La Vie va où ?
La Vie va où ? un spectacle à lire et à écouter de Michèle Guigon.
Michèle Guigon, on la revoit encore avec bonheur, toute jeunette avec son accordéon plus gros qu’elle, dans les spectacles de Jérôme Deschamps qui avait bien visé quand il l’avait engagée ; quelque vingt cinq ans et deux solos plus tard, elle est apparue au Festival d’Avignon où elle avait fait un tabac (voir Le Théâtre du Blog) puis au Théâtre du Lucernaire.
Avec un nouveau solo aussi grave qu’enjoué, plein de tendresse , aujourd’hui édité en livre et CD réunis; entre temps-c’était en 2007 -il lui était arrivé un « petit » pépin: un cancer du sein qu’elle a affronté courageusement comme beaucoup de femmes, et qui est le fil rouge de son dernier spectacle.
Aucun décor, juste un tabouret et son fidèle accordéon fétiche; pendant une heure et quinze moments de texte, musique et chansons, Michèle Guigon dit les choses de sa vie chamboulée avec un style bien à elle; d’abord, son enfance heureuse dans l’Est de la France. Et puis sa terrible rencontre avec la maladie ; les mots sont crus et la frappent en plein visage: » Vous préférez chimio ou ablation d’abord? » et, en bonne connaisseuse de la langue française, elle tique évidemment sur le mot malheureux du spécialiste : « préférer » et ajoute lucidement: » Ah! Tu parles d’un choix! Ils sont où les avantages, on ne sait même pas si un des deux tickets est gagnant. (..) Alors… Qu’est-ce que je suis capable de supporter : perdre les cheveux d’abord ou perdre le sein d’abord?
Cela ne l’empêche pas de nous parler, avec beaucoup d’humour et une grande pudeur, de sa conscience de vieillir, et du sentiment de la perte, avec, en vrac: les illusions, les amis, les dents… Ou, sans aucun état d’âme, de ce que l’on ne dit jamais: le goût très métallique dans la bouche que donne les médicaments de la chimio. mais Michèle Guigon nous raconte aussi qu’elle a encore plus apprécié les petits bonheurs de la vie quotidienne après avoir été à deux doigts de la quitter.
Comme le texte de La Vie va où est remarquablement écrit, dans une langue à la fois précise et savoureuse, que la diction est vraiment impeccable, on ne se lasse pas d’écouter le récit de ce voyage intérieur, aussi intelligent que plein d’émotion et de tendresse. Et dont, c’est garanti, les élèves de cours de théâtre ne tarderont pas, avec raison, à s’emparer…
Philippe du Vignal
Editions Camino verde 82 rue du Chemin vert 75011 Paris. 20€
de la part de la chef blogueuse: cette critique a été déplacée pour correspondre à son sujet:
michel dit:
Voilà que je viens de me faire avoir,au T.N.P. de Villeurbanne où la pièce est donnée ces jours-ci! AH! si j’avais lu les critiques comme la vôtre,auparavant! La déception et la tristesse de voir l’œuvre ainsi mise à mal en seraient moins brutales d’avoir été prévenu.