Le Festival d’Avignon (66 ème édition)

Le Festival d’Avignon ( 66ème édition).

 Le Festival d'Avignon (66 ème édition) pontLe célébrissime Festival a donc  commencé ; il fête cette année les cent ans de la naissance de  son créateur Jean Vilar, metteur en scène et directeur de théâtre exceptionnel  avec un exposition qui lui est consacrée; Comme le dit Didier Deschamps, actuel directeur de Chaillot, Vilar, le temps des douze années (1951-1963), avait toujours eu  » une conscience aigüe  de la place essentielle que toute société démocratique doit accorder à la culture et de la responsabilité  qui incombe aux artistes ».
C’est pour le moment, la crise économique en Europe, les charrettes de licenciement se multiplient, le site d’Aulnay/ Peugeot connaît sans doute ses dernières heures mais les TGV pour Avignon sont bourrés, il y a toujours autant de monde dans les rues d’Avignon, dont  les hôtels et restaurants augmentent leurs prix sans scrupule comme d’habitude. Et, comme d’habitude, les places des spectacles du in ne sont pas données :  28 euros, voire un peu moins.  Bref, c’est toute la région qui profite de cet indéniable apport financier. Les lieux de spectacle dans le off  se louent fort cher, parfois payés par les régions du reste de la France qui y voient, à tort ou à raison, un moyen de promotion culturelle.
  Les spectacles du festival in- une cinquantaine de manifestations-  sont nombreux, trop sans doute mais ont le mérite d’offrir une large palette mais, à moins d’y rester trois semaines, on ne peut évidemment tout voir. D’autant plus que le off continuer à grignoter du terrain et à monter en puissance avec, comme chaque année, de belles surprises. Nous ne pouvons pas tout détailler ni aller tout voir mais Le Théâtre du Blog vous rendra compte, comme les années passées, de la plupart des spectacles importants.
  Voici quelques pistes pour le théâtre, dans le in comme dans le off, si vous décidez d’aller passer quelques jours en Avignon. L’artiste invité du festival in est cette année le metteur en scène américano-britannique bien connu Simon Mc Burney qui a orienté une partie de la programmation vers le théâtre issu de textes romanesques. Il s’est toujours intéressé à un théâtre qui privilégie le texte: Shakespeare, Brecht, Miller mais aussi donc  le roman auquel, on le sait, il a donné toujours une part importante dans ses créations, que ce soit Bruno Schulz dont s’était inspiré aussi Kantor, John Berger ou Junirô Tanizaki ( voir Le Théâtre du Blog).
  Il  met en scène dans la Cour d’Honneur une adaptation du célèbre livre  Le Maître et Marguerite de Mikhail Boulgakov. C’est un texte foisonnant, commencé en 28 et publié en version censurée en 66 seulement aux  allures de roman picaresque et  qui est fascinant par les perspectives dramatiques qu’il offre. Lioubimov l’avait monté puis Castorf puis Lupa entre autres… La puissances des images et du son, la mise en valeur du corps des acteurs sont un peu comme la marque de fabrique de Mac Burney passé comme beaucoup d’artistes  par l’école de Jacques Lecoq et  ce spectacle devrait être un événement clé de ce festival. Mais la Cour d’honneur, si elle fait toujours rêver les metteurs en scène ne fait pas toujours de cadeaux, même aux grands. Alors à suivre
  Il y a aussi  Est-ce que tu dors de John Berger, autre grand poète et écrivain, une lecture/performance  où il parle avec beaucoup de générosité et d’intelligence ce la peinture de Mantegna, et de A à X,  avec John Berger mais aussi Juliette Binoche et Simon Mc Burney, une lecture  de lettres d’une amoureuse à un prisonnier politique. Toujours dans la même veine du théâtre/roman Les Anneaux de Saturne d’après le roman de W.G. Sebald ( en allemand surtitré) par Kate Mitchell qui raconte une traversée pédestre.
