Le bonheur est dans le chant

Le bonheur est dans le chant, adaptation du texte d’Eugène Durif, mise en scène d’Etienne Grebot.

  Le bonheur est dans le chant Guillaume-BaptisteOn connaît depuis plus d’une vingtaine d’années déjà la très bonne « fanfare tout terrain » des Grooms, groupe musical, vocal et théâtral qui, ces derniers temps, a revisité  Wagner avec La Tétralogie de Quat’sous, Purcell avec Un Roi Arthur(Voir Le Théâtre du Blog) et Mozart avec La Flûte en chantier. Ici, Les Grooms, à  l’occasion  du Printemps des Rues, le festival d’arts de la rue dans le I0 ème arrondissement, ont pris pour terrain d’atterrissage,  samedi et dimanche, tout près de la place du colonel Fabien, la place Robert Desnos, au coin  des rues Albert Camus, Francis James, croisé il y a bien longtemps sur la plage de  Guéthary  et Tadeusz Boy-Zelenski (1874-1941),  écrivain, poète et satiriste, et  surtout traducteur de centaines  d’œuvres françaises en polonais. Fusillé par les allemands comme une centaine d’écrivains et artistes polonais de Lwlow en Géorgie! Bref, que de bons écrivains et poètes.
  Il y a un petit podium (ce n’est pas l’espace de la photo ci-dessus mais on va vous la mettre dès que possible) où Madame la maire du 10 ème arrondissement , avec derrière elle la fanfare  des Grooms: (une trompette, quatre saxos:  baryton, ténor, alto et soprano, un trombone) qui  joue avec deux chanteuses). Elle  accueille Jigme Singye Wangchuck, roi du Boutan (incarné par l’excellent Pierre Samuel, le comédien d’Action discrète de Canal Plus)  avec les honneurs dûs à son rang.  
Le Bhoutan est une petite royauté boudhiste Est-himalayenne de 800.000 âmes, coincée entre la Chine et l’Inde, qui inventa au début des années 70, une nouvelle mesure économique alternative : le BNB  (Bonheur National Brut). Alors que la France n’en serait qu’au 47 ème rang juste avant la Chine… Pays peu  développé, le Bhoutan s’est inquiétée de façon prophétique de la mondialisation et a tenu à préserver ses valeurs sociales en les ancrant dans les termes que le monde entier pourra comprendre et respecter. C’est ainsi qu’elle a cherché à mesurer la notion de progrès en prenant en compte le développement économique mais aussi les atouts sociaux, culturels et environnementaux. Jusqu’à la fin des années 90, la télévision et internet étaient même interdits au Bhoutan… A l’heure actuelle, de nombreux économistes dans le monde commencent à s’intéresser à cette notion de Bonheur qu’ils essaient de quantifier tant bien que mal.
Les Grooms font leur entrée en musique , nimbés de fumigènes bleu, blanc, rouge. La maire remet à  Jigme Singye Wangchuck, sous les applaudissements du public, la grande clé d’or de l’arrondissement. Remerciements, accolades, et musique évidemment.La sono mis en place par le Festival  ne fonctionne pas ou si peu. Dommage, on aurait bien aimé entendre,  autrement que par bribes, le texte de Durif. Mais Les Grooms jouent bien les airs composés par Antoine Rosset, et comme c’est bien réglé et bien  mis en scène, on se laisse prendre facilement…
Il y a ainsi  Monsieur Lheureux, toujours ravi, découpant les bonnes nouvelles des journaux pour les déposer dans les boîtes aux lettres des gens qu’il connaît, la femme de Monsieur Lapilou surprise avec son amant., et Monsieur Michalon, tout juste décédé, à qui l’on décide de remettre le 1° Prix du concours à titre posthume.
Les Grooms posent des questions aux habitants perchés sur leurs balcons qui répondent sans se faire prier sur leur notion du bonheur , arrivée malencontreuse d’un 4 X4 dans la rue piétonnière qui se fait abreuver d’injures…Les nombreux enfants sont encore plus ravis que leurs parents Ce bonheur est dans le chant continue sa petite promenade dans le quartier, accompagné  par le public qui, soutenu par deux chorales: L’Attrape-chœur et Toujours Les Mêmes, reprend en chœur les chansons. Il ne fait pas très chaud mais la pluie a eu la grande courtoisie de s’absenter et les enfants sont ravis, les parents aussi. Que demande le peuple?
Il règne ainsi une sorte de bonheur paisible à la Tati en cette fin d’après-midi, très loin du bruit et de la fureur parisienne, comme dans l’une des centaines de petites villes de la France profonde…Le spectacle se termine par un requiem pour chœur, harmonie, fanfare et 4 solistes.Entre deux tours d’élections, cela fait du bien par où cela passe!

