Je ne suis personne

Je ne suis personne montage de textes de  Fernando Pessoa, mise en scène de Guillaume Clayssen.

Je ne suis personne je-ne-suis-personne-300x284Guillaume Clayssen a présenté depuis 2005 aux Rencontres de la Cartoucherie  quelques expériences théâtrales singulières, d’abord avec  Attention ! Attentions, puis à l’Étoile du Nord  Les Monstres philosophes, À la grecque Memento moi dans le cadre du festival À court de forme.
Avec Je ne suis personne, Clayssen  pénètre dans l’univers de Fernando Pessoa, étrange et prolifique poète portugais, passionné par les hétéronymes dont Personne , le nom qu’Ulysse avait donné de lui au Cyclope. “Être cohérent est une maladie, un atavisme peut-être ; cela remonte à des ancêtres animaux à un stade de leur évolution où cette disgrâce était naturelle” (…) Surviens-toi à toi-même ! (…) La vérité est la seule excuse de l’abondance, nul homme ne devrait laisser plus de vingt livres, à moins de pouvoir écrire comme vingt hommes différents…” écrivait Pessoa ! Il ne s’en est pas privé,  signant son œuvre abondante de nombreux pseudonymes !
Aurelia Arto, fragile et séduisante comédienne, fait irruption sur le plateau,  et reste prostrée par terre autour d’un tube  fluorescent qu’on lui lance, se relève et nous emmène dans un voyage poétique en apparence incohérent mais toujours surprenant.Elle se juche sur un grand fauteuil, le déplace;  elle est mutine, enjouée et  grave à la fois. Pour qui n’a lu que Le Livre de l’intranquillité, ou même pour une découverte de l’auteur, c’est un beau voyage à entreprendre.

Edith Rappoport

Spectacle joué à La Loge du 26 février au 1 er mars.

Edith Rappoport

www.lalogeparis.fr

 

 


Archive pour 3 mars, 2012

Le foie

Le Foie de François Bégaudeau, version radiophonique, réalisation de Blandine Masson et  Arnaud Meunier.

François Bégaudeau avait relaté dans  Entre les les murs  sa rude expérience d’enseignant ; le livre avait marqué nombre d’entre nous et il en avait tiré un film en 2006. Théâtre Ouvert avait accueilli  l’année suivante, une première approche théâtrale de ce texte réalisé par François Wastiaux.

L’auteur a publié depuis une dizaine d’œuvres dont Le Problème, créé par Arnaud Meunier,  directeur de la Comédie de Saint-Étienne, et présenté en 2011 au Théâtre du Nord à Lille et au Théâtre du Rond-Point, avant d’être repris en tournée.
Théâtre Ouvert a accueilli cette version radiophonique de ce nouveau texte, Le Foie, mettant en scène une difficile rencontre entre une mère et son fils venu lui rendre une visite annuelle, à l’occasion de la publication de son dernier livre, dans une ville de province. On nous  distribue des écouteurs à l’entrée pour bien entendre, et il y a un bruiteur derrière les comédiens qui agite divers accessoires. Les rapports sont tendus, le fils, agressif, reproche à sa mère de n’aborder que des sujets anodins, comme le fromage qu’il aime, et qu’elle n’a pu trouver au supermarché. Elle se défend comme elle peut, admet qu’elle n’a jamais lu une seule des œuvres que son fils lui envoie,  et dont elle est fière,  elle, une petite retraitée des P.T.T. !
Lui, la menace de partir, partir pour de bon, pour ne plus jamais revenir. Elle se défend, elle est sa mère, et il lui doit la vie et son talent reconnu. Elle a invité Françoise, une amie proche qui apporte des meringues dont son fils raffole. Il refuse de s’asseoir mais reste,  sans goûter à la meringue, mais son agressivité s’apaisera. Ce récit quelque peu autobiographique concerne au-delà des artistes chacun d’entre nous, dans la difficulté de trouver les mots d’amour entre parents et enfants, avant qu’il ne soit trop tard.

Edith Rappoport

Spectacle présenté à Théâtre Ouvert,  CitéVéron, Paris XVIIIème et diffusé le 29 février sur France-Culture à l’Atelier fiction, de 23 h à minuit.

Héritages

Héritages  de Bertrand Leclair, mise en scène d’ Emmanuelle Laborit.

  Héritages 26e54da0c204c7e72617cb4aa7563ba9 Une réunion dans la maison familiale après le décès de la mère, le père autorité incontestée est mort depuis longtemps, et Julien l’aîné des enfants, sourd profond depuis sa naissance, retrouve après vingt cinq ans d’absence, Françoise, sa sœur et Xavier , son frère qui ont publié une petite annonce pour régler l’héritage.
Julien est accompagné de sa femme Hélène et de son fils Alex, tous deux sourds. Après des années de silence, les vieilles blessures d’enfance sont encore à vif: Julien a fui l’autorité d’un père despotique qui refusait la langue des signes et  qui voulait le forcer à apprendre à parler d’une voix insupportable pour les étrangers à la famille.
Les retrouvailles sont tendues, heureusement une interprète les accompagne, qui traduit à une vitesse étonnante, Françoise a appris a langue des signes et parvient à communiquer  mais Xavier  qui a subi l’influence du despotisme paternel, crie sa jalousie : Julien n’avait-il pas bénéficié de toutes les attentions paternelles, alors que son jeune frère  avait consacré sa vie à défendre l’oralité.Et l’on découvre la lutte acharnée entre défenseurs de l’oralité et ceux de la langue des signes, interdite en 1878 par le congrès de Milan.

Au-delà du dialogue qui parvient à se rétablir entre les trois sourds et les trois entendants, tous dotés d’une belle présence, on retrouve les mêmes blessures éprouvées dans le deuil des parents, quel que soit le langage utilisé. Que faire de la maison familiale, faut-il la vendre ? Le jeune Alex propose d’en faire une maison d’accueil pour les sourds, mais son oncle est réticent, pensant ainsi  bafouer ainsi la mémoire de son père. On se sépare en promettant de s’écrire !
Cette création théâtrale est issue d’un travail de résidence sur la rencontre entre deux langues et deux cultures. IVT créé en 1976,  est installé depuis 2007 dans l’ancien théâtre historique de Grand Guignol, sous la direction d’Emmanuelle Laborit. C’est une jolie salle de spectacle, un lieu de création artistique, une école de langue des signes qui reçoit 900 personnes  par an,  et une maison d’édition.
La langue des sourds conçue par l’Abbé de l’Épée à la fin du XVIII ème siècle, n’a été reconnue officiellement en France qu’en 2005…

Edith Rappoport

Jusqu’au 4 mars, 7 cité Chaptal, 75009 Paris
www.ivt.fr

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