Un jour de 8 mai 2012

 

Un jour de 8 mai 2012 dans actualites NS-FH-045

 

Un jour de mai 2012

 

« Cédons lui ce pouvoir que je ne puis garder » Phèdre de Racine. Drôle de pays qui met en scène involontairement la passation de pouvoir le jour où nous commémorons la fin de la deuxième guerre mondiale qui a coûté tant de vies humaines. Très belle dramaturgie que même les auteurs les plus féconds ne pouvaient imaginer.
Le tout avec une certaine bonhomie, quelques serviteurs zélés de chacun des deux camps, enjoués et affables, d’autres plus sévères et déjà ailleurs. Ainsi évolue ce pays entre comédie et drame.
Un pays républicain qui fait vivre ses hommes de pouvoir dans des palais dorés. La comédie politique, les électeurs la connaissent depuis longtemps, le drame certains le vivent déjà, d’autres vont peut être le découvrir ou pas ! Harold Pinter  dit  dans : Art, vérité et politique: « La majorité des hommes politiques à en croire les éléments dont nous disposons, ne s’intéressent pas à la vérité mais au pouvoir et au maintien de ce pouvoir. Pour maintenir ce pouvoir, il est essentiel que les gens demeurent dans l’ignorance, qu’ils vivent dans l’ignorance de la vérité, jusqu’à la vérité de leur propre vie. Ce qui nous entoure est donc un vaste tissu de mensonges ».

Jean Couturier

 

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Archive pour 8 mai, 2012

Les descendants

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Les descendants, d’après Sedef Ecer, mise en scène de Bruno Freyssinet

   Trois générations : la première vit la dictature et le génocide, la seconde le tabou et le secret sur cette période noire, et la troisième cherche à soulever le couvercle. Les “inférieurs“ – ni l’auteur turque, ni le metteur en scène français, ni les acteurs, allemands, arméniens, français, turcs, n’ont voulu désigner l’histoire d’un pays plutôt que d’un autre – sont exilés et conduits à la mort par une dictatrice (bonne idée, dérangeante et efficace) particulièrement redoutable, “éradicatrice“, “purificatrice“, conquérante (n’ayons pas peur des “guillemets d’horreur“ qui soulignent l’idéologie abominable que porte ce vocabulaire, la conquête ne valant du reste pas mieux pas mieux ). À sa mort même, comme cela s’est produit avec Franco en Espagne, on continue à la faire parler, le temps de donner autorité à ses successeurs.
Les survivants, ceux qui ont été préservés par et pour la science, gardent un vieil observatoire, la tête dans les étoiles, et la descendante exerce sous la terre une autre activité tout aussi symbolique : elle est archéologue, et travaille d’urgence, avant la mise en eau d’un barrage, à sauver le Sarcophage des pleureuses. Elle-même ne pouvant pleurer sur le passé terrible qu’on lui a caché…
La pièce est compliquée : elle nous emmène, en scènes très courtes (trop courtes ? ), droit au cœur de la tragédie (la fille de la révoltée qui a assassiné la dictatrice aime le fils, caché, de celle-ci…), dans la comédie politique, dans le récit au travers des trois générations, dans l’image, la musique… La comédienne qui joue la dictatrice est d’une force exceptionnelle : un bloc de pouvoir, effrayant, grotesque. Les autres interprètes n’arrivent pas à cette ampleur, ce qui gomme quelque peu le propos.
Les langues se mêlent en de longs récits : on a envie de les entendre, de se laisser aller à l’effet “tour de Babel“, au point de regretter que trop de sous-titrage parasite tout cela.
C’est le défaut de ce projet réellement collectif, et réellement européen : vouloir, ou plutôt se sentir être obligé de trop dire, de trop expliquer, de poser de façon trop abstraite les questions morales liées aux questions politiques.
Est-il possible  de réaliser  un tel projet ? Tel qu’il est, on sent bien ce qu’il a d’exaltant, d’enthousiasmant pour ceux qui y participent depuis de longs mois, avec tout le travail de recherche passionnant que cela implique. Il fonctionne aussi pour un public très jeune qui apprend ici, sous une forme spectaculaire simple et souvent efficace, ce qu’il ne savait pas de l’Europe compliquée  où il vit. Pour un public plus habitué, on a envie de dire : « moins de mots, plus de jeu, de situations, du théâtre ! ».

Christine Friedel

Théâtre de l’Aquarium – 01 43 74 99 61 – jusqu’au 27 mai

 

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LES FRÈRES MERCODIER Les Urbaindigènes

Les Frère Mercodier par Les Urbaindigènes


Modestie Franc-comtoise oblige, aucun nom n’est stipulé sur le site des Urbaindigènes, compagnie d’acrobates pleine d’humour invitée par la Salamandre dans le cadre leur 22 ème  anniversaire. Une vieille voiture traînant une énorme remorque chargée d’une armoire, d’une pendule ancienne et  d’un lit,  pénètre en vrombissant…
Less frères Mercodier viennent d’être expulsés de la maison familiale qui a été détruite. Ils tentent tant bien que mal d’aménager un espace habitable en déchargeant à coup de sauts périlleux vertigineux. Kiki, Julot, Goudron , Bouli et Nono coupent du bois, prennent un repas, font la vaisselle en cassant les assiettes : “Quand tu as de la boue jusqu’aux genoux, souviens-toi que tu l’as dans les mains ! (…) Y nous foutent la paperasse pour nous foutre dehors “.
Ils sautent sur le lit où toute la famille a été conçue, font des vols planés avec une étonnante virtuosité. Mais, au bout du compte, ils finiront par réintégrer la maison dont ils ont été expulsés, et  regagneront joyeusement Monmarlon, où leur ancêtre a tout reconstruit.

