Les Amants de Séville

Les Amants de Séville, Les Noces de sang de Carmen et Don Juan, opéra comique en trois actes de Gilles Roland-Manuel d’après Da Ponte, Mérimée et Sterbini, musique de Gorges Bizet, Amadeus Mozart et Giocchino Rossini, mise en scène de Laurent Petitgirard.

C’est une sorte d’opéra comique, dont on doit le livret au psychiatre Roland-Manuel, le créateur du fameux journal Le Papotin, créé avec Dris El-Kesri et de jeunes autistes. Le spectacle rassemble sur scène de jeunes et moins jeunes souffrant de handicaps mentaux, et des professionnels: chanteurs, comédiens, danseurs et musiciens d’orchestre. « Une vingtaine parmi ces jeunes chantent déjà dans la chorale et plusieurs autres jouent les rôles d’Escamillo, Leporello et Chérubin. J’ai tenté de faire une adaptation sur mesure d’opéras du grand répertoire lyrique. Carmen est sévillane mais Don Juan et Figaro, et le répertoire flamenco aussi. Catherine Boni, artiste lyrique avait fait travailler ces jeunes autistes sur des extraits de Carmen. C’était franchement pas mal, malgré une partition très difficile.Et puis, à force de travail, ils ont fait d’incroyables progrès. Il y a eu des concerts en 2011 salle Gaveau puis à Rabat, et aujourd’hui, le spectacle, parrainé par Nathalie Dessay et Laurent Naouri, est arrivé à maturité après un an d’intense travail collectif. »
Cet opéra comique déroule en trois actes: on est d’abord pendant la semaine sainte  où la feria bat son plein puis une suite de scènes qui ont  pour dénominateur commun le mythe de l’amour vu par Don Juan, Figaro et Chérubin. Au troisième acte, après bien des complications que l’on vous épargnera, on va fêter le mariage de Carmen et et Don Juan qui va se retrouver seul  avec Leporello pour un dîner avec un minotaure/taureau/ commandeur qui châtiera à la fois Don Juan mais aussi Carmen parce qu’elle a essayé de le sauver. C’est un scénario un peu compliqué mais qui, après tout, en vaut d’autres, même s’il saute allègrement les époques et les styles.
Cela ne commence pas très bien par une procession de pénitents sévillans encagoulés, entrant par la salle, et portant des  lanternes, un peu appliquée, avec l’ouverture enregistrée du Don Juan de Mozart mais, très vite les choses s’installent et surtout pour les scènes de groupe, le résultat est  impressionnant  d’intelligence et de sensibilité, même si on frôle parfois la faute technique dans les parties individuelles chantées. Mais les  danseurs et les chanteurs professionnels, avec discrétion et générosité, sont là pour les soutenir le travail et cela fonctionne… Et Laurent Petitgirard a su bien mettre en scène  ces jeunes gens (parfois plus de trente en scène!),  qui ont souvent des possibilités de mémorisation et de gestuelle que l’on n’aurait pas soupçonnées, en les faisant subtilement encadrer par leurs éducateurs et les artistes.
Le plus émouvant peut-être: les voir, heureux d’être sur scène, confiants et  donnant le meilleur d’eux-même, en parfaite osmose avec leurs collègues professionnels et avec l’orchestre.Et ils écoutent, entre autres,  l’excellent  chanteur guitariste Paco El Lobo  avec  une attention exemplaire. Ce qui donne à la scène une sacrée force. Assez étonnant mais pas évident du tout à mettre au point; et cela a dû demander un travail considérable au metteur en scène et à ses collaborateurs qui les ont dirigés avec beaucoup de finesse et de générosité. Il y a aussi notamment une jeune femme qui chante Chérubin avec puissance, sans forcer mais avec une belle sensibilité.
Sans doute, ne faut-il pas juger ce genre de spectacle comme d’autres opéras joués  et chantés par des professionnels.
Mais le travail, forcément inégal,  de cette distribution mixte, avec le soutien efficace des musiciens de l’Ensemble Calliopée sous la direction de Karine Lethiec, force le respect et procure au public aux meilleurs moments un vrai plaisir scénique. C’est un beau pari réussi que ce spectacle et les directeurs du Théâtre Monfort, Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel ont bien eu raison de l’accueillir.

