Le Festival Teatro a Corte.

Le Festival Teatro a Corte à Turin et dans ses environs.

  Le Festival Teatro a Corte. arcades.turin_Le Festival, dont c’est la douzième édition, a  deux missions:  valoriser  les biens historiques du Piémont-entre autre et en particulier,  les résidences de la famille  de Savoie: le château d’Aglié, celui de Rivoli devenu musée art contemporain, la prestigieuse Reggia de Venaria Reale, les châteaux de Racconigi, le dernier à avoir été quitté par la famille royale italienne en 1971,  et Moncalieri -en favorisant les formes  diverses et  les plus contemporaines  du spectacle vivant, italiennes mais aussi et surtout européennes. (voir Le Théâtre du Blog juillet 2011).
Cette année, ce sont  25 compagnies( Brésil, Danemark, Etats-unis, Italie, Pologne, etc… avec un focus sur le  Royaume-Uni  etc… soit au total:  31 spectacles… dont cinq créations in situ et 19 premières. En vrac  et pour faire court: en avant-première,  les 12 et 13 juin, un spectacle du Français David Bobée, artiste multi-média, fou de cirque et de cinéma,qui a travaillé comme comédien et danseur avec Pascal Rambert.  Artiste associé à la Scène Nationale de Douai / l’Hippodrome, il recréera un appartement  sur un plateau tournant sous un chapiteau à Turin, avec l’ambition de  » intégrer le cirque à une dramaturgie fragmentaire ».

  Il y a aura aussi, toujours à Turin,  le 6, 7, et 8 juillet, à la frontière entre performance et mondes virtuels, deux spectacles de la compagnie anglaise Me and the machine: When we meet again  de dix minutes pour spectateur seul, et The Door project création in situ  dans plusiers lieux de la ville. Signalons aussi les 13 et 14 juillet au Teatro Astra, une nouvelle création de théâtre/danse  par la compagnie belge Peeping Tom, mais aussi la française Jeanne Mordoj qui revient avec son Eloge du poil ( voir le Théâtre du Blog) et Dudapaiva, un danseur qui travaille avec des pantins de mousse. Et cette année,  un chorégraphe israëlien, Bark Marshall.
Il y aura aussi une revisitation de  Zio Vanja-autrement dit Oncle Vania-joué par cinq acteurs italiens  sous la direction d’Emilia Bronzino au Centre international de Cavallo. Bref, des spectacles aux orientations souvent radicalement différentes. Comme le souligne  Beppe Navello, le directeur de Taetro a Corte:  » Nous avons orienté le festival cette année plutôt vers des formes multi-medias aux frontières des arts plastiques, du cirque, de la vidéo, de la danse, du cirque et du théâtre; c’est je crois, une tendance très forte actuellement en Europe. Nous avons aussi voulu privilégier les créations in situ auxquelles je crois beaucoup, surtout depuis l’édition de l’an passé et après avoir vu l’installation de Buren au Grand-Palais à Turin .
Des lieux, comme le Petit Palais à Turin, ne demandent qu’à être mis en valeur et à revoir des spectacles. Un Festival comme Teatro a corte a besoin de s’ouvrir sur l’Europe: c’est un fait que les artistes voyagent de plus en plus et j’ai déjà des projets avec les Pays-Bas pour 2013. Je crois beaucoup et de même de plus en plus au métissage des formes.   Et cela, malgré les difficultés budgétaires! Le Festival a été, cet automne, comme nombre d’institutions italiennes,menacé de disparaître et a subi des restrictions financières assez drastiques. Malgré tout, nous sommes toujours là et heureux d’accueillir spectateurs italiens et ceux venus de toute l’Europe. Grâce à la région, à la ville de Turin, à l’Etat et à plusieurs fondations privées. »

Philippe du Vignal

 Festival Teatro a Corte du 6 au 22 juillet: www.teatroacorte.it


Archive pour mai, 2012

Temps

Temps ImageTempsTemps, texte et mise en scène  de  Wajdi Mouawad.