  Autre rendez-vous du théâtre et du roman: Disgrâce d’après J.M. Cotzee, par le metteur en scène hongrois Kornél Mundruczo. Un spectacle de Christophe Honoré qui est un peu comme un hommage aux écrivains et inventeurs-il y a déjà plus d’un demi-siècle!- du Nouveau Roman: Duras Beckett, Sarraute, Butor, Robbe-Grillet,etc.. A partir de textes, interviews, journaux personnels… Et puis Guillaume Vincent qui avait signé en 2010 une belle adaptation de L’Eveil du Printemps de Wedekind  et qui, cette fois, fait passer à la scène son dernier roman La nuit tombe. Quant à Eric Vigner, il signera la mise en scène de La faculté de Christophe Honoré, pièce sur les jeunes de 17 à vingt ans en prise avec le mal-être et la violence d’une société à laquelle ils s’affrontent.
  Il faudrait s’interroger sur cette échappée belle du théâtre vers le roman qui n’est pas chose nouvelle, depuis les innombrables adaptations des œuvres de Dostoïevski, Laclos, Hugo, etc… pour ne citer que les plus célèbres. Le pari n’est jamais gagné, tant les contraintes et les exigences sont nombreuses. En fait, tout se passe comme si les formidables avancées technologiques (images, son, lumière) permettaient d’appréhender des textes non théâtraux d’une toute autre façon et sans bricoler des dialogues qui, la plupart du temps, sonnaient faux. Mais c’est un travail de haute couture dont pour le moment, Simon Mc Burney, lui, s’est plutôt bien tiré. Donc à découvrir…
  Il y a aura aussi le retour de Christof Marthaler avec une mise en scène décalée de My Fair Lady. Un laboratoire de langues avec une place prépondérante accordée à la musique. Les derniers spectacles du metteur en scène suisse ne nous avait guère enchantés( et dans la Cour d’Honneur cela avait été une sacrée hémorragie de public mais certains de mes chers confères du Théâtre du Blog aiment beaucoup son travail…   Sur le concept du visage du fils de Dieu avait suscité cet hiver tant de bruit et de fureur devant et à l’intérieur du Théâtre de la Ville! Roméo Castellucci, après Mantegna, veut sonder « le rapport entre représentation et négation de l’apparence qui, depuis la tragédie grecque, soutient tout rapport de l’homme occidental à l’image » en travaillant sur l’histoire de Mark Rotko, le grand peintre américain… On veut bien mais nous n’avons jamais beaucoup aimé le travail souvent assez prétentieux de Castellucci. 
  Du côté des classiques, Il y aura Un Ennemi du peuple d’Henrik Ibsen (en allemand surtitré) par Thomas Ostermeier avec une réflexion sur ce que peut être une véritable démocratie dans les pays dits libéraux où les leviers du pouvoir appartiennent encore et toujours au capitalisme. Les thèmes abordés par Ibsen en 1881(divergence des  intérêts économiques, pollution, partage des pouvoirs politiques, influence souvent déterminante des médias) n’ont jamais été aussi actuels.
  Stéphane Braunschweig a adapté et mis en scène Six Personnages en quête d’auteur de Pirandello. Depuis sa création en France par Pitöeff, la célèbre pièce a toujours été régulièrement montée. Braunschweig est parti d’un travail d’improvisation avec ses acteurs, a réécrit une partie de la pièce- qui parait parfois un peu datée- et s’est inspiré de l’adaptation de Pirandello pour le cinéma. Avec, au centre du débat, la présence de l’auteur qui n’apparait pas dans la pièce d’origine mais qui devient ici la figure majeure… A suivre.
