S’envoler… Conte boréal
S’envoler… Conte boréal, texte de Jean-Christophe Bailly et Gilberte Tsaï, mise en scène de Gilberte Tsaï.
Le spectacle est adapté du célèbre conte qui a bercé les enfants suédois, Le Merveilleux voyage de Nils Hölgersson, de Selma Lagerlöf. C’est l’histoire de Nils, un jeune et turbulent fils de fermier, qui persécute les animaux de la ferme. Un jour, pour le punir, un tomte (sorte de lutin) le transforme en un être minuscule et capable de communiquer avec les animaux.
Le garçon est désormais à la merci de ses anciennes victimes, quand voilà, que tout à coup, Martin, jars de son état, décide de s’envoler à la poursuite d’une bande d’oies sauvages qui passaient dans le ciel. Nils s’accroche à son cou pour le retenir mais se retrouve entraîné avec lui dans les airs. C’est le début d’une longue épopée à travers la Suède, pour rejoindre la terre de Laponie où les oies s’installent pour fonder une famille.
La mise en scène de Gilberte Tsaï recrée sur scène cet univers féérique. Le spectateur retrouve les réflexes de ses jeux d’enfant, quand il lui fallait inventer des histoires à partir d’un presque rien, quand un bout de bâton suggérait toute une aventure, et qu’il suffisait d’y croire un peu pour qu’un monde apparaisse. On joue à croire…
Une silhouette d’oiseau au bout d’une baguette devant un paysage de forêt, un peu de musique, et c’est la fabuleuse danse des grues. Des caquètements, des silhouettes de poules fragmentées sur de petits écrans, et c’est l’attaque du poulailler. On tremble devant l’attaque d’un chat géant, simplement suggéré par une énorme paire d’yeux et quelques miaulements stridents.
Les technologies de son et de projection se mêlent savamment à celles plus traditionnelles de la marionnette pour servir de support à l’imaginaire, sans que ce soit au détriment des acteurs ou de la perception. Nils se retrouve ainsi projeté en taille miniature dans un livre de carton blanc, regarde une ville-maquette traverser la scène comme un regret de sa vie d’humain, tandis que les acteurs-oies battent des ailes au milieu des nuages, la terre défilant au dessous d’eux.
Les comédiens, parfaitement à l’aise dans cet univers scénique, participent de la magie de l’histoire. Ils parviennent à rendre attachants ces animaux mi-hommes, mi-marionnettes , alors même qu’ils ne peuvent pas jouer de l’expression du visage. Ils nous font partager, le temps du périple à travers le pays, une certaine perception du monde propre aux animaux, une relation spontanée à la nature, avec ses beautés inédites, mais aussi ses dangers. Et la pire menace, c’est l’homme. C’est d’ailleurs le seul reproche qu’on pourrait faire au spectacle: une part didactique et écologique dénonçant un peu trop l’exploitation de la nature par l’homme.
Malgré tout, le spectacle reste un ravissement pour les enfants qui découvriront ainsi un très beau conte suédois. Sa durée (1h) et ses horaires le rendent accessible à ce jeune public pourtant encore peu présent. Le théâtre y rappelle à tous comme l’imaginaire peut faire naître le jeu d’un rien.
C’est une invitation à retrouver le plaisir des jeux simples, peut-être un peu trop oubliés à l’heure du virtuel.
Elise Blanc
Nouveau Théâtre de Montreuil jusqu’au 17 Février.