Nathan le sage

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Nathan le sage de Lessing, mise en scène Bernard Bloch.

Depuis une dizaine d’années, Bernard Bloch qui est né en Alsace, metteur en scène, comédien, traducteur, questionne les incompréhensibles massacres du XXe siècle . Après deux spectacles impressionnants, Lehaïm à la vie tiré du beau livre d’Herlinde Koelbel et Le chercheur de traces d’Imre Kertész (voir Cassandre 87), il s’est attaqué à cette longue pièce emblématique du siècle des lumières écrite par Lessing en 1776.
En exergue, Bernard Bloch cite une phrase de Kertész: “Ce qui est le plus incompréhensible, le moins naturel, ce n’est pas le mal, c’est le bien. Et l’action bonne, le bon geste, sont si rares, si inouïs qu’ils sont plus forts que tous les totalitarismes”.

Nathan le Sage avait été créé en France par Bernard Sobel en 1987  à Gennevilliers,  et  François Mitterand y avait assisté le même soir que nombre d’entre nous. Mais, hormis Jack Ralite, les hommes politiques fréquentent peu le théâtre public ! Dominique Lurcel avait aussi mis la pièce en scène au Théâtre Jean Arp de Clamart en 2004 , puis  au Théâtre Montfort.
On est en 1187, à Jérusalem, Nathan le Sage, riche marchand juif, revient de Damas et de Babylone, avec ses chameaux chargés des fruits de son négoce. Il apprend que sa fille chérie Recha, a été sauvée des flammes par un jeune Templier. Il veut le remercier, mais le jeune homme se dérobe, ne souhaitant pas se compromettre avec des juifs, lui qui combat pour sa foi chrétienne.
Le sultan Saladin qui règne sur la ville, est frappé par la ressemblance étrange entre le Templier et son défunt frère. Le Templier finit par rencontrer Recha,  et  s’en éprend soudainement; son amour est partagé, mais il fuit la jeune fille, la croyant juive.  Après avoir appris par sa gouvernante que Recha n’est pas la vraie fille de Nathan,  mais une chrétienne recueillie dans ses langes après  la mort de la femme et des sept fils du marchand dans  une  guerre de religion, le Templier va consulter le Patriarche chrétien, pour lui poser la question de la foi, sans lui révéler l’identité des protagonistes. Le Patriarche menace du feu un juif qui aurait élevé une chrétienne, sans lui révéler la vraie foi !

Ce premier acte d’exposition long et compliqué, finit par s’imposer dans un espace nu cerné de chaises autour d’un espace circulaire où les personnages viennent s’affronter. Le plateau est cerné par de grands vélums verts qui s’abattent au début du deuxième acte.
Il y a maintenant au centre du plateau un amas de draperies et de gros sacs de trésors amoncelés. Le sultan, à court d’argent pour mener la guerre , doit emprunter à Nathan qui accepte bien volontiers.
Recha retrouve son templier qui retrouvera sa véritable identité: lui non plus n’est pas chrétien,  mais fils du défunt frère du sultan. Au moment où les deux amants croient pouvoir se retrouver, ultime coup de théâtre dans le goût de l’époque: Nathan  leur révèle que le Templier est  le frère de Recha !

Neuf acteurs solides: en particulier, Philippe Dormoy (Nathan),  Miloud Khetib (sultan,) Philippe Mercier (derviche et patriarche), Nils Ohlund (le Templier) donnent vie à ce beau capharnaüm d’identités, et, malgré les longueurs d’une première partie écrite dans un siècle où le temps n’était pas encore de l’argent, le spectacle a enthousiasmé une salle pleine de spectateurs très jeunes pour la plupart.

Edith Rappoport

Comédie de l’Est, jusqu’au 11 février, puis en tournée, www.comedie-est.com

 


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