  La Mouette dans la Cour d’honneur? C’est le pari qu’a engagé Arthur Nauziciel! Double pari, celui d’un espace aux antipodes de l’univers de Tchekov et celui d’une  adaptation, puisqu’il a choisi aussi d’ introduire des personnages comme ceux de l’écrivain, ou d’Hamlet et de l‘Orestie « venus témoigner du lien avec le passé pour construire un théâtre qui se fait au présent, un théâtre de l’impérieuse nécessité ». La partie, sur plus de trois heures, risque d’être rude mais Nauziciel aura au moins réuni de très bons comédiens comme Marie-Sophie Ferdane, Xavier Gallais, Mounir Margoum, Vincent Garranger, Dominique Reymond…
 Signalons aussi Faire le Gilles, spectacle sur des textes de Gilles Deleuze de Robert Cantarella qui donne voix aux célèbres cours du philosophe à Vincennnes. Comme les années précédentes, Robert Cantarella renouvelle cette expérience  de transmission des idées du philosophe sur les concepts de l’anti-œdipe et sur celui de la pensée et du cinéma, en essayant de l’incarner au plus près. Et en plus, c’est plutôt rare dans le in, c’est un spectacle gratuit…
  Quant au off, sous la houlette de son président Greg Germain qui dirige aussi avec Marie-Pierre Bousquet, le site de La Chapelle du Verbe Incarné consacré au Théâtres d’Outre-mer, il est aussi comme d’habitude multiformes, multi-genres, à des prix plutôt doux … avec des centaines de spectacles  dont certains pourraient très bien figurer dans le catalogue du in, même si les moyens scéniques et financiers,ne sont pas évidemment les mêmes.. Mais au fil des années, la partie la plus intéressante du off est devenue une sorte  de festival du  bis avec spectacles, colloques, rencontres, etc… Quelques pistes là aussi mais le off est devenu le temps de trois semaines parfois moins, une grande vitrine du spectacle vivant français, parfois pour le meilleur, avec un bon degré d’exigence et de savoir-faire mais aprfois aussi aux limites de l’amateurisme distingué!
  La Chapelle du Verbe incarné, lieu maintenant reconnu, a mis en exergue cette belle phrase du grand poète Edouard Glissant récemment disparu: l’utopie n’est pas le rêve. Elle est ce qui nous manque dans le monde »  propose ainsi de découvrir, à travers Damas! Fragments l’œuvre injustement méconnue de Léon-Gontran Damas qui fut le compagnon d’études et de route de Senghor  et Césaire.. Daniel Picouly avec La faute d’orthographe est maternelle, interprètera lui-même un texte autobiograhique. Et il y a aura aussi le Cabaret de l’impossible de et avec Achille Grimaud, Sergio Grondin et François Lavallée soit un théâtre/récit que n’aurait pas désavoué Antoine Vitez, de trois compères venus de La Réunion, du Québec et de Bretagne.
  Dans le in du off, il y a aussi toujours le Théâtre du Chêne noir dirigé par Gérard Gélas, Paris 7 ème, mes plus belles  vacances, un texte de Denise Chalem qu’elle aussi mis en scène. Et Tchekov a encore frappé avec plusieurs adaptations de La Mouette, dont une par  Myriam Saduis, « magistralement dirigée », dit notre consœur Armelle Héliot au Théâtre des Doms.Et une autre, par Hélène Zidi-Chéruy qi situe l’intrigue à notre époque,au Théâtre du Roi René. Comme chaque année, la région Champagne-Ardenne a investi l’ancienne caserne de pompiers, avec plusieurs spectacles.
Il y aussi au Théâtre du Roi René La Veuve de Corneille, avec Bernard ballet, adaptée et mise en scène par Marion Bierry qui avait mis en scène La Ronde de Schnitzler , et qui va mettre en scène avec Claude Brasseur et Patrick Chesnais Le Tarfuffe au Théâtre de Paris. Côté classiques,  signalons Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux mis en scène par Xavier Lemaire au Théâtre La Luna. 