Désireux de s’écarter de Sang des promesses pour passer à un autre « temps » de son œuvre, Wajdi Mouawad place sa dernière création sous le signe de l’inquiétude. Il y voit une chute libre où l’écriture doit trouver à l’instinct son guide, et ainsi révéler à son auteur une face cachée de lui-même.
Et pourtant, avec sa quête des origines et de l’identité, sa filiation problématique et sa blessure secrète à colmater, Temps  a quelque chose de  familier aux lecteurs de Sang des promesses.
Mais cette fois, le secret est déjà connu, et de tous.Dans la petite ville minière de Fermont, au Québec, tout le monde sait que l’illustre poète Napier de la Forge a commencé à violer sa fille Noëlla quand elle  avait  cinq ans, et a continué à le faire jusqu’à ses premières règles. Tout le monde sait qu’en l’apprenant, Jacky, la mère, s’est précipitée dans la forêt pour s’immoler devant sa fille, devenue sourde et muette sous le choc. Tout le monde sait qu’alors le feu a effrayé les rats qui, depuis, traversent la ville chaque jour, comme une malédiction. Mais personne n’a mis fin au drame. Aujourd’hui, le vieil homme est mourant,  et Noëlla a repris contact avec  ses frères pour régler la succession. Comme Electre attendait son frère.
En apprenant la vérité de leur histoire à ceux qui l’ignorent,  elle pense  qu’ils sauront trouver ensemble la force d’y mettre un terme…
Pas vraiment d’énigme donc, mais tout de même une révélation à mettre en acte. Le texte est d’une manière générale plus incisif que les précédents, moins lyrique. Le texte édité a même été écourté pour la scène, dans une volonté chez Wajdi Mouawad de se concentrer sur l’essentiel, c’est à dire l’intrigue. Il continue ainsi son exploration de la personne humaine et de ses doutes.
Dans une ville à la frontière avec le Labrador, où les températures peuvent descendre jusqu’à – 60 degrés, les hommes sont en lutte permanente avec l’extérieur et ses éléments déchaînés. La scène est traversée par un vent glacial et hurlant, qui fait s’envoler les manuscrits du poète et trembler les murs de la maison. Tous s’efforcent de rester confinés à l’intérieur, à l’abri. Mais, en vivant ainsi les uns sur les autres, ils s’épient, et leurs ombres sont visibles en filigrane à travers les murs de toile. « On est tous un peu glinglin ici », dit Meredith Rose, l’interprète.
Dans ce lieu clos, tout est partagé, y compris le malheur, et c’est au rythme du malheur que bat  le cœur de chacun. L’obstacle de la langue (l’un des frères, Arkadiy, venu de Vladivostok, ne parle pas un mot de français) nécessite une interprète . Et quand  Noella avoue la vérité à ses frères, sa parole ainsi relayée semble lier les personnages.
Tous ont désormais part à l’intrigue et au fléau familial.  La révélation, extériorisée en russe, traduite en français, est reprise en écho par les interprètes, qui la prolongent encore et encore, jusqu’à la rendre presque palpable. Impression  renforcée par l’utilisation de la langue des signes, d’autant que Marie-Josée Bastien (qui joue Noëlla) s’en émancipe parfois pour revenir à des gestes plus élémentaires : des larmes qui coulent pour les pleurs, le corps et la tête qui se renversent pour figurer l’immolation.
Les images du corps parlent à tous, directement, et concrétisent l’histoire. La parole ainsi cristallisée ne peut que creuser droit la sensibilité du spectateur. L’instant devient durée, le temps s’arrête.

Si l’on peut critiquer l’avancée quelque peu laborieuse d’un texte fondé sur la résolution d’une énigme déjà résolue, la force percutante des révélations est indéniable. Quand le père,  tout à coup,  se masturbe devant le frémissement d’une robe de fillette. Quand quand  le fils explose de rage devant la faute paternelle et en démontre à tous les conséquences. Ou enfin quand Noëlla revit sous les yeux des autres à la fois son premier viol et la mort de sa mère…
Les personnages de Temps se reconnaissent dans ces cris de douleur humaine. Jusqu’au spectateur lui-même. Ce lien de souffrance est profondément soutenu par la cohésion des acteurs. Tous brillants. Marie-Josée Bastien (Noëlla de la Forge) est incroyable de présence dans ce rôle de  jeune femme devenue muette, et sa concentration fait rayonner le texte. Et on est pris à la gorge par l’interprétation de Jean-Jacqui Boutet qui joue rôle délicat du vieillard. Le personnage représente pour Wajdi Mouawad un premier contact avec le mal, un mal qui n’est encore que faiblesse, mais qui pose déjà les bases d’un travail futur…
D’aucuns resteront peut-être insensibles ou agacés, mais, pour la majorité du public,  l’émotion frappe aux instants-clés. Temps reste une tragédie qui nous touche en plein cœur, comme Wajdi Mouawad sait le faire.


Elise Blanc

Théâtre National de Chaillot jusqu’au 25 mai. Le texte de la pièce est édité chez Actes Sud-Papiers.

 

 

  Nous avons assisté à la même représentation qu’Elise Blanc mais malheureusement nous n’avons pas eu le même enthousiasme pour le texte de Mouawad! Comme notre jeune et brillante consœur l’indique- le texte déjà bien long-avance plutôt laborieusement et nous n’y avons été guère sensibles.Bref, on s’ennuie  assez souvent, même si-et Elise Blanc a raison de le souligner, il y a quelques beaux (mais trop rares  moments) où l’on entre de plain-pied dans cette tragédie familiale. 
  Par ailleurs, ce n’était sans doute pas l’idée du siècle d’avoir choisi le très grand plateau nu ou presque de la salle Jean Vilar, où tout a tendance à se perdre, le texte comme la mise en scène. Mais, heureusement, il y a quand même la magistrale interprétation des comédiens québécois; pour le reste, autant en emporte le vent des hivers canadiens….

Philippe du Vignal

Korijolanusz


 

   Korijolanusz Koriji


Korijolanusz, d’après la tragédie de Shakespeare Coriolan, textes de William Shakespeare, Bertolt Brecht, Heinrich Von Kleist, mise en scène de Csaba Polgar.

