Merce Cunningham Dance Company
Merce Cunningham Dance Company, deux programmes et une journée autour du chorégraphe.
« Depuis longtemps, Merce Cunningham aime le théâtre de la Ville et le théâtre de la Ville aime Merce Cunningham », ce tte phrase du programme de la saison 90/91 est toujours d’actualité, mais la vie de cette célèbre compagnie va s’interrompre définitivement avec un dernier « event » le 31 décembre, à New York, à 10 dollars la place .
Merce Cunningham et Pina Bausch décédés en 2009, ont bouleversé la scène contemporaine; ils auront eu chacun un rapport intime avec le théâtre de la Ville. Les danseurs de Pina Bausch se préparent à jouer dix spectacles-phares de la compagnie, cet été, aux Jeux Olympiques de Londres. Mais les quatorze danseurs de la Merce Cunnigham Dance Company sur décision du chorégraphe, vivent, eux, leurs derniers jours de représentation; c’est un cas unique dans le monde du spectacle vivant!
En effet, le chorégraphe qui a introduit le hasard dans le processus créatif, a, paradoxalement imaginé la fin de sa compagnie avec son « legacy plan ». Avec principales composantes: l’organisation, pendant deux ans après sa mort, d’une tournée mondiale avec les grands spectacles de son répertoire, l’obligation de fixer un terme à l’existence de la compagnie, et, enfin, la constitution d’un matériau de transmission de son œuvre chorégraphique avec les « Dance capsules ». Soit la captation vidéo, les notes de mise en espace, les dessins, la musique, les costumes,et les conduites son et lumière) indispensables à la recréation de ses pièces. En avril 2012, quatre vingt de ces « Dance capsules » seront prêtes.
Le ballet de Lorraine et celui de l’Opéra de Paris , entre autres, travaillent déjà à partir ces » danse capsules ».Le public redécouvre aujourd’hui avec émotion des pièces de Cunningham dont la compagnie est venue quinze fois au Théâtre de la Ville, depuis 1972, dont treize fois en collaboration avec le festival d’Automne. Une journée d’hommage au créateur et à son complice John Cage, a eu lieu avec succès et comprenait des ateliers pratiques, des rencontres et la diffusion d’Océan, un film de Charles Atlas.
Merce Cunningham écrivait en 1994: « Mon travail est un processus continu. A la fin d’une danse, j’ai toujours une idée, même mince au départ, de celle qui suivra. C’est pourquoi, je ne vois pas chaque danse comme un objet, mais plutôt comme une étape sur le chemin ». Son « legacy plan » va justement concrétiser ce chemin.
Jean Couturier
Théâtre de la Ville jusqu’au 23 décembre.