Edith Rappoport

 

Parking de la Rhodia, Besançon.

 

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Culture(s) forces et défis du 21ème siècle

 Culture(s) forces et défis du 21ème siècle sous la direction de François Adibi et Christophe Galent

Culture(s) forces et défis du 21ème siècle  dans analyse de livre logoRéinventer un monde habitable: Les acteurs du secteur culturel dont plusieurs collectifs, tous statuts réunis, ont planché sur la refondation des politiques culturelles, en ces temps de rupture, alors que notre système de valeurs et nos expériences, lentement sédimentées, s’effritent.

La première partie, « Des forces de la création… », interroge les filières des industries culturelles (cinéma, musique, audiovisuel, livre et édition) et des biens culturels (spectacle vivant, arts plastiques, arts numériques et patrimoine). Le champ des industries culturelles, entre économie et art, est porteur d’emplois, un certain nombre d’études l’ont démontré. Il demande ajustements et nouvelles régulations pour s’adapter à l’ère du numérique (dont la révision de la Loi Hadopi). Du côté du cinéma, les modes de financements du film français et son soutien aux cinématographies du monde, l’engagement des réalisateurs et producteurs, le cinéma d’auteur, en font sa force et sa fragilité. Le CNC a valeur d’exemple pour la création d’un Centre National de la Musique, contrant la crise de la filière musicale.

Le collectif qui s’exprime pour l’audiovisuel reconnaît le flou des missions et la crise d’identité, dénonce la nomination des PDG par le pouvoir politique et le peu de place laissé au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, parle de redéfinition des missions.

Quant au domaine du livre et de l’édition, les auteurs relèvent le manque de vision stratégique et énoncent cinq grands défis : la pédagogie, l’indépendance (avec une focale sur l’avenir des librairies), l’innovation (et la promotion des partenariats public-privé), les droits d’auteurs, la préservation des œuvres par leur numérisation.

Comme pour les industries culturelles, le recensement des biens culturels entraîne questions et propositions. Le spectacle vivant a longtemps vécu sur l’actif des années Lang, mais sa vitalité s’est tassée, (remise en cause du statut de l’intermittence, baisse des revenus, précarisation de l’emploi). Les mots clés: mutualisation des savoirs, des expériences et des moyens, formation et qualification des acteurs, développement à l’international, financements croisés Etat-collectivités territoriales. La nécessité d’une loi de programmation pluri-annuelle devient indispensable, note le collectif, pour donner aux lieux et aux compagnies, un horizon.

Et, au-delà de la question des méthodes et de l’infrastructure, celle du sens est récurrente : redonner du sens aux actions, c’est-à-dire re-fonder le dialogue entre les artistes et la société, aller vers, travailler hors-les murs, élargir les publics, notamment dans le contexte rural et péri-urbain, dans l’espace scolaire (10% de la population fréquente les salles de spectacle), et se poser de manière permanente, la question, vitale, de la place de l’artiste dans la société.

La consultation lancée au printemps 2011 dans le domaine des arts plastiques, parent pauvre du ministère de la Culture note le collectif interrogé, avait donné espoir aux intervenants de la filière (artistes, directeurs d’institutions, commissaires d’expositions, critiques d’art, galeristes). Elle fut suivie de peu d’effets en termes de propositions, alors même que la demande des publics augmente. Le collectif demande le renforcement de l’action en région par, notamment, la création d’ateliers logements, la promotion des artistes, l’appui sur les acteurs privés, le soutien aux galeries, le développement de l’import-export, tout en remarquant l’absence d’une structure souple à la manière du British Council, pour les échanges internationaux.

Le constat d’une nécessaire évolution des pratiques culturelles due au développement des nouvelles technologies, la notion de création dans tous les domaines, majeurs et mineurs, dont les jeux vidéo, l’art des flux, l’art en réseau (internet et mobiles) qui font aussi partie de la vie quotidienne depuis une quinzaine d’années, l’effacement des frontières entre réel et virtuel, les droits d’auteurs sont  autant de thèmes énoncés dans ce tour d’horizon.

L’ouvrage pose aussi la question de la pertinence, dans le domaine du patrimoine (matériel et immatériel) et celui de la validité scientifique de la restauration. Secteur porteur d’identité et de mémoire, il est difficile à médiatiser et pèse en termes financiers. Ses auteurs proposent de revisiter la répartition des compétences entre Etat, collectivités locales, particuliers, de revoir les niveaux de protection, dans un contexte de développement durable et d’écologie et compte-tenu des enjeux du tourisme.