Philippe du Vignal

Spectacle vu à Paris 10 ème le 29 avril.
En tournée: Le 13 mai : Saint-Martory ,le  31 mai : Grenoble (38), les  2 et 3 juin : Nanterre (92), les  16 et 17 juin : Epinal (88),  le  22 juin : Villeurbanne (69), le   23 juin : Clamart (92), le  1er juillet : Oignies (62) du 4 au 7 juillet : Rennes (35), le  8 juillet : Le-Relecq-Kerhuon, (69) 12 au 14 juillet : Alba-la-Romaine (07),  20 et 21 juillet : Annecy (74),   11 août : Sarrebourg (57), le  12 août : Bitche (57), le 14 août : Saint Félicien (07)      le 15 août : Lens Lestang (26), le  16 août : Saint-Sauveur en Rue (42), les  8 et 9 septembre : Angers (49),le 16 septembre : Hennebont (56), le 23 septembre : Saint-Ouen (93), les 28 et 30 septembre : Evreux (27)

 



Archive pour avril, 2012

RAM’DAMES À LA FRANCAISE

Ram’dames à la française performance de Marie-Do Fréval

 

RAM’DAMES À LA FRANCAISE ramdames_small-2ea25-212x300  C’est à Confluences,  L’Acte 3, dernière partie, une campagne sans Marine et Nicolas. Seize artistes y auront été accueillis dans le cadre de la campagne pour les élections présidentielles. Marie-Do Fréval, qui travaille avec les habitants de son quartier, rue du Général Humbert, se livre ici à une performance personnelle insolite,  accompagnée à la guitare électrique par Coraline Janvier.
Elles sont toutes deux en uniforme de guérilleros,  et la parole de Marie-Do  Fréval alterne entre sa voix enregistrée et sa parole théâtrale : “Aux hommes dans la rue, je leur cloue le bec. Les hommes ont le droit d’être stupides, c’est culturel ! (….) Blanche, issue d’une famille normale, je n’ai jamais été contrôlée en 30 ans. J’ai honte d’être française, manque de pot, je hurle noir !”. Le sol est jonché de journaux qu’elle ramasse pour en lire des extraits, comme l’histoire de Joaquin tué par un flashball de la police, dans le 93 où ils sont utilisés en moyenne deux fois par jour.
Entre des témoignages quotidiens parfois incertains, il y a de belles montées poétiques et une fureur pleine d’ironie. À l’entrée, on nous a demandé nos papiers pour nous distribuer des badges avec notre prénom pour qu’elle interpelle.

Edith Rappoport
www.cieboucheabouche.com

Confluences, 27 avril 

 

Tokyo Bar

Tokyo Bar tokyohotel

 

Tokyo Bar de Tennessee Williams, adaptation de Jean-Marie Besset, mise en scène de Gilbert Désveaux.

 

      De T. Williams,(1911-1983) on connaît généralement les pièces les plus connues, écrites de 45 à 61 et souvent adaptées au cinéma,  comme, entre autres La ménagerie de verre (1944), Un Tramway nommé désir (1947) La Chatte sur un toit brûlant (1955), La Descente d’Orphée (1957) Soudain l’été dernier (1958) ou encore La Nuit de l’iguane (1961). Puis, commencera alors pour lui,  une période d’alcoolisme et de dépression. Il continuera à écrire de la poésie, deux romans, et quelques pièces peu connues en France dont  « In the bar of a Tokyo, I rise in flame, cried the phoenix, The mutilated , I can’t imagine to morrow, Confessional, The frosted glass coffin, A perfect analysis given by a parrot, Lifeboat drill, Now the cats with jewelled claws ». Il  mourra seul dans un hôtel de New York dans des circonstances mal élucidées, officiellement asphyxié par un bouchon de flacon qu’il aurait avalé.
Tokyo bar,  c’est l’histoire de la fin  d’un couple:  Mark, un grand peintre expressionniste  non figuratif qui peut faire penser à Jacson Pollock. Après des années de création, il est usé, et comme vidé de toute énergie, alcoolique au dernier degré . Il est parti pour le Japon et  séjourne dans un grand hôtel de Tokyo avec sa femme Miriam qui  a sans doute beaucoup œuvré pour la réussite de son mari. Elle n’en peut  visiblement plus de protéger cet homme qu’ elle l’a sans doute aimé mais Mark est au bout du rouleau et ne lui inspire plus aucune envie, juste un peu de  compassion méprisante: « Il est persuadé, dit-elle,  qu’il a inventé la couleur »…En même temps, elle garde pour lui une sorte d’instinct maternel,  quand elle le voit en si mauvais état.  
  Comme l’analyse  très bien T. Williams, dans une lettre à un metteur en scène: « Au début dans sa jeunesse, sa bonne santé lui a permis de mener de front son œuvre et sa vie intime. Désormais, même s’il ne le montre pas, il a gardé un grand appétit sexuel. Il consacrera  trouver pour une femme la même énergie qu’il apporte à son œuvre. Au début, la femme acceptera, feindra d’accepter, la priorité qu’il accorde à son œuvre. puis la femme n’admet plus-ça se conçoit-d’être constamment reléguée à la seconde place et le fera payer(se vengera) par de multiples aventures ou simples rencontres, parfois aussi voraces que celles de Miriam ».
   Mark sait depuis pas mal d’années que Miriam le quitte la nuit pour rentrer au petit matin, après avoir passé la nuit avec un amant de hasard. Elle aussi ne boit pas que de l’eau,  et a une avidité sexuelle évidente. Bref, le couple n’en est plus vraiment un et  Mark, lui,  reste la plupart du temps enfermé dans se chambre à essayer de peindre entre deux verres d’alcool. Mais Miriam, elle, voudrait absolument jouer les touristes et visiter le Japon.
En attendant, habillée en robe très sexy, elle est souvent au bar de l’hôtel, où elle boit sec et drague le jeune barman qui ne semble pas indifférent à ses propositions  directes et à ses caresses érotiques.. Bientôt Miriam, épuisée par l’alcool  et par un semblant de dévouement à une cause perdue, minée par la solitude, ne supporte plus Mark et  appelle au secours son agent artistique   pour qu’il le rapatrie d’urgence  aux Etats-Unis par avion-ce qui, vu son état, parait impossible.  Elle  pourrait se dit-elle,  sans trop y croire, jouirenfin d’une liberté retrouvée…  Mais la vie est souvent imprévisible  et Mark va s’écrouler tout d’un coup, mort  subitement, dans le bar de cet  hôtel international …