Nous sommes bien dans une République romaine archaïque : « Nous, les Romains » ! La trame historique est là et les noms rappellent le contexte : Aufidius, Agrippa, Caius Marcius : « Je suis le rôle titre » ! Mais ni toge, ni soldats, ni décor rococo. Les acteurs sont déjà sur le plateau quand les spectateurs entrent, vêtements comme dans la vie. Lumière, pendant un long moment, pas de coupure entre salle et scène. Chacun vaque, l’un lit, l’autre rêve, les dames tournent le dos. Ils ne quitteront pas le haut plateau de Nanterre-Amandiers dont ils prennent possession, pendant presque deux heures.
Une émeute… Le peuple a faim. Le prix du pain est en cause. Plan d’austérité déclaré, plèbe contre patriciens. Caïus Marcus, ennemi du peuple, est attendu de pied ferme : « L’augmentation est dûe aux dieux, pas aux sénateurs » se défend-t-il. Il ne s’agit pas d’un cours d’histoire, même si nous suivons ce jeune patricien entré dans l’armée et qui, réfugié chez les Volsques, met ses capacités de stratège au service de ses anciens ennemis. La version est plus proche d’Astérix que de Plutarque, elle rappelle une certaine réalité, avec humour et distance. « On en a marre d’être avant J.C. » dit l’un, « Je n’y peux rien d’être riche » dit l’autre.
La scène est un no man’s land, une sorte de friche industrielle aux grandes fenêtres avec bureau du contremaître en contre-plongée, le territoire des Volsques. Quelques fauteuils type salon de coiffure, deux gros réfrigérateurs… Des tubes fluo, une poubelle, un seau pour recevoir les fuites d’eau. L’espace est ouvert et les circulations chorégraphiées. La bande à Caïus Marcus a tout des faillots de service… Agrippa, debout sur le frigo, planté comme une statue sur son socle, est aux aguets, prêt à porter sa morale : « Vous êtes trouillards dans la guerre et insolents dans la paix… ».La lumière baisse. Un chant polyphonique monte, (très belles voix de formation classique), entre Sanctus et Magnificat. « On a faim, où est le blé  » ?
La nomination de deux tribuns comme médiateurs, ne fait pas avancer l’affaire : « Engagez-vous mes amis, luttez pour Rome ». Et Caïus Marcus va au combat : « A la charge » ! Mère et épouse en concurrence, assument les préparatifs dignes d’un boxeur avant le ring : une mère, abusive, au look de reine d’Angleterre, prête à défendre bec et ongles son descendant de fils  (« Dis-leur ce qu’ils veulent entendre » ) et  une épouse de type barbie la pleureuse, personnages qu’elles tiendront tout au long du spectacle.
Quand il rentre victorieux du combat, après avoir pris aux Volsques la cité de Corioli ,  Caïus Marcus devenu Coriolan,  veut devenir consul.  Il lui faut l’aval d’un collège de gens du peuple. Il reçoit alors quelques corps de métier, tel un cordonnier, un jardinier, pantalon baissé, au sens très physique du terme. Heureusement, le ridicule ne tue pas et le symbole est fort à travers l’imagerie. Il est nommé nouveau consul de Rome. «  Buvons » !
Ce qui importe ici, n’est pas l’histoire,  avec un h ou  un H. C’est l’inventivité des signes théâtraux, la simplicité des acteurs et l’évidence d’être là, leur présence, sans emphase, leur complicité de jeu. C’est l’occupation de l’espace et la mélodie, c’est la fantaisie, l’art des contrastes, le chaud et le froid. On se croirait parfois dans la salle d’attente d’un coiffeur ou d’un médecin.

On est dans le cocasse mais aussi dans le vrai, dans la simulation, la ruse, la crétinerie, copie conforme de la réalité. C’est dans l’esprit du film Good bye Lénine. Le metteur en scène, Csaba Polgar, jette un regard sur la société hongroise post-socialiste, les attentes et les utopies engendrées par l’ouverture et le désenclavement, la désillusion et le scepticisme, quelque temps plus tard.
En hongrois surtitré, Korijolanusz, puise dans le Coriolan de Shakespeare et devient une sorte de farce autour de la question de la démocratie. Korijolanusz a obtenu le premier prix de la critique hongroise en 2011. « Nous ? Une génération qui a grandi sous le socialisme. Nous qui, en capitalisant sur la redistribution du pouvoir après le changement de régime, sommes nous-mêmes devenus des politiciens ».
Ces acteurs, après avoir été étudiants à l’Université de Théâtre et du Film de Budapest, ont créé en 2007 leur compagnie, la HOPPart. «- Comment peux-tu comprendre ce que je dis »? « - On est au théâtre ». Rideau.

Brigitte Rémer

 

 

Théâtre Nanterre-Amandiers du  10 au 12 mai 2012

 

 

Quoi quoi et Quoique de François Joxe

Quoi quoi et Quoique de François Joxe dans analyse de livre JoxeQuoi quoi et Quoique de François Joxe.

