SOIRÉE POUR CASSANDRE

Une soirée pour Cassandre.

La revue Cassandre qui vient de publier un très beau numéro 89 À lire en cas d’urgence a organisé une rencontre avec ses principaux complices, artistes, philosophes, journalistes, au Théâtre Montfort, beau lieu de vie, animé avec originalité par Laurence de Maghalhaes et Stéphane Ricordel .Cassandre y avait fêté ses 15 ans à l’automne dernier en compagnie de nombreux artistes amis.
Cette fois devant un plateau tonique, nous n’étions qu’une centaine d’aficionados séduits par un très beau plateau. L’ineffable Christian Paccoud souvent compagnon du verbe de Valère Novarina clamait à l’accordéon et sans micro ses chansons splendides qui rythmaient cette soirée présentée par Nicolas Romeas et Valérie de Saint-Do.
  Plusieurs penseurs, philosophes et artistes eurent des paroles souvent exprimées dans Cassandre : Roland Gori évoqua la démocratie véritable, distribution égalitaire de la pensée et critiqua la religion du marché où seuls comptent les chiffres, ce gouvernement au cœur métallisé qui nous inflige des désirs qui nous affligent : “Face au chiffrage de la vie, nous sommes le chiffrage des rêves”.
  Julien Blaine clama :”C’est ridicule, nous sommes ridicules, c’est à gerber : l’art et la littérature sont des maladies endémiques de la France. Comment trouver des insultes convenables ? Insultez Guéant en le traitant de Sarkozy ! Ils nous infligent des désirs qui nous affligent “. On entendit retentir le verbe d’Henri Michaux “Je vous construirai une ville avec des loques, moi !” clamé à l’accordéon par l’auteur des Petites théories jetables.
Puis Jean-Claude Amara,  le fondateur du DAL qui avait accueilli Cassandre un temps sans logis, poète infatigable dans les luttes, chanta avec Paccoud, lui aussi sans micro. Didier Calleja qui retrouvait Blandine Scelles  fit une tentative infructueuse avec une bizarrerie sonore que le micro fit échouer. Mais l’enthousiasme revigorant du public salua la grande poétesse qui poursuit son combat inlassable.

Edith Rappoport

http:wwww.horschamp.org

interview d\’Edith Rappoport pour les 15 ans de Cassandre du 30 juin 2011


Archive pour 22 avril, 2012

ÊTRE SUJET DANS SON TRAVAIL

Être  sujet dans son travail par Les musiques de la boulangère et Nicolas Frize,

Dans le cadre du temps fort des Métallos, (Be)au boulot, un mois pour questionner le travail, Philippe Mourrat , son  directeur vient de consacrer deux soirées à Nicolas Frize, elfe musical bondissant, plongé dans la réalité sociale, qui travaille depuis 2008 sur “Être sujet dans son travail” à partir d’un grand nombre d’entretiens avec des salariés.
La salle des Métallos, vidée de ses gradins, et  remplie d’un public diversifié des nourrissons aux grands-parents et aux parents avec leurs enfants, assis autour de tables, étaient  invités à participer aux étranges musiques du concert. On distribuait aux spectateurs des phrases extraites de Travails, élégant journal collectif et proliférant qui vient de publier son quatrième numéro gratuit, qu’ils étaient appelés à lire entre deux pièces musicales de Nicolas Frize, Alain Vérité, Sylvain Lemêtre et Jean-Pierre Drouet.
On entendait des mémoires sonores de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, du Centre nautique de Drancy, de cafés du port de Marseille… On nous distribuait aussi des feuilles mortes qu’on nous demandait d’écraser pendant une séquence musicale ! Il y avait aussi des photos et des extraits de films de Nicolas Frize projetés aux deux extrémités de la salle.
Les spectateurs appelés à lire les uns après les autres jouaient leur rôle : “On a besoin d’une partie du corps pour faire notre travail (…) est-ce qu’on réfléchit pendant le travail (…)je ne travaille pas au travail la réflexion elle est toujours là….”. Comme toujours les spectacles de Nicolas Frize plongent dans le monde réel, le monde des gens de peu que nous sommes.”.

Edith Rappoport

Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75 011 T: 01 48 05 88 27
maisondesmetallos.org

ÊTRE SUJET DANS SON TRAVAIL ecbe80ba166dc36e2de363959786dd19

ANNA OU LA JEUNE FILLE INTELLIGENTE

Anna ou la jeune fille intelligente d’après Gertrud Stein, texte et mise en scène de Catherine Benhamou