  Ce Tokyobar, créé en 69 à Brodway, adapté par Jean-Marie Besset  et mis en scène  au Théâtre des Treize-Vents de Montpellier en octobre dernier,  n’avait pas reçu pas un accueil des plus favorables…  Mais depuis, il semble que la  réalisation et la direction d’acteurs de Gilbert Désveaux aient évolué dans  le bon sens. A la Tempête, on entend bien le texte qui n’a peut-être pas la puissance des grandes pièces mais le personnage de Miriam -une cousine de la Blanche Dubois du Tramway est assez fascinant. Et quand c’est Christine Boisson qui s’en empare, le résultat est fabuleux. Diction parfaite, gestuelle impeccable ( par exemple quand elle essaye de séduire le barman avec une sorte de danse très érotique). Christine Boisson sait passer d’un sentiment à l’autre avec une maîtrise incomparable: érotisme, tendresse, colère froide, désespoir, exaspération, solitude, froideur… Elle est remarquable et dit tout avec une incroyable économie de moyens.
Et ses camarades sont tous aussi très bien: Alexis Rangheard,  qui a repris rapidement le rôle, incarne un Mark alcoolique titubant,  tout à fait crédible, Laurent d’Olce qui joue Léonard son agent artistique, le fait avec beaucoup de retenue et d’efficacité,  et le barman japonais Mathieu Lee est remarquable: d’une parfaite exactitude dans le moindre geste et la moindre réplique. Tennessee Williams qui avait été autrefois barman l’aurait beaucoup aimé.
..
  La scénographie  assez prétentieuse peut se laisser oublier et Gilbert Désveaux aurait pu nous épargner deux vidéos aussi faiblardes qu’inutiles:  une  peinture dégoulinante pour nous  faire comprendre  que l’œuvre de Mark est proche de celle de Pollock, et une sorte d’électrocardiogramme avec son visage après cette  mort subite… Ah! Cette manie de tout vouloir surligner, comme si les mots de T. Williams ne suffisaient pas! C’est à se demander comment on pouvait faire quand la vidéo n’existait pas…
  Ces erreurs mises à part, le spectacle mérite d’être vu.

 

Philippe du Vignal

Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes jusqu’au 2 juin.

 

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Hernani

Hernani, de Victor Hugo, mise en scène de Margaux Eskenasi.

