Ma vida
Mi vida después,( Ma vie après), texte et mise scène de Lola Arias en espagnol surtitré.
Dans ce théâtre-récit, six comédiens et comédiennes argentins témoignent de leur vie. Sur le sol , inscrites leur date de naissance: 1972, 1974, 1974, 1976, 1981, 1983. Chacun va témoigner de son histoire personnelle et de celle de son père. Dénominateur commun: la période , douloureuse pour l’Argentine,de la fin de la Révolution et de la période de dictature militaire. Chaque comédien a eu un vécu, en fonction de l’option politique de leur père dont certains ont milité dans le camp révolutionnaire. alors que d’autres, comme celui de Vanina Falco, ont fait partie de la police secrète de la junte! C’est dire que la relation de la fille avec son père est poignant, d’autant plus qu’ à son procès, elle témoignera contre lui .
Les acteurs vont au delà de l’évocation de leurs souvenirs en inscrivant vers la fin du spectacle d’autres dates, celles de leurs morts, s’inventant ainsi un futur. Pour évoquer ces récits, les vidéos et photos de l’époque sont, bien sûr, utilisées… Et, le vêtement ou l’objet, utilisé comme vecteur du souvenir, prend toute sa place dans la scénographie: la soutane du père de Blass Arrese Igor qu ‘il a abandonnée quand il a changé complètement de vie, les modèles réduits de la collection du père de Mariano Speratti, journaliste passionné d’automobiles, ou enfin les livres écrits par le père de Liza Casuello.
C’est sans doute la partie la plus intéressante du récit, car le spectateur a du mal à entrer dans l’intimité de ces vies: même si les comédiens sont tout à fait crédibles, quand ils racontent leur vie et leurs fractures, l’on reste assez extérieur à ce théâtre intime. Sans doute le soir de la première, la représentation était-elle un peu trop uniforme et l’émotion, malgré de beaux moments, n’était pas toujours palpable. Pourtant, ce mode d’écriture s’inscrit bien dans l’histoire d’un pays et dans la réalité conflictuelle d’une époque qui aura marqué tous ses habitants…
Jean Couturier
Théâtre des Abbesses jusqu’au 16 décembre