Ghislaine Beaudout anime depuis plusieurs années des ateliers à la Maison Lounès Matoub de Montreuil, des ateliers oralité,  écriture  et mémoire, auprès d’un public diversifié, en majorité féminin. Les travaux de ses ateliers avaient été présentés en première partie devant une salle pleine d’un public populaire. Après avoir monté en 2011, La douce Léna, orpheline silencieuse, proie facile pour le fils de la famille qui l’avait recueillie déjà adaptée de Gertrud Stein) , elle présente une étape de travail plutôt convaincante d’Anna ou la jeune fille intelligente. Anna,  15 ans rentre de l’école, sa mère lui annonce qu’un vieil homme qu’on appelle Tonton, cherche à se marier avec une jeune fille intelligente.
Anna est sommée de quitter son cartable pour revêtir sa robe de mariée, malgré ses réticences. Elle commence à décliner le mot mariage en sautant sur les cases d’un jeu de l’oie : rage, image, agir, maigre, marge, aimer, agir, arme. Les deux actrices jouent avec une fragile marionnette, double d’Anna interprété avec vivacité par Catherine Benhamou. Elle est analphabète et reste auprès de son vieil époux pendant des années avant de partir pour découvrir la Tour Eiffel, après avoir été chassée de la maison pour s’être endormie sans avoir accompli sa journée de travail dans les champs.

Edith Rappoport

Nouveau Théâtre de Montreuil Salle Maria Casarès  et  le 11 mai au Théâtre 14,  le 23 mai 2012 au Théâtre de l’Opprimé.

Les onze mille Verges

Les onze mille Verges de Guillaume Apollinaire, adaptation et mise en scène de Godefroy Ségal.

  En 1907, jeune employé de banque, fait publier  un roman dit érotique, Les Onze mille Verges chez un imprimeur d’ouvrages clandestins de Montrouge. Réputé par ses thèmes sulfureux, c’est  le récit  des aventures d’un prince roumain Mony Vibescu, aventures assez pimentées, lors d’un voyage à Bucarest puis à Paris et enfin en Chine où il mourra des suites d’une flagellation opérée par des centaines de soldats pour n’avoir pas tenu sa promesse de faire l’amour à une jeune femme vingt fois de suite.
 Les onze mille Verges onzemille Il y en a pour tous les goûts: copulations en tout genre, sadisme et  masochisme surtout mais aussi  onanisme, sodomie jusqu’à plus soif, partouzes,homosexualité, pédérastie, vampirisme, scatophilie, etc… Et Apollinaire  ne se prive pas, avec une écriture virtuose,  de remettre le couvert , ou plutôt  le lit. Godefroy Segal s’est pris de passion  pour  » cette écriture de liberté, une écriture libérée, une écriture exutoire, le joyau hallucinant d’un halluciné ». (…) « Pour qui? Un public averti et interdit aux mineurs même accompagnés ».
On veut bien mais la louange est un peu surdimensionnée et  très, franchement à l’heure où la majorité des dits mineurs, garçons comme filles,  ne se prive pas d’aller voir des films porno sur internet, cette recommandation  semble quand même un peu désuète!

  Cela dit, sa  mise en scène, extrêmement précise,  et sa direction d’actrices sont exceptionnelles d’humour et de jouissance du verbe. Enfermées dans un cube de film plastique pendant une heure et demi, où assises ou allongées dans toutes les positons érotiques possibles, emperruquées et vêtues de robes noires absolument  transparentes, Géraldine Asselin, Barbara Ferraggioli, Nathalie Hanrion, et Mathilde Priolet  font un travail de premier ordre: rythme, gestuelle, diction: tout est impeccable et Godefroy Segal a eu raison de confier ce conte à ces quatre jeunes femmes qui jouent  le second degré avec gourmandise.  Le public disposé tout autour  des trois côtés   sur deux rangées, est ainsi installé en position de voyeur.
Les meilleurs moments sont ceux où l’une d’entre elles juchée sur un cube dit le texte, tandis que les trois autres exécutent sur un matelas central les figures sexuelles imposées. Sperme, urine, merde et enfin sang  jaillissent de gourdes en cuir jusqu’à gicler sur les quatre parois en  film plastique,  et les coups de cravache n’épargnent guère un bel oreiller rouge.
On est tout près de la performance  et  le spectacle peut faire penser à celles des actionnistes viennois comme Günter Bruss, Otto Muehl, Herman Nitsch, Rudolf Schwarzkogler et leur rituel du corps, sans oublier en France Michel Journiac ou Gina Pane. Ce  cube dû au peintre  Jean-Michel Hennecart, même s’il n’a rien de très écologique  puisqu’il faut le refaire chaque soir, est  une belle invention scénographique.

  Mais ces Onze mille verges auraient sans aucun doute été beaucoup plus convaincantes si Godefroy Segal avait eu une paire de ciseaux ; passée 45 minutes, le texte d’Apollinaire, sans doute scandaleux pour son époque et pour les suivantes puisqu’il n’a plus été interdit qu’ à partir de 1970! est assez répétitif… et on s’ennuie quand même un peu. Il y a heureusement  ces quatre formidables comédiennes !
  Alors à voir? Oui, mais surtout pour elles et la mise en scène de Godefroy Segal.

Philippe du Vignal

Maison de la Poésie jusqu’au 22 avril et ensuite du 23 mai au 3 juin.  Et Quatre vingt treize de Victor Hugo également mise en scène de Godefray Segal  du 2 au 20 mai.

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