Hernani 1504704537Plus de bataille d’Hernani: la modernité de Victor Hugo est manifeste. Pas loin de deux siècles après la dite bataille – scandale, cris, bagarres, gilets rouges, tout au long des représentations – qui s’est jouée (on est avant tout et au bout du compte au théâtre) entre supposés classiques et romantiques militants, la querelle se serait plutôt déplacée du côté d’un Victor Hugo « pompier », « mélo », emphatique, grandiloquent, pour ceux qui ne le connaissent pas. Qui sont en recul : voir le succès de Ruy Blas monté récemment par Christian Schiaretti.
La très jeune compagnie Nova, cherche  la bagarre au nom de sa jeunesse,Elle fait, avec son inexpérience, ses maladresses et sa conviction, voir et entendre Hernani. Rappelons l’affaire : amour, vengeance et honneur. Le chef de bande Hernani – prince de sang royal, on le saura à la fin, dont le père a été banni et dégradé par le roi – aime Dona Sol et est aimé d’elle. La pure et vaillante jeune fille (elle a nettement plus de caractère qu’une Cosette) doit épouser son oncle, Don Ruy Gomez de Silva. Un troisième homme est sur les rangs : Don Carlos, futur Charles-Quint, encore jeune et sans scrupules, qui veut enlever Dona Sol.
Voilà pour l’amour. Pour la vengeance, elle sera rendue impossible. Quant à l’honneur, les trois hommes en font assaut, chacun à son tour, jusqu’à ce que le drame tourne à la tragédie : Hernani doit sa vie à Silva, une dette est une dette. Silva, jaloux de son jeune rival réhabilité et restitué dans ses droits, exige cette dette le soir même du mariage des deux purs amants. Nuit de noces dans les bras de la mort, avec le tombeau pour lit nuptial : la jeunesse triomphe quand même du vieillard amoureux, à qui il ne reste qu’à mourir à son tour, seul.
C’est traité avec une belle énergie, le spectateur s’attache à l’affaire. « Il est à l’escalier/dérobé » et le « lion superbe et généreux », la « force qui va » passent à leur juste place, sans ironie, dans le texte et dans le mouvement. Le vers audacieux de Victor Hugo fonctionne à merveille, parfois inutilement “sur-bousculé“. L’important y est : on rit parfois, on tremble-un peu- et surtout on entend la parole du poète qui ne se gêne pas pour faire du théâtre une tribune : non au service d’une thèse, mais déjà au service d’une interrogation humaniste. Le pouvoir ne peut-il être que tyrannique ? La révolte hors la loi ? La parole donnée indépassable ? L’amour écrasé ?
Mais la compagnie Nova est restée un peu à mi-chemin de ses ambitions : la scénographie, quoique réduite, est empêtrée d’objets inutiles. La bonne idée – économique et scénique – d’en faire apporter les éléments par les comédiens eux-mêmes n’est pas assez jouée, et devient  donc  casse-gueule. En même temps, une idée forte, quoique pas très bien réalisée, montre un sens intéressant de la dramaturgie : l’armoire où se cache Don Carlos mauvais garçon, gosse de riche,  sera plus tard le tombeau de Charlemagne d’où-il s’est encore caché- il ressort homme d’Etat.
Même chose pour le jeu : le comédien qui joue Don Carlos, s’améliore au fil de la représentation, comme celui qui  incarne  Silva, trop occupé au début à jouer le vieillard pour faire entendre les enjeux du personnage, qu’on perçoit très bien ensuite. Ainsi, le fameux: » J’en passe et des meilleurs »  prend toute la richesse de son sens. Les filles sont bien, sans chichis, avec une Dona Sol en Agnès de cour, un peu brute de décoffrage.  Hernani serait presque un peu cabot, mais c’est écrit comme ça.
Peut-être, à la fin, la mise en scène appuie-t-elle un peu  trop sur le contraste entre son désir viril à lui et la pudeur effrayée de la jeune vierge qui s’offre et retarde… Pas de quoi bouder. Mais la troupe n’arrive pas encore à l’invention de ses prédécesseurs ( Stuart Seide pour la scénographie ou Brigitte Jaques-Wajeman pour la liberté et l’exigence dans le traitement du vers), mais on appréciera son ambition… et donc le spectacle.

Christine Friedel

Théâtre de Belleville – 01 48 06 72 3 4 – jusqu’au 3 juin.

La Sagesse des abeilles

La Sagesse des abeilles, un spectacle de Jean Lambert-Wild, Jean-Luc Therminarias, Michel Onfray, Lorenzo Malaguerra et François Royet.

La Sagesse des abeilles Pi%C3%A8ce-jointe-MailLa Sagesse des abeilles, c’est d’abord un texte poétique de Michel Onfray qui a pour sous-titre Première leçon de Démocrite. Le philosophe avait déjà  confié le texte du Recours aux forêts à Jean Lambert-wild pour en faire un travail théâtral. Pourquoi Démocrite? Sans doute en hommage à son célèbre devancier du  IVème siècle et à sa célébration de la connaissance, de la paix de l’âme et du plaisir de l’homme libre et indépendant, et libre de tout attache avec les dieux, c’est à dire athée. Un Démocrite ravi, dit Onfray,  » de scruter le ciel pour y trouver les leçons données par le cosmos aux hommes. Cette sagesse donnée par les abeilles invite au surhumain – qui est tout simplement connaissance du rôle architectonique de la volonté de puissance, amour de ce savoir et, de ce fait, obtention d’une jubilation qui sauve du nihilisme. »
Ce cosmos étant aussi comparable au minicosmos des abeilles célébrées par Maëterlink et à leur  fameuse république,  dont on sait le rôle indispensable dans la pollinisation des fleurs, actuellement en danger: les colonies d’abeilles s’effondrent surtout depuis 2007. A cause de leur incapacité à rejoindre leur ruche. Mis en avant: les pesticides et les OGM produisant leurs propres insecticides vendus  par de grandes firmes de phyto-sanitaires, des pollens toxiques dûs à la plantation de tilleuls exotiques dans nos villes, et les ondes wi-fi qui se baladent un peu partout.
Bref, ce mélange explosif de brillantes inventions de l’homme du 20ème siècle risque fort de se retourner contre lui… Même si les abeilles (cent millions d’années d’existence) ne sont pas les seuls insectes pollinisateurs,  en termes de production alimentaire, on risque bien une catastrophe à brève échéance…
Michel Onfray commence ce long poème dramatique par la célébration de son père mort à 83 ans il y a trois ans: « Mon père est mort à minuit vingt/ sous un ciel bas/ Sans étoiles/ Sous une voûte brune/ Comme si les feux s’étaient éteints/ pour vider un ciel qu’il m’avait appris à lire » (…) » Il est mort debout/ Droit/ Vivant/ Comme il avait vécu des trente mille aurores ». Bref une leçon de vie pour l’enfant d’autrefois qui, à la maturité de sa vie, prend conscience que son père, simple ouvrier, lui a aussi donné ses première leçons de philo, avant même son cher Lucien Jerphagnon, proche de Pierre Grimal et de Jacqueline de Romilly, nos chers profs de Sorbonne, et par ailleurs spécialiste de Saint-Augustin.
Les vivants et les morts, les hommes et les étoiles, le cosmos et l’abeille, née » du ventre putride d’un animal mort » (…) « qui  part vers le sexe des fleurs et  s’en repaît » en se guidant sur l’étoile polaire, la grande leçon de sagesse que donne l’organisation du monde des  abeilles et la grande bêtise des hommes qui ont oublié le savoir-premier des paysans. C’est tout cela que veut signifier ce long et  beau poème qui se veut  une leçon de clairvoyance, leçon de sérénité mais aussi leçon de politique aussi  si l’on veut bien s’attarder un peu sur le rapport entre les hommes et le monde