 9782296562912j dans analyse de livreIl y a trois ans, François Joxe avait joué en solo Avant-dernières Salutations où il racontait avec beaucoup de finesse et d’humour son parcours atypique,  notamment comme comédien au Théâtre du Soleil et dans la compagnie Renaud-Barrault puis comme metteur en scène et directeur du Festival de Gavarnie; le spectacle avait connu le succès et  lui avait valu une belle reconnaissance. François Joxe publie aujourd’hui une sorte de dialogue en trois épisodes entre un homme et une femme à trois moments  de la vie: d’abord, à l’âge qu’on disait  mûr autrefois, elle a 45 ans et lui 50.
Ni jeunes ni vieux donc mais avec pas mal d’années de couple derrière eux. Ils ne se sont pas vus  vieillir comme on dit, se comprennent à demi-mots,  se taquinent, se chamaillent. Alors le ton monte et les mots les plus crus volent en escadrille, parfois même assez cyniques. Toujours à propos des mêmes choses mais surtout  des relations homme/femme.

 On les retrouve tous les deux pour le second épisode dansa chambrette à lui; mais flash-back comme on dit en français, ils ont tous les deux vingt ans et déjà percent chez lui les premier symptôme d’une bonne crise de jalousie. Quant au troisième épisode, c’est évidemment le plus grinçant: ils ont tous les deux 70 ans et donc un demi-siècle de vie commune. C’est incontestable mais ils n’arrivent pas vraiment à y croire,  ces parents d’Anne, Justine et Corinne, et d’ un garçon. Cela finit sur un adagio de Schubert, peut-être un peu convenu.
 Reste à mettre en scène ce dialogue à la fois si dénué de prétentions et si raffiné dans l’expression, mais là, François Joxe ne donne aucune recette… Prendre les mêmes acteurs? C’est à la fois plus simple, et terriblement compliqué,  si on ne veut pas tomber dans la caricature, surtout quand il faut passer de 20 ans, que les acteurs n’ont pas  à 70 ans.. Mais l’inverse n’est pas non plus possible.. Ou bien, prendre trois couples à l’âge précisément indiqué dans les didascalies: ce qui n’est pas très évident sur le plan dramaturgique et , en ces temps de rigueur budgétaire, c’est du domaine du pari impossible, surtout quand il s’agit d’une pièce assez courte.
 Pour Quoique, ce monologue pour un acteur reprend le thème de la conférence-souvent utilisé au théâtre- prononcé par un universitaire sur le thème du couple et de la parité homme/femme qui revient aujourd’hui comme un vieux leit-motiv inusable, jusque dans le débat politique. Provocations, cynisme, sarcasmes déclinés en tout genre, l’écriture de ce monologue est du genre plutôt brillant. Ce ne sont pas Les méfaits du tabac évoqués par Tchekov mais ceux issus des malentendus dans les relations homme/femme. On pense à ce fameux dessin de Claire Brétécher où une jeune femme préfère tabasser un beau jeune homme qui vient de lui dépanner gentiment sa voiture, au motif qu’elle le trouve trop exceptionnel pour qu’une autre puisse en profiter. Ce monologue à la Dubillard, un peu long et appuyé parfois,  devrait tout de même faire le bonheur de nombreux apprentis-comédiens…

Philippe du Vignal

Théâtres L’Harmattan. 60 pages.Prix: 10 €

Grand prix international du disque lyrique Orphées d’or 2012

Grand prix international du disque lyrique Orphées d’or 2012

Grand prix international du disque lyrique Orphées d'or 2012  dans actualites orpheeL’association de l’Académie du disque lyrique a procédé le 14 mai à sa remise annuelle des Orphées d’or, prix destinés à couronner les meilleurs enregistrements de musique lyrique. Sous la présidence de Pierre Bergé, la cérémonie s’est déroulée à l’auditorium Olivier Messiaen.
Très remarqué, le label polonais Dux a remporté l’Orphée attribué à un éditeur pour l’ensemble de ces productions. Il a aussi été honoré du prix Charles Münch pour L’Opéra Omnia de Mikolaj Zielenski. Spécialisée dans la musique classique polonaise, cette maison fondée en 1992 s’est imposée dans la diffusion des œuvres de compositeurs polonais, encore trop méconnus et rarement interprétés, à l’exception de Chopin et du trio contemporain : Penderecki, Lutoslawski et Gorécki. Le chant issu de la tradition orale, glorifié dans Chants d’Orient et d’Occident par Rachid Ben Abdeslam, a reçu le Prix spécial.
Dans le domaine de la musique contemporaine, Laurence Equilbey, à l’occasion de la sortie de Best 20 Accentus s’est vue décerner l’Orphée Spécial. Patricia Petibon a été sacrée meilleure interprète pour la Lulu dirigée par Michael Boder. D’autres cantatrices ont été aussi décorées : Renée Fleming pour l’album Poèmes, Véronique Gens pour Tragédiennes, Nino Madchaidze pour le meilleur récital d’airs d’opéra Romantic Arias, et surtout Sara Mingardo pour l’enregistrement de l’œuvre intime et désespérée de Mahler, les Kindertotenlieder.
Un Orphée spécial a été décerné à la cantatrice Anja Silja, en sa présence, pour ses prestations exceptionnelles sur les scènes mondiales. La personnalité de Leyla Gencer illustre cantatrice turque qui avait commencé sa carrière en même temps que la Callas a aussi été évoquée. Légende du chant, Leyla Gencer est désormais connue mais par un nombre restreint de spécialistes et de musicologues. Moins sulfureuse et scandaleuse que la Callas, devenue alors l’icône de l’art lyrique, Gencer resta quelque peu  dans l’ombre.
La soirée aurait pu être laborieuse sans les interludes musicaux et la présence charismatique de Jordi Savall à la fin de la cérémonie . Le maître de la musique baroque a témoigné de ses quarante sept années passées avec sa muse Montserrat Figueras, cantatrice à l’humanisme éclairé, touchée par la grâce, délicate et inspirée, disparue en 2011. Montserrat Figueras, le timbre le plus pur du répertoire de musique ancienne et, de toute évidence, la voix de l’émotion…

