Festival d’Alba la Romaine

Festival d’Alba la Romaine FESTIVAL-D-ALBA-LA-ROMAINEUn Caillou dans la chaussure ,mise en scène de Tayeb Hassini.

Nous parcourons les belles allées de ce festival poétique installé en pleine nature, à proximité du Théâtre antique, jusqu’au beau chapiteau rouge de Bibendum Tremens. Deux hommes s’accoudent à un banc, s’y asseyent, basculent dans un invraisemblable fouillis. Un troisième arrive, escalade un poteau à une vitesse vertigineuse se réfugie sur une balançoire derrière un rideau. Il en dégringole et son acolyte esquisse des pas de danse classique ridicules.
Ils sont quatre spéléologues qui parlent avec de petites voix flûtées, échangent des onomatopées. Ils font des pyramides humaines, des roulades, des constructions d’objets bizarres, jouent avec des quilles, tombent dans des trappes et réapparaissent sur scène comme par magie dans un invraisemblable capharnaüm.
Une tempête souffle alors et  menace de balayer le plateau. Le spectacle se termine sur une danse indienne qui achève de faire exploser de rire un public conquis. Avec une construction des plus folles, ces quatre acrobates manient l’humour avec une belle dextérité.

Corpus mentalus  par Les Nouveaux Nez & Cie, Roselyne Guinet, Nicolas Bernard, Raquel Esteve accompagnés de Agnès Binet (jeu, musique) et les acrobates Florent Lestage, Guillaume Biron, Benoît Charpe, Cédric Valllas, écriture et direction artistique Nicolas Bernard.

Nous sommes assis dans les vestiges du Théâtre antique d’Alba la Romaine où les Nouveaux Nez partis pendant quelques années chacun de leur côtés,   viennent de réussir un spectacle prometteur. On retrouve avec plaisir les personnages de Madame Françoise, tonique clownesse dynamisant le spectacle et celui de Georges Pétard, musicien de haut vol recevant les baffes traditionnelles.
Ils ont travaillé cinq jours avec des acrobates talentueux et les ont mis en scène dans ce très bel espace éclairé par le coucher de soleil. Georges s’enfuit en haut de la colline sous les lazzi de Madame Françoise, on le retrouve au volant d’une voiture d’où émergent les acrobates, faisant des exercices stupéfiants et comiques. De la haute voltige qui sort des acrobaties traditionnelles: on explose de rire régulièrement quand Raquel Estève chante des standards de jazz et du lyrique avec son nez rouge et ses commentaires en espagnol. De beaux numéros de chevaux et  du monocycle en trampoline qui termine les spectacle de façon plus traditionnelle: Madame Françoise devrait y mettre son grain de sel. On espère retrouver ce spectacle ailleurs, mais comment retrouver une telle scénographie ? Ces Romains savaient les secrets du théâtre !

Edith Rappoport


Archive pour 16 juillet, 2012

Bêtes

Bêtes avec Arlette Bonnard, Alain Enjary et Anna Pabst

Loin de la fureur et du bruit du festival off et de ses vilaines affiches, on peut trouver un havre de paix dans le haut de Villeneuve pour déguster un délicieux spectacle réservé à quelques élus, autour de textes sur les animaux. Les trois excellents acteurs jonglent avec des textes d’Alphonse Allais, Apulée, Baudelaire, Kafka, Melville, Michaux, Trenet parmi ceux qu’on a pu reconnaître, avec un naturel déconcertant.Une vraie poésie très théâtrale, sans aucun accessoire, avec seulement un cercle de lumière qui varie.
Nous sommes une quinzaine, assis en rond sur des chaises; les trois acteurs assis sur des chaises rouges,  se lèvent parfois pour disparaître derrière les buissons, Anna Pabst qui joue aussi de l’alto, au moment où un texte d’Apulée risque de déconcerter leurs jeunes oreilles, emmène les enfants pour leur dire  un extrait de livre de la comtesse de Ségur. Nous retrouvons Alain Enjary et Arlette Bonnard autour d’un verre :  on se souvient d’eux dans Le Cercle de craie caucasien de Mehmet Ulusoy, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis  au début des années 70, elle, en  émouvante Groucha, lui, en  Simon Chachava très présent…

Edith Rappoport

Jardin de Marie-France,  40 rue du Camp de bataille à Villeneuve-lez-Avignon jusqu’au 28 juillet à 21 h, sauf les mercredis.R éservations:  04 84 15 53 75. 

Voyage sur place

Voyage sur place de et par Alain Reynaud.


“Si j’ai mes souvenirs intacts dans ma tête, il va falloir songer à un petit rangement !” Alain Reynaud nous raconte son parcours d’enfance à Bourg-Saint-Andéol, qui l’a amené à sa carrière de clown, entre un père menuisier silencieux, dur au travail, une mère attentive et un frère de huit ans son aîné. Il a un alter ego plus âgé, qui dialogue avec lui sur la découverte des majorettes qui l’ont toujours fasciné, de l’harmonie municipale , du  tambour longtemps avant celle de l’accordéon, les célébrations municipales,  et du music-hall…Tout son discours fleure bon la vie d’une petite ville bien vivante, avec de vraies relations humaines, qui ont amené Alain Reynaud à fonder les Nouveaux Nez, puis la Cascade,  sa Maison des Arts du Clown et du Cirque, voilà quatre  ans à Bourg-Saint- Andéol.
La salle est d’ailleurs pleine de spectateurs enthousiastes venus de la région dont certains voient le spectacle pour la deuxième fois. Mais Alain Reynaud ne semble pas avoir fini son rangement, et se perd dans des détails et des répétitions qui cassent le plaisir qu’on prend par moments dans ce spectacle trop long qui dure… près de deux heures.