Reste à  savoir comment on le peut porter à la scène. Michel Onfray parle- et c’est sa propre voix que l’on entendra dire ce poème, ce qui  ne fait pas tout. Certes la voix du philosophe bien timbrée a quelque chose d’envoûtant mais, à part quelques nuages vidéographiés  au début, il a juste sur scène, derrière un tulle, et dans une profonde pénombre, un grand mannequin en polyester transparent (pas très beau), muni de deux bras noirs sur lequel est projeté un visage humain dont on aperçoit les lèvres et qui  dit le texte. Donc quelque chose qui est plus proche de l’installation qui pourrait figurer dans la récente exposition du musée d’art contemporain  avenue d’Iéna. Puis le corps  en plastique s’éclaire davantage et l’on voit plusieurs centaines d’abeilles voler à l’intérieur. Grâce à François Menet, brillant régisseur des dites abeilles qui, chaque soir, installe le dispositif avec une ruche reliée au mannequin. Il y a aussi en accompagnement de cette projection lumineuse, et de la voix d’Onfray, la musique de Jean-Luc Therminarias avec les percussions de Jean-François Oliver.
Cela fonctionne? Oui, au début… Il y a une véritable et belle rencontre avec le texte, de Michel Onfray, et on est subjugué par cette voix intelligente et grave qui nous emmène dans une réflexion philosophique de grande qualité,  tout à fait accessible à un public populaire comme on dit. Mais, au bout de quelque vingt minutes, une espèce de torpeur saisit le public, sans doute à cause du double enregistrement: son, et voix, sans présence vivante autre que celle des abeilles mais à cause aussi de cette trop belle lumière sépulcrale. Mieux éclairé et plus court, le spectacle atteindrait sans doute  son but. Même si Jean Lambert-wild a raison de dire que le théâtre reste encore un espace où l’on peut tenter ce genre d’expériences…
Alors à voir? C’est selon…Nous ne vous avons rien caché; donc, à vous de décider.

Philippe du Vignal

Comédie de Caen / Théâtre des Cordes. Jusqu’au vendredi 27 avril, puis du mercredi 2 au vendredi 4 mai.T:  02 30 46 27 29. Puis au Théâtre du Crochetan à Monthey en Suisse 13 au 15 juillet; et  au Festival Les Escales improbables à  Montréal en septembre.

1980

1980 , une pièce de Pina Bausch par le Tanztheater Wuppertal.

1980  photo-4Comment parler d’un spectacle de Pina Bausch décédée voici trois ans déjà, comment faire passer une émotion qui va au-delà de mots forcément réducteurs. Pourtant 1980 fait partie des spectacles plus étudiés par les universitaires,  chercheurs et  metteurs en scène du monde entier. 1980,  joué en 1982 puis repris au Théâtre de la Ville,  garde toute sa force, trente ans après.
Peter Pabst créait alors sa première scénographie:un gazon qui couvrait tout le plateau avec, par moments, des tables, des chaises, un harmonium sous le regard d’une biche naturalisée en fond de scène.
Le terme de “théâtre dansé” prend tous son sens: la danse n’est pas au premier plan et le spectateur assiste à des moments de vie de ces acteurs-danseurs. Dans  Pina Bausch, histoire du théâtre dansé, Raimund Hogue écrit:  “Ces mouvements en apparence individuels et cependant universels ne sont pas plaqués dans une histoire (de théâtre), ils sont ici l’histoire elle-même, ils renvoient à des signes clairs d’une vie vécue et non vécue”.
Crée, l’année de la mort de Rolf Borzik, scénographe et mari de Pina Bausch, la pièce est marquée par le deuil et l’absence: les cicatrices du passé  et de l’enfance sont immédiatement visibles. Cicatrice est le terme qui définit le mieux ce spectacle, qu’elle soit superficielle ou profonde, physique ou psychologique.Parfois, l’organe touché cicatrise mieux quand on ne le suture pas, la cicatrice est douloureuse ou hypertrophique; elle devient autonome du corps et a sa propre vie. C’est ce que nous donne à voir 1980.
Pour y parvenir,  Pina Bausch faisait travailler ses danseurs sur leur propre mémoire sensitive ou corporelle. L’enfance alors surgit sous forme de confessions intimes avec un vécu de passé heureux ou triste. Des couples ou des groupes se forment, mais la solitude finit par dominer chacun des danseurs. Le spectateur a le droit de ne pas adhérer à ce qui se passe sur scène, parfois de façon répétitive, durant trois heure trente, c’est aussi peut-être une façon de se protéger.
A part quelques scènes traitées avec humour et une farandole récurrente qui va à la rencontre du public, l’ensemble du spectacle a une tonalité douce amère. Pourquoi les images de créateurs comme Pina Bausch ou Tadeusz Kantor bouleversent-elles le public  au point qu’il reste imprégné à vie? Parce que son inconscient est sans doute atteint. Découvrir le Tanztheater de Wuppertal au Théâtre de la Ville  n’est pas des plus faciles ; la location est  toujours complète. Il ne faut pas hésiter alors, si possible, à aller le voir ailleurs, en France ou en Europe, ou mieux à Wuppertal…

Jean Couturier

Théâtre de la Ville jusqu’au 4 mai.

