OUASMOK?

OUASMOK? de Sylvain Levey mise en scène de Valérie Grail.

 

Ouasmok? C’est la question que pose Pierre à Léa qui va prendre son autobus en sortant du collège. Ouasmok? ça veut dire: « Comment tu t’appelles?. C’est de l’arabe » dit Pierre. Il a trouvé ça, Pierre, pour aborder les filles. Surprises, elles répondent. Une méthode révolutionnaire qui permet de savoir si on fera un couple heureux, lui dit-il. Car il a un projet et il en sait déjà beaucoup sur Léa. Dans quelle classe elle est, quel autobus elle prend et même que, si elle est à Notre-Dame du vieux cours comme lui, un collège pour enfants à problèmes, c’est que sa mère est à l’hôpital. Commence alors l’histoire brève de Pierre et Léa, 12 ans, qui vont s’accorder quelques heures, une journée entre parenthèses, réfugiés dans le clocher de l’église de leur collège, une journée pendant laquelle ils vont vivre en accéléré une vie de couple , de la séduction à la séparation, avec mariage, enfant, disputes, tentative de suicide, une vraie vie de couple quoi! Pierre est sans malice, il croit mener le jeu mais c’est Léa qui décide, elle qui a déjà eu un autre mari quand elle avait 8 ans. Ils se quittent et Pierre lance son « Ouasmok? » à une autre jeune fille dans la rue.
Sous son apparente légèreté, Ouasmok, est un texte cruel qui renvoie une image lucide et peu tendre du couple. Comment savent-ils tout ça? Que vont -ils tirer comme leçon de leur aventure? A nous de l’imaginer. Car la pièce nous laisse à nos interrogations qui ne sont sûrement pas les mêmes que celles des enfants qui assistent au spectacle.
Quand il a écrit la pièce, Sylvain Levey souhaitait qu’elle soit jouée par des enfants. Ce n’est que récemment qu’il l’a « donnée » à des compagnies professionnelles et donc à de jeunes comédiens. Julie Ménard et Luc Ducros réussissent ce difficile exercice de jouer des enfants qui jouent à être des adultes, sans artifice. Le décor épuré, un chemin de bois posé sur des tréteaux, un sol recouvert de feuilles mortes, laisse place au rêve.
Valérie Grail s’est passionnée pour ce texte d’apprentissage, subtil et fort qui, sans pathos, avec beaucoup d’ humour, nous dit la difficile aventure de vivre à deux.

Françoise du Chaxel.


Spectacle vu le 18 novembre à l’espace Georges Simenon de Rosny sous bois, puis  en tournée. Compagnie Italique, 01 44 87 98 56.

 

 

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