Le Festival des Ecoles du théâtre public à la Cartoucherie
Le festival des écoles du théâtre public à la Cartoucherie du 21 juin au 1er juillet.
Les théâtres de la Cartoucherie de Vincennes se sont mobilisés pour accueillir une nouvelle génération de comédiens, sortis des écoles nationales supérieures d’art dramatique. Onze écoles ont été ainsi labellisées: l’E.P.S.A.D. à Lille, l’Ecole du Théâtre national de Bretagne à Rennes, l’Académie à Limoges, L’Ecole du T.N.B.A. à Bordeaux, l’E.S.A.D. du Conservatoire de Montpellier, l’E.R.A.C à Cannes, l’E.N.S.A.T.T. à Lyon, l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne, celle du T.N.S à Stasbourg, l’E.S.A.D. , et le Conservatoire national supérieur à Paris.
Ce festival réunit les spectacles de plusieurs de ces écoles, depuis trois ans, date de l’arrivée au Théâtre de l’Aquarium de François Rancillac, qui avait dirigé auparavant l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne.
Ont été aussi appelés à l’aide les apprentis techniciens du C.F.A. du spectacle vivant et de l’Audiovisuel et du C.F.P.T.S de Bagnolet et les étudiants du Master 2 de Paris lll, futurs administrateurs, rencontrent les acteurs pour évoquer avec eux leur projets à venir.
Et cette année, ont été invitées la Manufacture de Lausanne, et la Nord-Trondelag-University norvégienne de Verdal.Les mises en scène ont été confiés à Philippe Genty, Arpad Shilling, Stuart Seide, Stéphanie Loïk, Laurent Gutmann, Oscar Gomez Mata, Thomas Jolly …
Philippe Genty a fait, lui, le pari de reprendre, avec ses élèves norvégiens, son formidable spectacle Ne m’oublie pas( 1992) qu’il a adapté pour eux. Située maintenant aux pays des glaces, scandée par des chants du grand Nord, la pièce joue sur la confusion des corps : hommes et femmes manipulent leur jumeau mannequin ou leur réplique simiesque (à moins qu’il ne soient manipulés par eux).
Un grand ballet en noir et blanc, orchestré par une guenon « humanisée » mutine et haute en couleurs, donne l’occasion aux acteurs de pénétrer dans cet univers onirique et loufoque. Mais aussi d’’explorer leurs capacités physiques voire acrobatiques, d’aborder la manipulation d’objets, en se livrant à un jeu de miroir rigoureux et virtuose.
Dans un tourbillon de voiles et de battements d’ailes, de petits personnages naissent, disparaissent ou se figent, se démantibulent ou s’apparient; les hommes sont en noir et les femmes en blanc, comédiens et poupées confondues. Et bientôt le décor du rêve fondra comme neige au soleil.
C’est une toute autre aventure que le turbulent Oscar Gomez Mata propose aux élèves de la Manufacture de Lausanne. Entre « s’inspire de l’œuvre et de l’esprit de Cassavetes.» , dit-il, mais aussi du vécu collectif et individuel des jeunes comédiens pendant leurs trois années d’étude. Cela commence par une parodie d’audition, où chacun est, tour à tour , membre du jury et candidat. Et la pièce interroge le théâtre comme espace d’un jeu symbolique avec la réalité.
Mata a demandé à chacun d’être soi-même: pourquoi est-on en scène, pourquoi prend-t-on la parole publiquement, pourquoi se met-on dans la position de celui qui crée? La pièce s’aventure dans les méandres des motivations et des affects des acteurs, au moment de leur entrée dans la vie professionnelle.
Ils entament aussi un dialogue avec le public : dix minutes de « moment démocratique » et donnent la parole aux spectateurs, dont beaucoup d’entre eux partagent ou ont partagé la même expérience de comédiens débutants. Ce travail sans filet, qui cherche le juste équilibre entre réalité et fiction, aurait pu virer au psychodrame ou tomber dans la facilité. Les protagonistes s’en acquittent avec talent, et ce rapport ludique avec le public se fait avec une connivence sans démagogie.
Mireille Davidovici
La Cartoucherie, route du champ de manœuvre 75012 jusqu’au 1er juillet Entrée libre : réservation indispensable. T: 01-43-74-99-61 http://www.theatredelaquarium.net