Ecritures en partage

A la découverte d’une auteure : Etel Adnan

Depuis que je suis née,
je n’ai fait que ça attendre… attendre…
.
attendre de rentrer chez moi

Ecritures en partage Invitation_EtelAdnan01-31-2La Lecture-Performance proposée par Ecritures en partage le 15 avril, au café Le Lieu dit, a permis de découvrir deux nouvelles inédites en français d’Etel Adnan :La radio et Ecoute,Hassan. Au pupitre, les textes lus par Jérôme Imard, accompagné de Christian Roux, pianiste, nous font voyager entre le Liban, la Syrie et les Etats-Unis. La musique ponctue subtilement cette méditation à haute voix. La présence magnétique d’Etel Adnan dans la salle, sage aux cheveux gris, donne le ton du partage. Le public, une soixantaine de personnes, se serre, à l’écoute.
Née d’une mère grecque chrétienne et d’un père syrien musulman, Etel Adnan, poétesse, peintre et essayiste, grandit à Beyrouth dans un monde arabophone. Elle baigne dans les langues turque et grecque, apprend le français dans un collège catholique où elle est scolarisée. Elle parle plusieurs langues et écrit en français, anglais et arabe.« Le tilleul tremble sous mes yeux, comme je tremblais quand j’entrais dans tes appartements. Je cours le long d’une piste céleste entre des haies de nuages ou sur une plage que martèle la puissance du soleil et parmi les branches, je traverse le bruissement qui déchire le voile qui sépare la mort de la vie », écrit-elle dans Le cycle des tilleuls.
Après des études de lettres et de philosophie au Liban et en France, elle va enseigner la philo en Californie, de 1958 à 1972. A l’écriture, s’ajoute un autre mode d’expression, un nouveau langage pour elle : le dessin, la peinture et les encres deviennent son territoire de recherche. Elle sera artiste invitée à la prochaine Documenta de Kassel, en juin 2012. Entre 1972 et 1976, de retour à Beyrouth, elle dirige les pages culturelles des quotidiens Al Safa, puis L’Orient le jour et écrit les textes pour deux documentaires sur la guerre civile au Liban. Ses formes d’écriture sont plutôt des nouvelles, de la poésie et des essais, mais c’est avec son roman Sitt Marie-Rose publié en 1978, qu’elle obtient le Prix France-Pays Arabes.

