La saison 2012-2013 au Théâtre des Champs-Elysées
La saison 2012-2013 au Théâtre des Champs-Elysées .
Une saison riche pour ce centenaire. Cette institution, propriété de la Caisse des dépôts et consignations, fut fondée par la volonté d’un seul homme, Gabriel Astruc, qui se ruina dans l’ entreprise. Le bâtiment construit en 1913, avenue Montaigne, avec la participation d’artistes comme Antoine Bourdelle, Maurice Denis et René Lalique a eu d’emblée pour objectif d’accueillir des opéras, des ballets et de la musique symphonique venant du monde entier. La programmation de ce centenaire va rendre hommage aux grandes heures historiques du lieu.
Krzysztof Warlikowski montera la Médée de Cherubini en décembre 2012, et il y aura une version chorégraphique avec une musique de Pascal Dusapin et une chorégraphie de Sasha Waltz en novembre 2012. Stéphane Braunschweig mettra en scène Don Giovanni en avril 2013.Un grand moment: la version concert de Benvenuto Cellini de Berlioz qui fit l’ouverture du théâtre le 31 mars 1913, sera dirigé par Valery Gergiev le 1er juin 2013. La première apparition de Joséphine Baker sur scène en 1925 sera célébrée par un bal en juillet. Enfin, une programmation de musique baroque rendra hommage à cette musique, temps fort des trente dernières années.
Soit 173 spectacles ! Cinq opéras en version scénique et vingt cinq en concert… L’événement le plus marquant sera la reprise du Sacre du Printemps de Stravinsky, dans sa version d’origine, chorégraphié par Nijinsky et créé en mai 1913, qui sera joué en mai 2013 par le Ballet du théâtre Mariinsky. Le même soir, Sacha Waltz donnera aussi sa propre interprétation. Pour entourer cette reprise, d’autres versions du Sacre seront présentées en juin 2013, dont celle de Pina Bausch pour quatre soirs avec la troupe de Wüppertal qui n’a jamais joué ici, et une autre par l’Akram Khan dance Company.
De multiples concerts rendront hommage à Stravinsky et un colloque de deux jours sera organisé autour du Sacre du Printemps et de son compositeur. L’opéra, à sa création, avait été l’occasion d’un grand scandale . Neuf ans plus tard, en 1922, dans la revue Théâtre et Comœdia Illustré, on pouvait lire :« Sa musique, avec des moyens de plus en plus limités, se résume en quelques-unes de ces discordances polytoniques qui firent scandale lors de l’apparition du Sacre du Printemps, mais qui, en s’appauvrissant, paraissent déjà démodées. Il y a quelque chose de vraiment affligeant dans la destinée de ce musicien dont la forte personnalité, affirmée notamment dans Petrouschka et L’Oiseau de feu, semble céder de plus en plus à une sorte de dégénérescence maladive. N’est-ce pas là le troublant symbole de la Russie elle-même ? ».
Vive notre hexagone et ses fins analystes… Et bonne saison au théâtre des Champs-Elysées.
Jean Couturier