Il faut je ne veux pas

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée d’Alfred de Musset et Je ne veux pas me marier de Jean-Marie Besset, mise en scène de Jean-Marie Besset.

      Il faut je ne veux pas photo_creation_ilfautjeneveuxpas_1La pièce  date de 1845;  Musset l’écrit  quelque dix ans avant qu’il ne meure à 47 ans seulement, quelque peu oublié, et c’est sans doute l’une de ses plus réussies..  Musset signe là un dialogue étincelant et d’une rare intelligence,  qui  ressemble déjà parfois à ceux de Tchekov et de Guitry.  Une jeune marquise de trente ans, déjà veuve  (on dirait quarante maintenant) a visiblement un penchant pour un voisin qui lui vend du foin et des pommes et qu’elle va emmener le soir au théâtre; elle reçoit un jeune comte libre de tout attachement qui fait l’amour avec de jeunes danseuses de l’Opéra, ce qui était la norme à l’époque.
Mais il aime depuis un bon moment cette marquise libre et  indépendante, et ne sait comment le lui dire… D’autant qu’elle est fort jolie et qu’elle ne manque pas de répartie.

  Cela se passe dans un appartement à Paris, aux murs gris sale (on ne sait pourquoi); il y a un piano droit noir, un canapé de bois noir au tissu  blanc et deux tabourets  en x, du même style, totalement à côté de la plaque.. Malgré une direction d’acteurs assez  flottante et une mise en scène carrément ringarde (des projections par derrière, un faux feu de bois où l’on met une vraie bûche :o n voit alors les flammes qui se projettent sur le mur! )Les deux acteurs, Blanche Leleu qui a un peu de mal au début et Adrien Melin arrivent quand même à s’en sortir tant bien que mal.
Il y a ensuite un petit intermède ridicule où la Marquise indique aux accessoiristes là où il faut mettre les meubles contemporains (tous aux abris!), le décor restant le même pour montrer sans doute  que,  si le les meubles ont changé, les hommes et les femmes, bien des générations et une révolution sexuelle plus tard, sont en proie à des sentiments qui n’ont guère changé, quand il s’agit de mariage c’est à dire de l’organisation d’une vie à deux.
Je ne veux pas me marier est un petite pièce  où un jeune couple: elle , prof agrégée de math  à 22 ans,  enseigne en prépa et lui est un beau banquier: bref, ils n’ont pas de soucis d’argent. Cela fait six mois qu’il vivent ensemble dans l’appartement soit de l’un soit de l’autre mais la date du mariage approche, et elle se sent prise de vertige à l’idée de vivre au jour le jour avec cet homme qu’elle connaît finalement peu, et lui, de son côté,  qui ne sait plus très bien où il en est, n’en mène pas large non plus, d’autant que les jeux sont faits puisqu’elle est enceinte depuis peu.

  Après tout pourquoi pas? Mais ce qui pourrait faire à la rigueur un petit sketch , au mieux sympathique,  est ici pesant est sans intérêt. Musset/Besset, même combat: semble vouloir nous murmurer à l’oreille, l’auteur. D’un côté, la grâce et la finesse de Musset, la formidable modernité d’une langue précise et délicieuse à entendre, mais de l’autre… une petite bouillie banale et sans saveur aucune. Désolé d’être franc mais le dialogue de Besset ne vole guère plus haut que ceux de Plus belle la vie, et l’auteur- metteur en scène mouline-à tel point que cela en devient pathétique- pour essayer d’imposer des personnages qui  sont à peine crédibles et il ne se prive pas de balancer en projection le personnage  de la marquise, sans doute pour bien faire sentir que le problème de la vie deux n’est pas plus simple à résoudre de nos jours, qu’au milieu du 19 ème siècle, malgré la révolution sexuelle d’après 68.
C’est le même acteur qui joue aussi Tigrane le mari, là aussi pour sans doute mieux faire sentir la permanence du couple. Peu  et mal dirigés, Adrien Melin et Chloé Olivères font ce qu’ils peuvent, mais comment donner vie à cette ovni ? A l’impossible , nul n’est tenu…

 Alors à voir? Sûrement pas. Aucune raison, mais vraiment aucune,  de vous faire perdre une soirée,  et  21 euros …

Philippe du Vignal

Théâtre de l’Œuvre, Paris.  T: O1-44-53-88-88

 


2 commentaires

  1. anne dit :

    Le théâtre privé est nécessairement plus cher que le théâtre public. Encore que j’aie payé hier 34 euros pour un spectacle affligeant au Rond-Point, et 10,50€ (50% aux premières) à l’Oeuvre, petite salle délicieuse où j’ai pris un vif plaisir à ces deux petites comédies, auxquelles de très bons jeunes comédiens donnent un charme légèrement enivrant. Ils étaient vraiment très bons, hier! Il y a des scories dans le texte de Besset, et quelques afféteries dans la mise en scène du Musset, je l’accorde, mais je suis sortie heureuse de ce fort plaisant spectacle. Quant au feu factice, il est là pour le symbole, et la vraie bûche ne me gêne en rien: on comprend que cet accessoire n’est là que pour permettre le jeu de scène qui suit: la « mise à nu ».
    Bref: ne boudons pas notre plaisir!

  2. Estelle J. dit :

    Madame, Monsieur,

    La compagnie Jeux-Nous présente actuellement au théâtre du Marais la pièce de théâtre Les Caprices de Marianne, jusqu’au 31 Mars.

    Si vous désirez plus d’informations, je vous prie de bien vouloir nous contacter à l’adresse suivante: agency.aroundtheclock@gmail.com

    Estelle J. – Agence de relations presse Around the Clock

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