Rosa Ferreira

Opéra Bastille, 14 mai 2012.

Life and Times

Life and Times  life
Life and Times
épisode 2 de Kelly Copper et Pavol Liska en américain  surtitré

  Cela ressemble à une blague d’étudiants qui aurait réussi… Le temps d’une vraie conversation téléphonique, une jeune femme (Kristin Worall) retrouve ses souvenirs d’enfance et ceux-ci seront  exprimés sur scène sous  forme de chants et de danses.. Et , chaque moment de  sa vie va donner lieu à une représentation théâtrale en plusieurs épisodes. C’est ce qu’a réalisé Pavol Liska avec la troupe du  Nature Theater of Oklahoma.
Le premier  épisode avait  déjà été joué au théâtre des Abbesses l’an passé, et le deuxième  au festival d’Avignon qui  est  à nouveau présenté aujourd’hui. Cinq femmes et un homme vêtus de survêtements de marque aux couleurs intenses occupent le plateau pendant deux longues heures.
Ils sont ensuite rejoints dans les dernières trente minutes par d’autres comédiens qui viennent notamment du cours Florent. Avec vingt personnes sur scène, cette comédie musicale prend toute sa forme au final.  Il y est question de  la vie quotidienne d’une  jeune américaine, dans sa grande banalité jusque dans les onomatopées qui sont traduites dans le surtitrage. La musique des années soixante-dix sans grande variation de rythme donne un côté ronronnant à l’ensemble. Quant aux parties dansées, elle tiennent de la gymnastique rythmique et rappellent  parfois les riches heures des « claudettes ».

Le tout laisse le spectateur « branché », ravi d’avoir assisté à ce qu’il pense être une œuvre artistique, aussi  originale que novatrice…où l’on s’ennuie beaucoup !

Jean Couturier

Au théâtre des Abbesses jusqu’au 18 mai

Cahin Caha

Cahin Caha de Serge Valetti mise en scène de David Gery

Cahin Caha 2011-marsane-23-07-2« Comment faire pour que ce spectacle commence enfin… » dit David Géry  qui s’interroge sur l’avenir du spectacle qu’il souhaite mettre en production ;  il a donc invité quelques personnes à en voir les vingt premières minutes. Une manière de faire avancer le projet, de trouver des relais, voire des points de chute.

C’est une stratégie que doivent adopter nombre de compagnies en quête de producteurs, multipliant lectures scéniques, maquettes, bandes-annonces. Le sort du projet dépend alors de la qualité de ces avant-premières. Vingt minutes d’un spectacle en cours de fabrication pourraient frustrer le spectateur, voire le démobiliser. Mais cette maquette avec Olivier Cruvellier et Christian Drillaud n’est pas un brouillon mais un séduisant début, un tissage de haute précision. Hors-d’œuvre qui met en appétit et qui donne envie d’en goûter davantage.

La trame est simple : un comédien et son auteur dialoguent sur la difficulté d’écrire quand il ne reste plus rien à dire L’écrivain cherche, rature, s’énerve, recommence, s’enthousiasme d’une trouvaille pour mieux retomber dans le vide, et ainsi de suite. Alter ego, frères ennemis, les deux compères s’opposent pour mieux se réconcilier et inversement.
« 
J’ai écrit un monologue à deux voix, explique Serge Valletti.Au départ, c’était donc une seule personne qui se parlait à elle-même, et puis, chemin faisant, et comme par jeu, ils ont trouvé chacun leur identité. L’un s’appelle Cahin et l’autre Caha. Ils avancent, ils n’en finissent pas d’avancer en s’interrogeant. Comme chacun de nous, quand nous sommes seuls!  »
On retrouve dans
Cahin Caha la verve de l’auteur, son sens de la répartie, une facilité d’écriture que les deux comédiens savent contenir pour faire valoir les silences et les hésitations devant la page blanche que devient le plateau nu. Pour faire sonner l’angoisse du néant qui se cache derrière le verbe haut des personnages. ..
Cette pièce infinie, qui n’en finit pas de commencer, permet aux acteurs d’explorer les nuances du jeu, de traduire entre les mots les variations d’humeur, des plus sourdes aux plus violentes. On souhaite qu’elle puisse bientôt voir le jour sur de nombreux plateaux : une aventure à suivre..

Mireille Davidovici

 

Maquette présentée le 14 mai au Théâtre du Lucernaire.

