Gaëtan

Gaëtan (Pièces à assembler à la maison),  texte et mise en scène de Marcel Pomerlo.

    Gaëtan  imageActeur, auteur et metteur en scène,  Marcel Pomerlo   est connu, entre autres, pour  ses portraits en solo:Verlaine,Rimbaud, Cocteau, Élie Wiesel…
Il revient  avec  un spectacle intimiste où  il assume le rôle de Gaëtan , un homme  à la recherche de ses parents biologiques qui l’ont abandonné quand il était tout petit.
Muni d’une lettre de sa jeune mère qui l’avait déposé à l’orphelinat dès sa naissance, ce conteur/poète reconstitue sa vie, ses solitudes, et surtout la découverte d’un beau portrait de la comédienne Jeanne Samary peinte par Renoir qui a transformé son existence
.
C’est une rencontre délicate avec le public qui devient surtout intéressante  pendant les trente dernières minutes.Avec des éclairages aux tons légèrement bleuâtres et des  blancheurs diaphanes qui  inscrivent le spectacle dans une monde de rêve … Mais la première partie
tient plutôt  d’un conte moral pour  ados!
Cette vie solitaire et fragmentée où se  reflète la nostalgie d’une  mère qu’il n’a jamais connue, peut  toucher  les cœurs tendres mais  la naïveté des propos, et une sensiblerie  presque larmoyante  deviennent  parfois  insupportables

 Toujours à la recherche d’une figure maternelle sous toutes ses formes possibles,  Gaëtan est attiré par la beauté lumineuse  du portrait peint par  Renoir et aussi, à l’orphelinat, par la gentillesse de la sœur Rivette. Dès  qu’elle meurt, l’imaginaire  scénique  s’envole et tout bascule. Libéré de sa solitude par ce portrait magique, il ramasse le linge blanc, éphémère  évocation de  la disparue, et se met à danser avec ces traces  vestimentaires d’une  figure féminine, ce  qui lui procure alors une nouvelle vie. Une musique rythmée s’empare de son corps  dont  la joie de vivre  explose alors avec des mouvements  frénétiques.
Pour cette ultime  explosion  de plaisir chez lui,  le metteur en scène a introduit une projection de  tableaux   sur le mur du fond, expression  d’une modernité  incarnée par l’œuvre du peintre québécois  Marc Tremblay. Mais cette  dernière vision de bonheur le prépare mal à la déception qui suit: la recherche de sa mère n’aboutira pas! 

La rencontre avec le public  devient intéressante en fait, à partir du moment où  le personnage cesse  de tout expliquer; il y a, par exemple, un moment d’enchantement,: assis à table, il  écoute un enregistrement de la soprano Elizabeth Schwarzkopf. La  parole,  soutenue par la lumière, la musique, des fragments de texte  et l’expression du corps presque diaphane de l’acteur, évoquent  une « autre réalité « , clairement  ancrée dans une esthétique symboliste,: celle de la présence mystérieuse  et immatérielle d’une figure absente.  Cela fait penser aux spectacles de Denis Marleau, voire à l’œuvre de Maëterlinck. Dans ce monde des « absences »,  le texte, par moments un peu pédagogique, a quelque chose d’irritant! Mais le spectacle peut évoluer..

 Alvina Ruprecht

 Centre des Arts d’ Ottawa.

 


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