LE SUICIDÉ
Le suicidé de N. Erdman mise en scène de Patrick Pineau
D’anciens souvenirs reviennent sur les mises en scène de cette pièce, celle de Jean-Louis Barrault dans les années 70 et beaucoup plus récemment celle de Volodia Serre à Villejuif.C’est une heureuse reprise de cette pièce décapante écrite en 1928 qui a valu des déboires à Erdman avec le pouvoir soviétique.Le héros, Semion Podsekalnikov, chômeur affamé, réveille sa femme en pleine nuit, à la recherche du saucisson dont il n’a pu se régaler. Devant ses récriminations et ses menaces de mettre fin à ses jours, elle se lève, réveille sa mère. Il a disparu, serait-il parti se suicider ? Les toilettes sont fermées, on réveille le voisin pour enfoncer la porte. Il n’est pas là mais on le retrouve menaçant d’attenter à ses jours en écrivant qu’il ne faut accuser personne de sa mort. Aussitôt il est surpris par des voisins qui le prient de rendre responsable de sa mort le mépris de l’intelligentsia russe et de toutes sortes de causes perdues, les plus loufoques. Il ne dit pas non, fait semblant de mettre son suicide au service des pétitionnaires. Mais au moment de passer à l’acte, il se couche dans son cercueil au cours du splendide banquet funéraire. Il se réveille pour maudire les les convives et acclamer sa petite vie précieuse.
Interprété par une vingtaine de brillants acteurs, l’humour décapant de cette pièce qui a valu les foudres de Staline à Nicolaï Erdman est bienfaisant.
Edith Rappoport
MC 93 de Bobigny, jusqu’au 15 janvier, 01 41 60 72 72,, www.mc93.com et en tournée
http://www.dailymotion.com/video/xlxdhf
On confirme; la pièce était un peu perdue à la Carrière Boulbon lors du dernier Festival d’Avignon et l’on attendait avec impatience sa reprise sur un vrai plateau de théâtre plus adapté à cette farce; l’excellente mise en scène de Patrick Pineau comme le jeu des acteurs, dont lui-même dans le rôle du Suicidé mettent bien valeur le texte d’une férocité et d’une drôlerie exemplaire (on comprend que Staline n’ait pas supporté cette raillerie du pouvoir soviétique!).
Les dialogues de cette pièce, 84 ans, après avoir été écrite, reste d’une fraîcheur étonnante; surtout allez-y, vous rirez bien et cela faisait vraiment plaisir de voir cette bande de comédiens très soudée s’en emparer et le public leur a fait une ovation tout à fait méritée.
Philippe du Vignal