Engagée politiquement, en particulier dans les actions de soutien à la Palestine, Etel Adnan « a la sagesse orientale », dit Monique Blin, initiatrice des Ecritures en partage. « Avec elle, on apprend toujours quelque chose, elle est une mémoire vivante.  Sa sensibilité et sa culture sont immenses, elle est quelqu’un de très positif, toujours constructive ».Le texte entendu a des odeurs d’Orient, et la cruauté du monde. Réaliste et poétique, il s’imprègne de l’actualité, des déchirements. Comme la mort de Taleb, 7 ans, voulant passer de l’autre côté du mur : « La BBC a tué Taleb. Je suis sûre que son sang a coulé jusqu’à la Palestine … Taleb nage dans la mer morte, dans le lac de Tibériade… »
Lorsque le monde se rétrécit, la radio devient un personnage principal, pour le meilleur comme pour le pire : « Je vais d’une radio à l’autre, ce sont mes seuls déplacements » ironise la narratrice, et quand on se retourne, « Il n’y a que des gens qui tombent comme des feuilles mortes ». Elle décrit l’exil et la souffrance, sans complaisance, le regard posé sur une ville, Damas, qu’elle tente de décrypter : « Le soleil bouillant de Damas enfonce ses clous dans ma tête… C’est pour moi une ville sèche. J’avais toujours pensé que le soleil était américain » évoque son désespoir… « Comment voulez-vous que je meure, je ne suis pas née. Je vais naître là-bas, de l’autre côté ».
Le piano se fait l’écho de cette nostalgie, puis apparaît Hassan dans  « Ecoute, Hassan ! » « Toi, tu sais te taire, Hassan… » D’un univers l’autre, la seconde partie de la soirée nous conduit aux textes de Mahmoud Darwich, lus par Claude Brozzoni et accompagné de l’accordéoniste Claude Gomez. Le grand poète palestinien étant un univers en soi, nous en rendrons compte ultérieurement. (Ces lectures sont reprises, du 22 mai au 3 juin, à la Maison des Métallos). Le lien entre les deux écrivains, Etel Adnan et Mahmoud Darwich, fil conducteur de cette rencontre, est bien la Palestine.
Le débat final permet qu’il y ait un échange  entre  Etel Adnan et Simone Fattal, artiste plasticienne. L’écrivaine apporte de la lumière et sa vision du monde. Elle passe d’Orient à Occident, nomade, avec une grande fluidité entre les lieux, les langues, les modes de pensée. Elle vit en effet entre Beyrouth, Paris et San-Francisco. On la connaît mieux aux Etats-Unis ou en Allemagne, elle reste plus confidentielle en France, « étrangement personnelle et merveilleusement universelle, voyageuse au présent » dit Maya Sourati en parlant d’elle.
« Remarquable dans l’écriture et dans la pensée » confirme Monique Blin qui a rencontré Etel Adnan en 2000, au cours d’une résidence d’écriture à Byblos, au Liban, avant de l’inviter, à plusieurs reprises, pour des lectures et débats.
Depuis de nombreuses années, l’artisane du projet Lectures en partage donne à entendre les textes et porte la voix des écrivains d’expression française. Comme un coureur de fond, Monique Blin organise des rencontres entre auteurs de différents pays, cultures et langues, des lectures de textes en langue française, des résidences d’auteurs, des chantiers-formations et chantiers d’écritures en France et dans de nombreux pays, dont le Bénin, le Cameroun, la  Guinée à Conakry, le  Liban, le Mali, le Maroc, la Syrie et le Togo.
Elle montait déjà des résidences d’écriture quand elle dirigeait le Festival International des Francophonies en Limousin – Maison des auteurs, de 1988 à 1999. Elle y reçut de nombreux écrivains de toutes les géographies de la Francophonie comme Sony Labou Tansi et Sylvain Bemba du Congo, Jean-Claude Fignolé d’Haïti, Gao Xingjian de Chine/France, Koulsy Lamko du Tchad/Burkina Faso, M’Hamed Benguettaf d’Algérie, Koffi Kwahulé de Côte d’Ivoire/France et nombre d’autres. Elle poursuivit sa route et ses objectifs  comme présidente d’Ecritures vagabondes, en partenariat avec le Nouveau Théâtre d’Angers, la Comédie de Saint-Etienne de 2001 à 2006, le Festival d’Avignon et le Centre Wallonie-Bruxelles.
A partir de 2008, Ecritures en partage construit des passerelles entre une œuvre, un auteur et un public, à partir des lectures débats, avec le soutien de la SACD et de la Fondation Beaumarchais, en collaboration avec le Théâtre du Mantois-La Nacelle, scène conventionnée pour les écritures contemporaines. Un partenariat se développe aussi avec le Théâtre de l ‘Aquarium et le Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis qui accueillent en résidence d’écriture des auteurs. Ainsi, le Béninois Hilaire Dovonon et Bilia Bah, de la Guinée Conakry à l’Aquarium ; Alfred Dogbé, du Niger et Hermas Gbaguidi, du Bénin, au TGP se sont intégrés aux équipes, pour nourrir leurs propres recherches en écriture.
Pour ces Lectures Performances, Monique Blin préfère maintenant les cafés aux théâtres, pour le plaisir de la rencontre avec tous les publics. Ainsi, l’arrière-boutique du Lieu dit dans le XXème arrondissement dont le directeur est iranien, ouvre-t-elle ses portes avec intérêt et générosité.

Brigitte Rémer

          Ecritures en partage, prochaine Lecture Performance : Le Lieu Dit, Jeudi 28 juin, à   19h, L’humanité tout ça tout ça, de Mustapha Kharmoudi, en sa présence ; mise en lecture Véronique Vellard.

Etel Adnan, repères bibliographiques en langue française : Un crime d’Honneur, théâtre, L’Arche 2011.Au cœur du cœur d’un autre pays, Tamyras, 2010. Transcendance, Revue des Etudes Palestiniennes, 2004. Jennine, édit. Al Manar, 2004, et collec. Urgences Color Gang, 2006. Ce ciel qui n’est pas, L’Harmattan, 1997. Rachid Korachi : Écriture passion, avec Rachid Korachi et Jamel-Eddine Bencheikh, Alger, Galerie Mhamed Issiakhem, 1988. L’Apocalypse arabe, édit. Papyrus, 1980. Sitt Marie Rose, édit. Des Femmes, 1978, rééd. Tamyras 2010. Jébu suivi de L’Express Beyrouth-Enfer, édit. J P Oswald, 1973.

SOIRÉE POUR CASSANDRE

Une soirée pour Cassandre.

