Brassens n’est pas une pipe, spectacle musical mis en scène de Susana Lastreto, arrangements musicaux d’Annabel de Courson et Jorge Migoya.
Cela se passe au Théâtre Dejazet, du nom d’une comédienne Virginie Dejazet, espiègle et drôle, qui a joué dans de très nombreuses pièces et qui est morte en 1875. C’est là aussi qu’ a officié récemment le candidat François Hollande.Voilà, vous aurez moins appris quelque chose!
Bon pour en revenir à ce Brassens n’est pas une pipe, dont le titre est évidemment emprunté à René Magritte, c’est une sorte d’hommage au plus aimé des chanteurs du 20 ème siècle qui, comme chacun sait, repose depuis trente ans cette année, non avec Valéry et Vilar au fameux cimetière marin de Sète, sa ville natale, mais à celui dit « des pauvres « qui domine l’étang de Thau. Après tout , c’est peut-être mieux comme cela.
Donc, Susana Lastreto est partie à la rencontre de cet homme incroyable, en utilisant pas mal de ses chansons parmi les 197 qu’il a écrites avec entre autres: La mauvaise Réputation, La Cane de Jeanne, Pauvre Martin, Le Fossoyeur, Brave Margot, Chanson pour l’Auvergnat, et des poèmes ou des phrases de lui mais aussi de petits textes écrits de son cru .
« Depuis toujours la compagnie GRRR mêle théâtre et musique et affirme son amour pour le music-hall, le cabaret et le théâtre de texte ». On veut bien mais cela donne quoi? Pas grand chose d’ intéressant, malgré la présence de François Frappier mais qui est mal utilisé, d’Hélène Hardouin, une formidable comédienne-chanteuse qui sait être émouvante sans pathos; il y a aussi les très bons arrangements musicaux de Jorge Migoya au synthé mais qui joue aussi de la contrebasse, et d’Annabel de Courson. Avec ces quatre-là, on pouvait faire quelque chose de ludique et d’un peu anar …
Malheureusement, Susana Lastreto, en grande robe noire de soirée, se prend pour une meneuse de cabaret et le spectacle est pathétique de médiocrité, ou alors, c’est dans un second degré type cabaret minable qui rejoint vite le premier. Elle en fait des tonnes, se fait plaisir et bavarde pour introduire les chansons, ou pour faire intervenir le public comme dans les music-halls d’autrefois mais cela devient vite assez pénible à voir comme à entendre; il n’y a pas vraiment de fil rouge, les costumes sont d’une laideur à crier, les chorégraphies aussi sosottes que la scénographie, et la mise en scène sans aucun rythme, la chose n’en finit pas de finir… Comme il n’y a pas grand monde dans la salle, c’est encore plus terrible.
Alors que Susana Lastreto aurait pu, avec les talents qu’elle avait, faire les choses simplement et de façon beaucoup plus efficace…Brassens méritait mieux que ce semblant de spectacle musical mal ficelé. On peut toujours se consoler quand on entend ses belles mélodies bien chantées mais on reste vraiment sur sa faim.
Philippe du Vignal
Théâtre Dejazet jusqu’au 11 mars.