Philippe du Vignal

Monfort Théâtre jusqu’au 24 juin.T: 01 56 08 33 88

http://www.dailymotion.com/video/xrecuf


Archive pour 24 juin, 2012

Les Amants de Séville

Les Amants de Séville, Les Noces de sang de Carmen et Don Juan, opéra comique en trois actes de Gilles Roland-Manuel d’après Da Ponte, Mérimée et Sterbini, musique de Gorges Bizet, Amadeus Mozart et Giocchino Rossini, mise en scène de Laurent Petitgirard.

C’est une sorte d’opéra comique, dont on doit le livret au psychiatre Roland-Manuel, le créateur du fameux journal Le Papotin, créé avec Dris El-Kesri et de jeunes autistes. Le spectacle rassemble sur scène de jeunes et moins jeunes souffrant de handicaps mentaux, et des professionnels: chanteurs, comédiens, danseurs et musiciens d’orchestre. « Une vingtaine parmi ces jeunes chantent déjà dans la chorale et plusieurs autres jouent les rôles d’Escamillo, Leporello et Chérubin. J’ai tenté de faire une adaptation sur mesure d’opéras du grand répertoire lyrique. Carmen est sévillane mais Don Juan et Figaro, et le répertoire flamenco aussi. Catherine Boni, artiste lyrique avait fait travailler ces jeunes autistes sur des extraits de Carmen. C’était franchement pas mal, malgré une partition très difficile.Et puis, à force de travail, ils ont fait d’incroyables progrès. Il y a eu des concerts en 2011 salle Gaveau puis à Rabat, et aujourd’hui, le spectacle, parrainé par Nathalie Dessay et Laurent Naouri, est arrivé à maturité après un an d’intense travail collectif. »
Cet opéra comique déroule en trois actes: on est d’abord pendant la semaine sainte  où la feria bat son plein puis une suite de scènes qui ont  pour dénominateur commun le mythe de l’amour vu par Don Juan, Figaro et Chérubin. Au troisième acte, après bien des complications que l’on vous épargnera, on va fêter le mariage de Carmen et et Don Juan qui va se retrouver seul  avec Leporello pour un dîner avec un minotaure/taureau/ commandeur qui châtiera à la fois Don Juan mais aussi Carmen parce qu’elle a essayé de le sauver. C’est un scénario un peu compliqué mais qui, après tout, en vaut d’autres, même s’il saute allègrement les époques et les styles.
Cela ne commence pas très bien par une procession de pénitents sévillans encagoulés, entrant par la salle, et portant des  lanternes, un peu appliquée, avec l’ouverture enregistrée du Don Juan de Mozart mais, très vite les choses s’installent et surtout pour les scènes de groupe, le résultat est  impressionnant  d’intelligence et de sensibilité, même si on frôle parfois la faute technique dans les parties individuelles chantées. Mais les  danseurs et les chanteurs professionnels, avec discrétion et générosité, sont là pour les soutenir le travail et cela fonctionne… Et Laurent Petitgirard a su bien mettre en scène  ces jeunes gens (parfois plus de trente en scène!),  qui ont souvent des possibilités de mémorisation et de gestuelle que l’on n’aurait pas soupçonnées, en les faisant subtilement encadrer par leurs éducateurs et les artistes.
Le plus émouvant peut-être: les voir, heureux d’être sur scène, confiants et  donnant le meilleur d’eux-même, en parfaite osmose avec leurs collègues professionnels et avec l’orchestre.Et ils écoutent, entre autres,  l’excellent  chanteur guitariste Paco El Lobo  avec  une attention exemplaire. Ce qui donne à la scène une sacrée force. Assez étonnant mais pas évident du tout à mettre au point; et cela a dû demander un travail considérable au metteur en scène et à ses collaborateurs qui les ont dirigés avec beaucoup de finesse et de générosité. Il y a aussi notamment une jeune femme qui chante Chérubin avec puissance, sans forcer mais avec une belle sensibilité.
Sans doute, ne faut-il pas juger ce genre de spectacle comme d’autres opéras joués  et chantés par des professionnels.
Mais le travail, forcément inégal,  de cette distribution mixte, avec le soutien efficace des musiciens de l’Ensemble Calliopée sous la direction de Karine Lethiec, force le respect et procure au public aux meilleurs moments un vrai plaisir scénique. C’est un beau pari réussi que ce spectacle et les directeurs du Théâtre Monfort, Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel ont bien eu raison de l’accueillir.

Philippe du Vignal

Monfort Théâtre jusqu’au 24 juin.T: 01 56 08 33 88

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