d’être d’abord un jazzman; avec le comédien, il a défini un canevas musical sur lequel il improvise parfois pour que les poèmes de Brodsky puissent correspondre à l’ »urgence de dire » que le poète russe (1940-19996) , condamné en 1965 pour parasitisme et qui émigra aux Etats-Unis. Brodsky, (prix Nobel en 87), avait l’habitude de déclamer ses poèmes en public, où transparait toute la nostalgie de la Russie et la tristesse de la séparation avec sa famille qu’il n’avait jamais pu revoir. .
Ce qui explique le désir de Dirk Roofthoot, comédien des spectacles de Guy Cassiers, (voir Le Théâtre du Blog) de mettre en scène et de dire ces poèmes avec son complice musicien; il a raison de rappeler que Brosky était lui-même persuadé que la sonorité des mots était peut-être plus importante que leur signification elle-même. Oui, mais voilà, entre les bonnes intentions et ce que l’on voit sur scène, il y a comme un fossé.
Le comédien est en effet tout à fait à l’aise, trop peut-être, et, visiblement pas dirigé par une metteur en scène, chuchote au micro ou hurle les poèmes de Brodsky , sans que l’on comprenne très bien pourquoi. Il y a de courts moments où le schéma texte/musique fonctionne mais, ce que dit Deffort au piano semble plus intéressant que cette lecture en français, qui ne peut évidemment rendre la sonorité des mots choisis par Brodsky, surtout devant un micro. Et une sorte de chape de plomb s’abat sur une salle pas très remplie. Au bout de quelque quinze minutes, on n’a guère envie de continuer à écouter ces poèmes qui sont pourtant de grande qualité…
Alors à voir? Ce n’est pas une priorité et Brodsky mérite beaucoup mieux que cela, alors mieux vaut sans doute le relire…
Philippe du Vignal
Théâtre national de Chaillot jusqu’au 26 novembre.