Festival Impatience

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Mama Medea, adaptation de Médée d’Euripide de Tom Lanoye, mise en scène de Christophe Sermet

 Tom Lanoye,  assistant de Krzysztof Warlikowski pour Un Tramway (voir Le Théâtre du Blog ) dirige ici une jeune troupe belge. Des tables et des chaises en formica et une tente rectangulaire mobile, accrochée aux cintres délimitent l’espace de jeu.
Le personnage central,  Médée, est en rupture avec son père le roi Eétès, après avoir tué Pélias par amour pour Jason et lui avoir permis d’acquérir la Toison d’or. Elle fuit avec Jason et les Argonautes et l’épouse en Grèce. La suite sera bien sûr tragique.
Au bout de presque trois heures de ce spectacle avec entracte, nous avons un peu l’impression d’avoir assisté à une représentation d’une Médée pour les nuls. De ce point de vue, une réussite et la langue utilisée sans vraie portée poétique décrit bien les conflits entre les personnages. Chaque acteur est juste dans son rôle, et une belle énergie transporte la troupe. Cette Médée  est ici « une femme ordinaire», mais pourtant son histoire extraordinaire très lisible ici… manque  singulièrement d’émotion.

Le public, surtout composé de jeunes comédiens et metteurs en scène participant au festival,  semblait quand même satisfait !

Jean Couturier

Festival Impatience jusqu’au 14 mai organisé par le théâtre de l’Odéon

Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri, mise en scène d’Antu Romero Nunes

Festival Impatience. Vous avez dit impatience? On s’attendrait à de  jeunes troupes, mais celles que nous y avons vues  cette année ont déjà quelques bonnes années de bouteille derrière elles. Le temps de développer la puissance nécessaire pour tenir des espaces comme la scène de l’Odéon ou l’immense atelier Berthier…
Invasion commence  par du vide où deux techniciens , un homme et  une femme,   habillés de noir semblent être  en attente d’une tâche à exécuter. Techniciens du jeu, en effet : avec deux  autres, ils vont déplier pour nous la pièce de Jonas Hassen Khemiri, la pousser dans ses derniers retranchements et nous “envahir“ jusqu’au terrible récit final. Tout cela sans rien dans les mains, à l’exception d’une énorme soufflerie.
Donc, ça commence par un très poétique et quelque peu solennel récit des Mille et une nuits, violemment interrompu par deux spectateurs, des voyous allergiques à la culture et au “vieux théâtre“. Effet garanti : un instant, on s’y croirait. Ainsi commence la magie du mot  Abulkasem : le nom porte tout le rejet, tout le mépris de la culture pour ceux qui en sont exclus. Nase, nul,  chiant, zéro.
Et puis, selon les modalités lexicologiques des adolescents, l’emploi du mot se retourne : super, géant, génial, « mortel ».  Jusqu’à signifier tout ce qu’on voudra bien y mettre. Le nom Abulkasem développe au fil de la pièce tout son pouvoir magique : lumineux sésame pour un dragueur malheureux, mot de passe pour branchés peu sûrs de leur place dans une avant-garde, nom mythique d’un agent terroriste, il porte  tous les fantasmes que l’Europe veut bien se construire sur l’Islam, un Islam rêvé, abhorré, craint et… inventé de toutes pièces. Il envahit l’Europe mentale que l’auteur explore impitoyablement.

On avait déjà vu la pièce montée par Michel Didym, dans un décor de revue, avec musique et grand escalier. Brillant mais moins fouillé qu’ici. Les acteurs du Thalia Theater de Hambourg prennent à bras le corps-vraiment- le texte avec une rigueur toute germanique… Ils créent et dissipent d’un geste les univers successifs où circule Abulkasem. Pas un temps mort, pas un mot vide (en allemand sur-titré). Avec une vitalité qui ne faiblit jamais, jusqu’à une danse bollywoodienne minimale de dos (les masques sont derrière la tête), seul hommage virtuose et poétique au spectaculaire.
C’est intelligent, généreux, l’œil ouvert sans complaisance sur le monde, avec le luxe de la tendresse et de l’humour, et le courage de la tragédie. Du pur théâtre, qui ne montre rien et fait tout voir.

Christine Friedel

Le Signal du promeneur

  Autre bande d’inventeurs en action : Le Raoul Collectif (belge) et son Signal du promeneur. Autant de liberté dans l’espace que leurs camarades d’Invasion, une attention plus visible à ce qui est en train de se créer, et une bonne dose de surréalisme. Le groupe explore l’incompréhensible du monde, qu’il va chercher du côté du fait-divers et de la littérature. Dans la nature aussi, avec les surprises et les obstacles que la représentation de cette nature peut apporter au théâtre: une motte de terre tombe des cintres, un arbre en pot sert tantôt de porte-manteau, tantôt d’interlocuteur.
Un chevalier en armure tient un  discours d’extrême droite, puis se dépouille de ses armes pour mieux combattre, un faussaire s’attribue le cancer du Mars de Fritz Zorn pour glisser vers la faux cancer du pseudo docteur Romand. Mais  l’humour abracadabrantesque de ces jeunes gens trouve sa limite : à trop suivre cette histoire explorée et réexplorée par la littérature et le cinéma, ils plombent le spectacle et perdent un moment cette étincelle, ces chiquenaudes qui égarent joyeusement le spectateur et construisent leur chemin en zigzags.
Mais les choses reprennent leur cours vagabond, et cela finit par une information de taille : aujourd’hui, un homme s’obstine à chercher dans les déserts du Mexique un ptérodactyle vivant. Le charme de ce spectacle n’est pas du côté du n’importe quoi: il possède une attention surréaliste à la richesse des « hasards objectifs ». Dans ces temps de sérieux pesant, on avait presque oublié à quel point ce regard ouvert nous était nécessaire.

