Exposition « Danser sa vie » au Centre Pompidou
Danser sa vie, au Centre Georges Pompidou
L’ exposition explore le dialogue fusionnel entre la danse et les arts visuels qui ont eu une influence décisive sur la danse contemporaine. Danser sa vie est aussi un hommage à Isadora Duncan: « mon art, disait-elle, est précisément un effort pour exprimer en gestes et en mouvements la vérité de mon être. Dés le début, je n’ai fait que danser ma vie. ».
Trois axes thématiques sont proposés: d’abord celui de l’expression de la subjectivité avec les sculptures de Rodin et les dessins de Bourdelle. Reprise par les danseurs de l’Opéra de Paris, la vidéo de L’Après-midi d’un faune de Nijinski , côtoie La Danse de Paris d’Henri Matisse pour qui la danse incarnait l’énergie de la vie. Puis la danse et la nature sont illustrée par les peintures des expressionnistes Emil Nolde et d’André Derain.
Le troisième Reich est représenté avec Ludwig Kirchner, et La lamentation de la mort de Mary Wigman et des photos des jeux olympiques nazis en 1936. En contrepoint de ces images, le public découvre Le Sacre du printemps de Pina Bausch créé en 1975.
La deuxième partie de l’exposition , on peut voir Danse et abstraction de Loïe Fuller avec la danse serpentine, L’Acrobate bleu de Picasso (1929) et une vidéo d’un ballet de William Forsythe qui illustre la danse abstraite comme création.
Des peintures de Man Ray aux sculptures de Frank Holder, de Wassili Kandinsky aux vidéos d’Alwin Nicolaïs, on voit comment la danse fait entrer le corps dans la modernité.
La troisième partie de l’exposition : Performance et danse est un dialogue entre l’art et la vie. Des photos d’André Kertész de 1926 , au corps nu et ruisselant de la muse de Jan Fabre dont l’esthétique fait de l’œuvre une manifestation visible de la vie. Il y a aussi Trisha Brown qui occupe les toits et les rues. de New York Les photos d’Andy Warhol et celles de l’atelier de Brancusi nous conduisent vers les pas de Merce Cunningham pour qui « l’art ne contredit pas le divertissement ».
Huit vidéos des protagonistes des mythiques nuits de Nine Evenings, et des photos d’Yvonne Rainer terminent le parcours, ainsi que Jérôme Bel qui rythme la fin avec un ballet de David Bowie.
Malgré la richesse des œuvres présentées, Danser sa vie semble avoir été conçue pour des spécialistes, mais on peut parier que nombre d’entre eux n’y trouveront pas leur compte. Comment expliquer cette scénographie mal conçue? Comment peut-on montrer une vidéo du solo de Lucinda Childs dans le très fameux opéra de Bob Wilson Einstein on the beach sans la musique de Phil Glass? Pourquoi n’y a-t-il pas de costumes de ballet présentés?
Les courants allemands et américains sont bien illustrés ainsi que les très fameux Ballets russes mais la France reste en marge… Il aurait sans doute fallu faire appel à de véritables spécialistes et historiens de la danse contemporaine.. Ce qui aurait évité de présenter une exposition bien propre mais sans véritable pensée ni engagement artistique! Dommage pour la danse contemporaine et pour le Centre Pompidou…
Nathalie Markovics.
Au Centre Georges Pompidou jusqu’au 2 avril
Catalogue: Editions du Centre Georges Pompidou Danser sa vie, 319p, 49,90 Euros