Hic sunt leones
Hic sunt leones de Corine Miret et Stéphane Olry.
Corine Miret et Stéphane Olry nous convient depuis des années sur des routes étranges, hors des sentiers battus. Sur l’invitation d’Yves Chevallier, directeur du Château de la Roche-Guyon qui les accueillit en résidence, ils avaient présenté Cartes postales, et Les treize semaines de vertu spectacle sur Benjamin Franklin. Ils ont travaillé pendant des mois avec des enfants poly-handicapés de l’hôpital qui fait vivre ce village depuis près de deux siècles, ce qui a donné naissance à un curieux dyptique.
La danseuse Sandrine Buring présente Chose, vers un pays lointain, le plateau nu est habité par un grand pendule en verre creux, elle s’y glisse après s’être dénudée, on la voit se débattre silencieusement, c’est une atonie torturante et muette, habitée par la seule musique. On nous demande de sortir pour des raisons techniques avant d’assister à la deuxième phase du diptyque.
Nous sommes alors invités à pénétrer dans la salle pour assister à Là-bas il y a des lions, après un avertissement étrange : il y a du brouillard dans la salle, ce n’est pas dangereux, nous allons être guidés jusqu’à notre transat, si nous avons besoin de sortir, ne pas en prendre l’initiative sans être guidés. En effet, nous ne distinguons que nos proches voisins, deux voix s’élèvent pour parler de l’effrayant quotidien de ces enfants passant leur vie aux hospices, eux qui ne peuvent ni parler, ni voir, ni marcher pour la plupart, abandonnés par leurs familles, ils ne sortiront jamais.
Pourtant, une nouvelle infirmière est là qui ne baisse pas les bras. On goûte pleinement les yeux parfois mi-clos ce voyage théâtral insolite, cruel et pourtant généreux.
Edith Rappoport
Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 18 décembre, samedi à 17 h, dimanche à 13 h 30. T: 01 43 74 72 74.