IDA OU LE DELIRE
Ida ou le délire d’ Hélène Bessette, conception et jeu: Anaïs de Courson.
Comme Félicité, la servante de Madame Aubain que tout le monde lui enviait, personne et surtout pas ses patrons, ne connaissait Ida, la bonne. Et maintenant, Ida est morte, tuée par un camion, alors qu’elle traversait en dehors des clous. Sa patronne l’avait prévenue pourtant; « Ida, ne regardez pas vos pieds comme ça ».
Mais Ida regardait toujours ses pieds et ne traversait même pas dans les clous. Et celles qui l’ont employée essayent de parler de cette Ida qu’elles ne connaissaient pas. Elles en parlent avec cette condescendance trouble des patrons pour leurs employés.Ida ou le délire est le dernier texte d’Hélène Bessette et qu’a publié Gallimard en 1973.
Hélène Bessette, a écrit une œuvre qui eut une destinée étrange: douze romans (chez Gallimard) et qui eut des admirateurs et non des moindres- Marguerite Duras, Nathalie Sarraute- et des nominations aux grands prix littéraires… et puis l’oubli. Oubli auquel les Editions Leo Scheer sont en train de mettre fin. Comme Anaïs de Courson qui nous fait entendre ce portrait d’ Ida et surtout cette langue âpre, précise, drôle, terrible qu’elle fait surgir de son corps toujours en mouvement, comme si elle lui sortait des mains. Et l’on comprend l’admiration de Marguerite Duras pour cette femme qui avait fondé le Gang du Roman Poétique et qui maniait la langue comme une arme.
Un très beau moment de paroles en mouvement. On regrette juste qu’Anaïs de Courson porte une robe ni belle, ni laide, mais juste impossible.
Françoise du Chaxel, 2 Février 2012
A la Maison de la Poésie, Passage Molière, 157 rue Saint Martin, 75003, jusqu’au 19 Février.
01 44 54 53 00.
Editions Leo Scheer/collection Loreli.