Une seconde partie… »Aux défis du XXIème siècle… » pose la question du sens, du goût du vivre ensemble et se fait l’écho d’une fraternité retrouvée  : « Un art de la relation émerge, le onzième art , avec une référence à l’éducation populaire, à la société plurielle, au respect des cultures urbaines, à ceux que l’on n’entend pas :gens ordinaires, publics défavorisés, en souffrance. Les auteurs tablent sur le degré d’inventivité des artistes, le travail à l’échelle du quartier, la recherche de nouveaux liens, pour réinventer un espace public et « compenser par le tissage ce que l’économie déchire ».Ils proposent de mettre l’accent sur ce qu’ils appellent une troisième voie qui renvoie aux collectifs d’artistes, aux coopératives.

Une soixantaine d’acteurs culturels ont signé ces « Scénarios de refondations pour une République culturelle et la reconnaissance d’un tiers secteur culturel ». Prise en charge de micro-projets culturels d’initiative citoyenne, reconnaissance d’un espace public où s’ancre le spectacle vivant, prise en compte de l’expérience de terrain par les politiques et dans les instances représentatives, définition d’un minimum social pour les acteurs de la vie culturelle dont le postulat est « de ne pas perdre sa vie à la gagner mais plutôt produire du symbolique pour ne pas mourir », attention des pouvoirs publics au terreau que fabrique la société et ré-orientation des institutions face à la crise, telles sont les propositions les plus fortes…

Les relations Nord-Sud- et Sud-Nord enfin sont envisagées sous l’angle de la conversation des cultures. La diversité deviendrait la question centrale d’un nouvel imaginaire politique dont la clé repose sur la vérité et la réconciliation suite aux colonisations, sur l’équilibre des dispositifs et des actions,. Franz Fanon, Edouard Glissant, font figure de référence dans cette invitation à réfléchir sur une société, la nôtre, dans laquelle la laïcité est ré-affirmée.

Le dernier chapitre, « Une aventure commune », reconnaissant l’héritage de Malraux en son temps, énonce, à partir des éléments collectés par les différents groupes de réflexion, treize mesures dont une loi de programmation pour une action inscrite dans la durée, véritable chemin de fer pour une intervention publique revisitée, un manifeste.
Culture(s) forces et défis du 21ème siècle est un plaidoyer pour la culture, une interpellation pour construire une autre gouvernance et restaurer le lien social, un profil de poste pour le/la prochain/e ministre de la Culture, et des outils pour restaurer notre société fragmentée au sens où Michel Wievorka l’entend, le liant à la crise de l’Etat-Nation. Nous ne sommes pas dans le discours scientifique mais sur le terrain, recentrant le débat sur le sens, le prix des choses sans prix selon Jean Duvignaud, sociologue et poète. Pas d’unité de ton comme l’annonçait la préface, un assemblage où tout est vital, une fierté retrouvée. « Mon Art serait de vivre », disait Marcel Duchamp.

Brigitte Rémer

Editions Altaïr Think Tank cultures médias, coordination éditoriale Le Publieur

 

 

PASSAGE – ESSAT. la Salamandre

PASSAGE  la Salamandre, Place Granvelle, Besançon


Fondée en 1990 par un collectif, cette compagnie de flammes et de voix fête son 22e anniversaire dans les rue de Besançon avec un somptueux spectacle déambulatoire. Ils sont une vingtaine sur la place Granvelle,nous sommes perchés sur l’Orphéon, un étrange chariot musical pénètre suivi de porteurs de flammes, un air d’opéra retentit et nous sommes invités à les suivre dans les belles rues de la ville, avec des stations au pied des maisons et des jeux acrobatiques inouïs avec les feux. Les hommes torse nus sont vêtus de longues robes comme les femmes, on frémit devant les risques pris dans ce spectacle sans paroles, accompagnés de musiques contemporaines. On se masse au pied d’une église à la haute flèche pour voir une belle acrobate blanche de Motus Module, hissée puis redescendue, danser une chorégraphie verticale à couper le souffle.

Aucun nom n’est mis en avant, dans la troupe, on peut seulement recueillir quelques informations auprès de Jean-Michel Riant dont la longue chevelure blanche est léchée par les flammes.

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ESSAT  La Salamandre, Parking de la Rhodia, Besançon


Toujours pour leur 22e anniversaire, la Salamandre présente l’ébauche d’un nouveau spectacle de flammes et de voix en frontal cette fois. Nous sommes assis sur des gradins en contrebas de l’immense citadelle illuminée qui surplombe le site. Malgré leur virtuosité et les jeux vertigineux avec les feux qui viennent lécher les comédiens, les musiques et les poèmes ne sont pas encore bien trouvés, ils doivent encore consacrer du temps à l’élaboration du spectacle. La Salamandre tourne dans le monde entier, voir la liste impressionnante de leurs tournées dans le monde sur leur site. Ils sont soutenus par la Région et le Conseil Général, mais la ville de Besançon les ignore superbement en dehors des autorisations accordées du bout des lèvres.

Edith Rappoport


http://www.la-salamandre.com

 

 

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