Contes Nocturnes
Contes Nocturnes de Ernst Theoder Armadeus Hoffmann en langue hongroise mise en scène de Vladyslav Troitskyi
Le metteur en scène est déjà un personnage à lui tout seul, à la fois directeur, producteur et directeur artistique du Gogolfest en Ukraine, un très important festival à la croisée de la musique, de la danse, de la vidéo et du théâtre.
Ce festival d’avant-garde centré sur la création contemporaine, réunit depuis 2007, en septembre à Kiev, 150.000 spectateurs et de nombreux artistes de toute provenance dont bien sûr, la Pologne, la Russie, la Hongrie et l’Ukraine. Il a réalisé avec des comédiens hongrois du théâtre Barka une très libre adaptation de ce qui semble être Les Contes d’Hoffmann.
Certains spectateurs comprenant la langue hongroise ont eu du mal à suivre le récit. Il est vrai que le travail du metteur en scène avec les acteurs est essentiellement fondé sur l’improvisation. Et chaque soir, une trame différente peut survenir selon la volonté des artistes.
Les comédiens hongrois incarnent avec justesse les personnages du conte comme le prince, la princesse ou une fée, mais ce sont surtout les images produites par dix acteurs, deux musiciens, un pianiste et un violoniste.qui marquent le spectateur. Le metteur en scène a imaginé une scénographie qui rappelle une chambre d’enfant pénétrée de rêves et de cauchemars. Cheval de bois à bascule, bébé en celluloïd, lit métallique sur roulettes, bougeoirs, côtoient un cercueil, une table et une brouette en bois ! Espace limité à cour par un piano et, à jardin, par une serre en verre qui peuvent symboliser la mémoire tchékovienne du passé.
Il y a par instants de belles images oniriques renforcées par de beaux moments musicaux qui peuvent séduire un public. Quand, par exemple, un des personnages féminins devient une fragile et impressionnante marionnette. Le spectacle présente un défaut majeur pour tout spectateur qui possède quelques références théâtrales: le rythme, les objets scéniques et les personnages font beaucoup trop penser à ceux du mythique théâtre de Tadeusz Kantor.
Trotskiy est invité à présenter une de ses créations, l’hiver prochain au Théâtre de la Ville: il peut nous surprendre et nous attendons donc avec impatience sa venue à Paris.
Jean Couturier