La revue Cassandre qui vient de publier un très beau numéro 89 À lire en cas d’urgence a organisé une rencontre avec ses principaux complices, artistes, philosophes, journalistes, au Théâtre Montfort, beau lieu de vie, animé avec originalité par Laurence de Maghalhaes et Stéphane Ricordel .Cassandre y avait fêté ses 15 ans à l’automne dernier en compagnie de nombreux artistes amis.
Cette fois devant un plateau tonique, nous n’étions qu’une centaine d’aficionados séduits par un très beau plateau. L’ineffable Christian Paccoud souvent compagnon du verbe de Valère Novarina clamait à l’accordéon et sans micro ses chansons splendides qui rythmaient cette soirée présentée par Nicolas Romeas et Valérie de Saint-Do.
  Plusieurs penseurs, philosophes et artistes eurent des paroles souvent exprimées dans Cassandre : Roland Gori évoqua la démocratie véritable, distribution égalitaire de la pensée et critiqua la religion du marché où seuls comptent les chiffres, ce gouvernement au cœur métallisé qui nous inflige des désirs qui nous affligent : “Face au chiffrage de la vie, nous sommes le chiffrage des rêves”.
  Julien Blaine clama :”C’est ridicule, nous sommes ridicules, c’est à gerber : l’art et la littérature sont des maladies endémiques de la France. Comment trouver des insultes convenables ? Insultez Guéant en le traitant de Sarkozy ! Ils nous infligent des désirs qui nous affligent “. On entendit retentir le verbe d’Henri Michaux “Je vous construirai une ville avec des loques, moi !” clamé à l’accordéon par l’auteur des Petites théories jetables.
Puis Jean-Claude Amara,  le fondateur du DAL qui avait accueilli Cassandre un temps sans logis, poète infatigable dans les luttes, chanta avec Paccoud, lui aussi sans micro. Didier Calleja qui retrouvait Blandine Scelles  fit une tentative infructueuse avec une bizarrerie sonore que le micro fit échouer. Mais l’enthousiasme revigorant du public salua la grande poétesse qui poursuit son combat inlassable.

Edith Rappoport

http:wwww.horschamp.org

interview d\’Edith Rappoport pour les 15 ans de Cassandre du 30 juin 2011

ÊTRE SUJET DANS SON TRAVAIL

Être  sujet dans son travail par Les musiques de la boulangère et Nicolas Frize,

Dans le cadre du temps fort des Métallos, (Be)au boulot, un mois pour questionner le travail, Philippe Mourrat , son  directeur vient de consacrer deux soirées à Nicolas Frize, elfe musical bondissant, plongé dans la réalité sociale, qui travaille depuis 2008 sur “Être sujet dans son travail” à partir d’un grand nombre d’entretiens avec des salariés.
La salle des Métallos, vidée de ses gradins, et  remplie d’un public diversifié des nourrissons aux grands-parents et aux parents avec leurs enfants, assis autour de tables, étaient  invités à participer aux étranges musiques du concert. On distribuait aux spectateurs des phrases extraites de Travails, élégant journal collectif et proliférant qui vient de publier son quatrième numéro gratuit, qu’ils étaient appelés à lire entre deux pièces musicales de Nicolas Frize, Alain Vérité, Sylvain Lemêtre et Jean-Pierre Drouet.
On entendait des mémoires sonores de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, du Centre nautique de Drancy, de cafés du port de Marseille… On nous distribuait aussi des feuilles mortes qu’on nous demandait d’écraser pendant une séquence musicale ! Il y avait aussi des photos et des extraits de films de Nicolas Frize projetés aux deux extrémités de la salle.
Les spectateurs appelés à lire les uns après les autres jouaient leur rôle : “On a besoin d’une partie du corps pour faire notre travail (…) est-ce qu’on réfléchit pendant le travail (…)je ne travaille pas au travail la réflexion elle est toujours là….”. Comme toujours les spectacles de Nicolas Frize plongent dans le monde réel, le monde des gens de peu que nous sommes.”.

Edith Rappoport

Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75 011 T: 01 48 05 88 27
maisondesmetallos.org

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ANNA OU LA JEUNE FILLE INTELLIGENTE

Anna ou la jeune fille intelligente d’après Gertrud Stein, texte et mise en scène de Catherine Benhamou

Ghislaine Beaudout anime depuis plusieurs années des ateliers à la Maison Lounès Matoub de Montreuil, des ateliers oralité,  écriture  et mémoire, auprès d’un public diversifié, en majorité féminin. Les travaux de ses ateliers avaient été présentés en première partie devant une salle pleine d’un public populaire. Après avoir monté en 2011, La douce Léna, orpheline silencieuse, proie facile pour le fils de la famille qui l’avait recueillie déjà adaptée de Gertrud Stein) , elle présente une étape de travail plutôt convaincante d’Anna ou la jeune fille intelligente. Anna,  15 ans rentre de l’école, sa mère lui annonce qu’un vieil homme qu’on appelle Tonton, cherche à se marier avec une jeune fille intelligente.
Anna est sommée de quitter son cartable pour revêtir sa robe de mariée, malgré ses réticences. Elle commence à décliner le mot mariage en sautant sur les cases d’un jeu de l’oie : rage, image, agir, maigre, marge, aimer, agir, arme. Les deux actrices jouent avec une fragile marionnette, double d’Anna interprété avec vivacité par Catherine Benhamou. Elle est analphabète et reste auprès de son vieil époux pendant des années avant de partir pour découvrir la Tour Eiffel, après avoir été chassée de la maison pour s’être endormie sans avoir accompli sa journée de travail dans les champs.

Edith Rappoport

Nouveau Théâtre de Montreuil Salle Maria Casarès  et  le 11 mai au Théâtre 14,  le 23 mai 2012 au Théâtre de l’Opprimé.

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