Edith Rappoport

Espace-Cirque Midi Pyrénées, Avignon  www.lacascadeclownetcirque.fr

 

L’avare

L’Avare, de Molière,
Théâtre Aftaab, Mise en scène : Hélène Cinque
Avec Haroon Amani, Aref Bahunar, Taher Beak, Saboor Dilawar, Mustafa Habibi, Sayed Ahmad Hashimi, Farid Ahmad Joya, Shafiq Kohi, Asif Mawdudi, Ghulam Reza Rajabi, Omid Rawendah, Shohreh Sabaghy, Wajma Tota Khil.

L'avare media_870_1579Fondée par Ariane Mnouchkine, à Kaboul, en 2005, lors d’une tournée du Théâtre du Soleil, cette jeune troupe afghane parle, par les auteurs choisis, tels Brecht, Sophocle ou Molière, de ses réalités et de ses espoirs. Elle puise, par la créativité qu’elle engage et l’énergie qu’elle dégage, foi et espoir en son pays, l’Afghanistan, vivant et libre.
Aftaab, qui signifie Soleil en langue dari, emblème et manifeste de la troupe, a pour marraine la célèbre Ariane, de la Cartoucherie, agitatrice, avec ses comédiens, d’un stage à Kaboul. Le choc des énergies fit le reste. Etablie en France, Aftaab voyage, réchauffe et se réchauffe. La troupe monte son répertoire et présente en 2011, au Festival d’Avignon, Œdipe Tyran, mis en scène par Matthias Langhoff.
Paris Quartiers d’été cette année la met à l’honneur et propose une escale à Paris 13 sur Seine dans une mise en scène d’Hélène Cinque, qui a fait ses classes, de nombreuses années, au Théâtre du Soleil.
Que tous ceux qui se sont endormis sur leurs classiques Larousse se précipitent. Théâtre du jeu, de la ruse, de la créativité. Théâtre de la simplicité, du don de soi. Théâtre malin, enlevé et de la dérision. Théâtre virtuose joué sur deux tapis pure soie aux couleurs fanées, une table, deux tabourets, et variations pour deux arbres et un seau d’eau, jardin d’Harpagon. Voilà un spectacle qui claque et pétille. La base en est le jeu, dans tous les sens du terme, qui rythme quiproquos et imbroglios, le jeu, à ce point de fluidité, de pétulance, d’impertinence, de malice et de grâce, fait un bien fou. Il mène au rire, le propre de l’homme, dit un certain Bergson.
Jouée en dari surtitré, la pièce est là. Tous les personnages répondent présent et nous mènent, avec un naturel inouï, de mille et une vies, vers d’autres codes.

La volée des servantes et serviteurs sont de la place du village : Maître Jacques cuisinier, La Flèche, Dame Claude, Brindavoine, la Merluche, Maître Simon le courtier, le commissaire et son clerc. Frosine, l’entremetteuse et diseuse de bonne aventure, jouée par un comédien travesti dignement voilé, a de l’étoffe. Les jeunes premiers, fils d’Harpagon, Elise et Cléante, en toute déraison et avec passion, cherchent qui Valère, qui Marianne, fils et fille d’Anselme. Leurs interactions démarrent à coups de rouleau à pâtisserie, de schizophrénies, de jeux de mains, je t’aime moi non plus.
Harpagon au cœur de pierre plutôt que d’or, règnant en maître absolu, extraordinaire manipulateur et grand faiseur, rejoint en creux, par sa folie excentrique et décalée, le Roi Lear version soviétique de Grigori Kozintsev ou les tyrans expressionnistes et marionnettiques du grand Eisenstein. Un comédien hors du commun. Le halo qui l’éclaire, la nuit tombée n’est pas de lune mais de ses pièces qui le rongent, cela va si bien aux tyrans, jamais démunis, par définition.
Nous sommes au cœur des sujets de sociétés, celle d’Afghanistan aujourd’hui, qui se superpose à tant d’autres : interdits, statut de la femme, mariages forcés, violences physiques et morales, conflits de générations, autocratismes, image sociale. Ici, les comédiens osent tout, et tout est spontané, maitrisé, léger : gestes, corps, prises à partie, plans d’action, et Molière coule à flots.
On est dans le registre du comique, de la dérision, du stratagème et de l’habileté, jamais de la caricature. Pour le spectateur c’est le registre du rire qui, selon Jean Duvignaud, «pour un instant périssable, jette l’homme en face d’une liberté infinie qui échappe aux contraintes, aux règles, arrache l’homme à l’irrémédiable de sa condition pour lui faire découvrir d’imprévisibles combinaisons, qui suggère une existence commune dans laquelle seraient réconciliés l’imaginaire et la vie. Il y a l’espoir dans le comique». Une leçon de vie, un vrai plaisir.

Brigitte Rémer

Paris quartier d’été et Théâtre 13/Seine, 30 rue du Chevaleret. Paris 13ème.
Deux pièces du Théâtre Aftaab : « L’Avare » et « Ce jour-là ».
Intégrales, les Samedis 14 et 21 juillet. A 17h30 : « Ce jour-là » – A 20h30 : « L’Avare ». (Attention aux horaires, une erreur s’étant glissée dans certains documents). Et aussi :
« L’Avare », les 15 et 22 juillet, à 15h30 – le 17 juillet, à 19h30 – le 18 juillet à 20h30.
« Ce jour-là », les 19 et 24 juillet, à 19h30 – les 20 et 25 juillet, à 20h30.

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