Ch. F.

Le Partage de midi

Le metteur en scène nous dit que le spectacle a été créé en Chine, histoire de suivre le bateau de Paul Claudel. On veut bien, mais ça n’a pas grande importance. On voit, on entend ici une Chine mythique, une immense Chine de perdition, où personne ne croit réellement pouvoir faire fortune, un piège de la mort acceptée. Il n’y a presque rien sur scène, un velum, quelques cantines de métal-protection contre les pourrissements tropicaux- jouant le bateau et l’exil. Ce n’est pas la première fois qu’on joue Claudel presque sans rien. Du reste, il ne réclame pas grand-chose : sa langue somptueuse, surabondante, en dit assez.

Dans cette mise en scène, ce qui tient du jamais vu,  n’est pas cette scénographie minimaliste, mais du moins dans la première partie, l’économie de la déclamation claudélienne. Entendons-nous, le verbe mais sans l’emphase. Ysé n’est pas idéalisée,  mais une petite-bourgeoise qui exprime très simplement la cruelle innocence de l’amour, du désir: j’aime, je n’aime pas, je pars avec celui qui me veut. « Je suis une femme », répète-t-elle.  Sans justifier sa conduite : on n’est pas du côté de la morale et on ne va pas reprocher  à Paul Claudel de placer la femme du côté de l’animalité, non, on entendra ce «Je suis une femme» comme la nécessité, la fatalité du désir. Et la peur de l’amour : pourquoi partir avec Amalric, quand elle porte l’enfant de Mésa ? Parce que l’amour est trop fort, trop lourd,  trop grand, trop…
L’essentiel: le scandale irréductible de la passion mais cette mise en scène sans ornements et non sans drôlerie n’emporte pas vraiment l’adhésion et les comédiens-sauf Nicolas Vial qui a une belle présence-ne tiennent pas la distance. Cela n’empêche pas d’apprécier le beau décapage infligé à Claudel.

Ch. F.


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Embrassez-les tous de Barbara Métais-Chastagnier, mise en scène de Keti Irutebetagoyena.

  Cela se passe dans un sous-sol du 104. Juste des pendrillons noirs, une dizaine de poulets pendus à des crochets et, au centre du plateau, un canapé à fleurs. Il y a là un jeune homme qui revient chez lui après une journée de travail harassant dans une usine, à tuer des poulets. Sa mère l’attend. Mais le jeune  homme en question se butte à un mur qui lui coupe la route. Un mur qui sépare en deux un  pays en guerre. On pense évidemment à cette ceinture de sécurité mise en place par Israël avec l’espoir assez peu réaliste d’instaurer une paix durable…
Mais il y a ensuite  une jeune femme Nina qui explique à son psychologue en quoi consiste son travail de recherche en neurobiologie qui porte sur la mémoire. Quand Keti Irutebetagoyena nous a parlé de ses intentions de mise en scène, nous avions été assez séduits. Elle est, comme l’auteur, issue de l’École Normale Supérieure de Lyon (section théâtre) et  sait ce que dramaturgie et faire  théâtre veulent dire.
Et cet Embrassez-les tous a quelque chose d’une fiction qui relève parfois du farcesque. Même si la fin est d’un tragique absolu, puisque mère et fils seront abattus par les soldats. On est à la fois dans le quotidien le plus banal et dans une théâtralité revendiquée comme moyen spectaculaire, loin du réel: le soldat n’a que les apparences du soldat, la mère n’a pas l’âge normal d’une mère de jeune homme, la jeune fille est jouée par un acteur…
Keti Iritebetagoyena  a été l’assistante de Jean-Louis Benoit, puis de Jean-Michel Rabeux pour cette fabuleuse Nuit des Rois qu’il avait montée à Bobigny; elle dirige de façon très sûre Quentin Faure et Julie Moulier qui jouent les quatre personnages.

  Mais, passées les dix premières minutes, la pièce ressemble vite  à une démonstration théorique qui tient davantage de l’exercice d’école et  à laquelle il manque sans aucun doute une véritable chair. On comprend bien que Barbara Métais-Chastanier ait cherché à mettre en place une autre dramaturgie et une autre parole, un peu dans la lignée d’Edward Bond et loin des intrigues habituelles,  mais faudrait-il encore que le spectateur y trouve son compte…
Désolé, mais cette pseudo-réflexion en soixante-quinze minutes sur la guerre et la violence,  malgré toute  la rigueur de la mise en scène, parait bien longue et nous ne sommes  pas arrivés à entrer dans cette fiction qui se refuse d’ailleurs à l’être.  Malgré la difficulté de l’exercice, Keti Iritebetagoyena fait ici la preuve qu’elle possède à vingt-sept ans, de solides qualités de metteuse en scène. Le Festival Impatience sert aussi à cela.