  Si vous aimez Copi, dont l’Eva Peron en 69 avait fait scandale dans la France gaulienne, Roberto Platé, le tout à fait remarquable scénographe du groupe TSE d’Alfredo Arias, met en scène un petite pièce L’Urugayen de Copi au Théâtre des halles dirigé par Alain Timar qui lui, met en scène un texte de Darina Al Jaoundi ( l’auteure de Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter voir Le Théâtre du Blog) qu’elle interprète.
Dans ce même lieu, Laurent Fréchuret qui vient de quitter le CDN de Sartrouville,  a écrit un texte poétique sur Jeanne d’Arc, et il le met en scène  avec l’excellente Laurence Vielle. Lequel Laurent Fréchuret met aussi en scène Mounir Margoum dans Taher Najib au Théâtre de Girandolle.

  On n’avait pas eu le temps d’aller en voir la création en avant-première à Villejuif avant de partir mais signalons aussi Res publica d’après des histoires vraies par le Théâtre de la Jacquerie, conception et mise en scène d’Alain Mollot au Théâtre des Lucioles. Après  Roman des familles et la Fourmilière, c’est le dernier volet d’une trilogie d’un metteur en scène d’un théâtre qui revendique sa qualité de « populaire » et don la direction d’acteurs et la maîtrise de l’espace sont incomparables.
Leyla Metsitane reprend Stupeurs et tremblements d’après Amélie Nothomb, remarquable monologue à Présence Pasteur. Et Patrice Bigel le non moins remarquable Au Bord de la route (voir le Théâtre du Blog) à la Fabrik Théâtre.

  Les enfants sont un peu les parents pauvres de ce festival in et off mais il faut signaler cette histoire sans paroles (à partir de trois ans) du Théâtre sans toit La Nuit de Pierre Blaise à l’espace Alya. Et à partir de sept ans La Consolation de Sophie de Dominique Paquet à l’Espace Alya.
  Une petite dernière pour la route:la pièce  de notre inoxydable et bientôt centenaire René de Obaldia, Du Vent dans les branches de Sassafras créée il y a plus de cinquante ans par le grand Michel Simon au théâtre Gramont à Paris. C’est mis en scène par Céline Sorin au Théâtre La Luna…
  Voilà, c’est à la fois trop d’informations et pas assez! Prenez soin de vous mais malgré la chaleur, le bruit et beaucoup de médiocrité théâtrale, le Festival reste incontournable. Découvrir des spectacles et errer dans  cette ville aux  petites ruelles du centre, plein de vieilles maisons et d’hôtels particuliers pur jus XVII ème, reste toujours un grand plaisir de l’été.

Philippe du Vignal


Archive pour 8 juillet, 2012

Festival de Teatro a Corte de Turin

MALEDICTION  Dudapaïva companyy Moncalieri Castello

Conception et chorégraphie Duda Païva et Paul Selwyn Norton, mise en scène Neville Tranter
Deux hommes vêtus de noir pénètrent sur ce grand plateau poussant une table d’opération et revêtent deux grands tabliers blancs. Il extraient de petits morceaux de chair rouge, dansent avec leurs doigts sanglants, enlèvent le drap, une forme verte en surgit, c’est une tête au nez crochu, d’abord sans corps, qui se reconstitue comme par magie. La manipulation tourbillonnante de pantins qui éclatent, qui se dispersent avec un bel humour est entrecoupée de petites danses des deux compères et de projections moins intéressantes. Mais on ne boude pas son plaisir devant ces manipulations magiques et grotesques.

Edith Rappoport

LES SLOVAKS, SOLO Peter Jasko, Palazzo Reale

Peter Jasko, danseur slovaque formé à la danse classique, ayant exploré les traditions de son pays, les danses gitanes etc, a travaillé avec Sidi Larbi Cherkaoui et d’autres grandes compagnies. Installé à Bruxelles, il a fondé les Slovaks, collectif de cinq comédiens et danseurs. Deux petites cabanes en bois mystérieuses sont installées aux coins de la Piazza Real. Il s’en échappe des bruits étranges qui avaient même alerté la police, quand on s’approche on aperçoit des paysages changeants à travers un oeilleton…Mais il n’y a personne à l’intérieur !
Peter Jasko fait un solo devant le château près d’une des cabanes. Il danse avec une canne, il met une balle en équilibre sur son cou, la rattrape. Il jongle, se tortille dans d’invraisemblables positions, se roule dans une confusion de cordes. Malgré sa grande dextérité et une belle énergie vitale, aucune émotion ne surgit de son solo dans ce splendide espace. On se demande quel était le rôle de la cabane mystérieuse…

Edith Rappoport


 WHEN WE MEET AGAIN Me and the machine, Sam Pearson, Clara Garcia Fraile, Cavalerizza Reale
Inscrite pour un rendez-vous de dix minutes avec cette étrange compagnie, on me munit de lunettes, d’écouteurs avant de me faire pénétrer dans un couloir noir. On m’invite à regarder un écran où l’on peut voir un autre personnage faire les mêmes mouvements que moi. Aucun souvenir du discours ni de la musique dans les écouteurs. J’ai une allergie à ce genre d’expérience d’artistes qui maîtrisent une technique et n’ont rien à dire qui me parle. Je ne suis pas résolument moderne !