Philippe du Vignal

La Fête de Spiro Scimone par le Collectif De Quark

 Vous regardez par le trou de la serrure et vous plongez dans le quotidien d’un couple qui se prépare à fêter ses trente ans de mariage, avec leur fils, Gianni. Entre tableaux, fables et narration, distance humoristique et dérision, cela a l’allure d’un règlement de compte sur ces petites choses de la vie, dérisoires et vaines qui, parfois, tissent les jours et les nuits, exacerbent les frustrations, accélèrent l’inquisition : « tu ronfles », « tu veux ton lait ? », « tu ne manges plus ce que je te prépare », « où vas-tu ? »

Le ton néanmoins est badin, bon enfant, distancié. Au début du spectacle, on se croirait en chantier de répétition : père et fils lisent leur rôle, pièce à la main, la joute est rapide… La mère sait le par cœur. Dans la triangularité, elle mène la danse. Conduire, pas conduire, acheter sac et chaussures, s’occuper ou pas de l’enfant, recoudre un bouton au pantalon qu’il envisage justement de mettre… nous sommes dans l’espace clos du couple et sous le regard du fils, qui ménage père et mère. De l’une à l’un : « Il m’a juré qu’il ne joue plus »… De l’une à l’autre : « Il part chez Pierrot, c’est notre anniversaire ! »... Plus que l’argument, ce qui nous intéresse ici :la chronique de la vie ordinaire vu sous la loupe et le scalpel, mais avec bon esprit. Pas de ton revanchard, un pot-pourri mélangeant les ingrédients familiaux, banalement les pires.

Alors, qu’est-ce que la fête, dans cette atmosphère tragi-comique ? «Régénérer le temps» comme le dit Eliade, ou «surmonter la normalité » selon Duvignaud ? Ici, ce sera un gâteau, du mousseux, une guirlande, la robe rose de la mère qui se rejoue comme séductrice, les paravents fleuris, des chapeaux pointus et mirlitons, une poignée de confettis, le chapeau rouge de la grand-mère, pour mémoire et la fille du marchand de légumes, bonne à marier, parcours fléché pour le fils.

Deux caméras suivent en gros plan, les visages, au plus près de l’intime. La fête en direct est encore plus cruelle, le spectateur devient entomologiste. Musique, danse, strass, piste aux étoiles…Le tableau final nous transportera au cœur d’un western spaghetti, à la conquête de l’Ouest américain. Les dialogues bulles de BD sur écran, suivent les personnages. Rêve et réalité, loufoquerie et fantaisie, du huis-clos familial au Grand Canyon, de fermeture à ouverture, devions-nous rêver de Claudia Cardinale, Henry Fonda et Charles Bronson ?

Le Collectif De Quark s’empare de la pièce de Spiro Scimone, auteur sicilien, avec intelligence et humour, et égrenne une collection de clichés doux amers qui font penser à La Cantatrice chauve ou aux Diablogues. Dans le “bruissement de la langue”, selon Roland Barthes, mais avec simplicité et extravagance.

 Brigitte Rémer

Festival Impatience, Théâtre National de l’Odéon, Ateliers Berthier et le 104

KISS RICHARD

  Kiss Richard de Marc Citti d’après Shakespeare, mise en scène de Magali Leiris.

Nous avions  découvert Marc Citti dans le beau Littoral de Wajdi Mouawad, que Magali Leiris avait monté, dans une mise plus tonique que celle de son auteur au Festival d’Avignon. Marc Citti a une très longue carrière avec, entre autres, dans plusieurs spectacles de Patrice Chéreau. Il avait notamment interprété Richard III dans une mise en scène de Didier Long en 2004. Dans Littoral, il interprétait, entre autres, un burlesque et magnifique chevalier de Guiromelan.
Kiss Richard est un solo joué sur le  grand plateau noir où est tracé un rectangle blanc ; pour tout décor et accessoires: une chaise d’école, une paire d’escarpins rouges et un morceau de tissu blanc. Marc Citti joue tous les personnages:  Richard III, le duc de Gloucester et sa monstruosité, le Roi, ses enfants qu’il envoie se faire exécuter à la tour de Londres, et  Lady Ann qu’il séduit devant le cadavre de son époux.
Marc Citti  joue aussi les relations avec sa metteuse en scène, ses crises de nerfs pendant les répétitions. C’est un numéro étincelant, parfois encore fragile, le filage  de l’après midi avait  un peu éteint sa voix et l’acoustique de cette grande salle n’est pas des meilleures. Mais les éclairages très réussis offrent de belles perspectives. On retrouve les merveilleux souvenirs du Caubère dans La Danse du diable de ses lointains débuts et ceux bien plus anciens du Richard III  mis en scène par   Roger Planchon au Festival d’Avignon 67.

Edith Rappoport

 Pôle Culturel d’Alfortville.

Mama Medea

Mama Medea mise en scène de Christophe Sermet

voir Festival impatience

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