Edith Rappoport

DUO  Jérôme Thomas invite Jean François Baez, Castello Moncalieri, Festival de Teatro a Corte

Dans la cour intérieure de ce splendide château Moncalieri, un grand plateau est dressé devant des gradins. On nous demande de patienter à cause du vent qui peut gêner le jongleur. Jérôme Thomas entre en scène, il a l’allure d’un représentant de commerce avec son costume gris et sa cravate. Il n’a rien perdu de son étonnante dextérité découverte au Théâtre 71 de Malakoff au début des années 2000, et l’accordéon de Jean-François Baëz vient éclairer musicalement ses performances. Mais son art tient plus de celui d’un bonimenteur décidé à nous vendre son produit que celui d’un poète, malgré la beauté de la musique qui l’accompagne. Il jongle avec une canne, avec trois balles, six balles, douze balles à une vitesse prodigieuse, il veut nous séduire mais on ne comprend pas ce qu’il raconte, sauf quand un “Fait chier” lui échappe…Trop long de toutes façons, on en a pour vingt minutes étonnantes et il faut tenir une heure !

Edith Rappoport


ELECTRO KIF  pièce chorégraphique de Blanca Li, Théâtre Astra, Festival de Teatro a Corte de Turin

Musique originale Tao Gutierrez, création lumières Jacques Chatelet

Festival de Teatro a Corte de Turin 4472627-6716298C’est pour moi le premier spectacle de Blanca Li qui avait fondé sa compagnie en 1993. Ses spectacles, elle en a monté une douzaine, faisaient l’objet d’intenses polémiques dans les milieux avertis. On peut simplement dire qu’elle ose (voir le petit film sur Le jardin des délices sur internet) et qu’elle décoiffe son public). Elle a conquis de nombreux prix et une notoriété internationale qui n’ont pas entamé sa simplicité.
Nous sommes assis dans le foyer du Théâtre Astra, une jeune femme arrive perchée sur de très hauts talons, robe noire en dentelle très courte, elle esquisse de poses lascives, se fait enlacer par un bel éphèbe, ils esquissent des pas de danse au son de Billie Halliday.
Nous rentrons dans la salle bourrée pour Electro Kif. Blanca Li est “tombée en amour” avec cette danse Electro apparue dans le Val de Marne à l’orée des années 2000. Elle a choisi les huit jeunes danseurs étonnants de virtuosité qui s’amusent prodigieusement à jouer les élèves attentifs d’un cours de maths ardu, assis sagement à leurs tables. Ils s’en évadent pour danser avec une virtuosité éblouissante, une équipe sportive, un choeur rythmé sur les tables, une pyramide de têtes…Sur des musiques variées, il y a aussi du piano classique, et de splendides éclairages, le sol devient rouge ardent, vert, jaune, le public est conquis par l’humour de la mise en scène de ces jeunes danseurs.

Edith Rappoport

www.blancali.com

 

 

MINOTAURO Teatro de la Ribalta di Bolzano, Teatro a Corte, Turin. Mise en scène Antonio Vigano.

Deux femmes sont assises en haut d’une pente escarpée, l’une d’elles en robe écarlate porte un bouquet de roses rouges sur son épaule, l’autre est vêtue de noir. Une tête de taureau est posée à côté d’elles, la rouge en coiffe la noire qui se retrouve à terre près d’une chaise où une jeune handicapée relève la tête. La noire parsème autour du plateau des poignées de terre brune, se roule dedans, s’en enduit, tente vainement d’escalader la pente, mais retombe dix fois. Les roses rouges sont lentement jetées, une à une sur le plateau. Il y a une mise a nu d’un petit homme très décidé et plein d’énergie, un fil rouge vomi, la tête de taureau coiffée puis déposée. Ce spectacle très plastique, avec des images fortes et violentes suscite une belle émotion, lorsqu’on découvre au salut que cette énergie salutaire est portée par trois des quatre acteurs “en situation de handicap”.

Le Teatro de la Ribalta né en 1983 avait obtenu de nombreux prix notamment celui du du public avec la compagnie de l’Oiseau Mouche au Grand Bleu de Lille en 1995.

Edith Rappoport

 


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