Histoires Courtes

Histoires Courtes 704112_20040451_460x306

Histoires Courtes chorégraphie de Lolita Bruzat

Difficile pour des  compagnies de danse de s’exprimer dans un festival dédié au théâtre, qui  sont reléguées souvent à des horaires matinaux, ce qui implique un échauffement encore plus matinal! Les salles n’ont pas toujours de tapis de danse et leur exiguïté  oblige les chorégraphes à s’adapter aux lieux.
Le collectif Aléas danse sur un véritable parquet et la grande proximité du public ajoute un plus à cette chorégraphie qui nécessite une écoute particulière du public. Comme il existe un théâtre intime comme celui d’August Strinberg, il existe aussi une danse intime où l’opposition des corps et des regards sont ressentis au plus près du vécu des danseuses.
Le public découvre une sorte d’entretien d’embauche avec comme moyen d’expression pour se faire valoir, la danse. Dans une chorégraphie  presque totalement dansée dans le silence, où, seuls, le souffle et le bruit des corps en jeu sont  audibles. Des extraits des Carnets en sous -sol de Dostoïevski sont parfois lus..
N’hésitez pas: allez sentir au plus près les tensions génératrices  de ces cinq danseuses qui,  au final, se lancent dans un flamenco libérateur. D’un grand nom de la photographie de danse, Guy Delahaye,  on peut  aussi voir les images de cette pièce dans le hall du théâtre

Jean Couturier

Festival d’Avignon. Théâtre de l’Étincelle à 10h30 jusqu’au 28 juillet (relâche le 23 juillet)


Archive pour 19 juillet, 2012

Le Sourire de la Joconde

Le Sourire de la Joconde à partir des textes de Kurt Tcuholsky. , traduction et mise en scène de Françoise Delrue.

 

Le Sourire de la Joconde Le-sourire-de-la-Joconde-%C2%A9EricLegrand0076Françoise Delrue met en scène Le Sourire de la Joconde à partir des textes de Kurt Tucholsky, sous la forme d’un véritable cabaret berlinois, en lieu de contestation et d’opposition à un régime menaçant et oppressif dont on se méfie instinctivement. Artistes et public sont du même bord, et toutes les allusions contemporaines à la montée de Hitler sont immédiatement perceptibles.
On est là aussi pour se changer les idées. Il y a un verre de bière d’abord pour chaque spectateur sur les tables préparées pour les accueillir. Les comédiens Henri Botte et Murielle Colvez sont là pour nous faire sourire, puisque Sourire de la Joconde il y a : « Tu nous enseignes par ton silence, ce qu’il faut faire. Car ton portrait nous montre, petite Lise, Que celui qui a vu le monde, Sourit, met les mains sur son ventre Et se tait. »
Mais on ne se tait pas tout à fait ; au contraire, on est plutôt là pour se libérer du joug politique qu’on dénoncera de plus en plus fort, sourdement et implicitement. Dès 1901, Tucholsky est collaborateur artistique de la
Weltbühne, et se fait connaître du grand public : critique littéraire et théâtral, essayiste, chroniqueur, humoriste. On chante ses chansons et on lit ses poèmes, avec ses engagements politiques corrosifs. Il met le doigt où cela fait mal : les travers de l’armée, de la justice, les hommes politiques, l’église, les petits-bourgeois, Hitler et le parti national socialiste. Déchu de la nationalité allemande en 1933, il se réfugiera en Suède deux ans avant qu’il ne mette fins à ses jours.
Henri Botte et Murielle Colvez, vêtus pour l’occasion d’ uniformes nazis – ou bien un simple rappel de la croix gammée sur le smoking et la robe du soir rouge vermeil, s’en donnent à cœur joie, interpellant le public, et font leurs numéros dans une bonne humeur cynique et une clairvoyance redoutable. Un couple d’artistes maudits qu’illumine la présence irradiante de Muriel Colvez, et de Casilda Rodriguez à l’accordéon.

Véronique hotte

Festival d’Avignon jusqu’au 28 juillet à 12h30 à Présence Pasteur. Tél : 04 32 74 18 54

le vertige

Sujets à vif, programme B: Le Vertige, conception et texte d’ Olivia Rosenthal et Projet Luciole, conception et mise en scène de  Nicolas Truong.

Le Festival d’Avignon, surtout quand il s’agit de formes courtes, peut parfois offrir de bonne surprises: ainsi celles qui ont été programmées en coproduction avec la SACD, avec comme seule contrainte: respecter le temps imparti pour chaque spectacle. Cela se passe au jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph. C’est en fait,  une petite cour étroite et ombragée avec des gradins pour 150 personnes; il y a, dans un angle, près d’une scène toute en profondeur, la statue d’ une vierge blanche que cette histoire de vertige ne semble pas effrayer et  à ses pieds, un parterre d’hortensias aux fleurs encore vertes.
Deux chaises en bois sur la scène, et surtout, à six mètres du sol environ, une sorte de poutrelle métallique suspendue par des harnais où l’on ne peut accéder que par une échelle. Et aucun éclairage artificiel.

  Olivia Rosenthal, auteure du bien connu de Que font les rennes après Noël qui avait reçu le prix Alexandre Vialatte et celui du Livre Inter 2011, commence à nous expliquer ce qu’est pour elle le vertige avec des mots très simples. On entend aussi des extraits du film Vertigo d’Alfred Hitchcock (1958), adapté du roman de Boileau et Narcejac D’entre les morts, qu’elle convoque comme pour mieux tisser ce rapport étonnant entre deux femmes, l’une absolument silencieuse, mais qui nous parle beaucoup: Chloé Moglia, une très jeune femme, trapéziste, qui a participé à plusieurs vols paraboliques où le corps est en état d’apesanteur;et l’autre presque immobile à l’oralité très prégnante. Et Olivia Rosenthal sur la scène. Toutes les deux habillées d’un pantalon et d’un tee-shirt noirs.
Puis Chloé Moglia, monte rapidement les barreaux de l’échelle qu’elle fait basculer loin d’elle, pour se retrouver là-haut, allongée sur cette poutre, suspendue par les pieds ou par une main, comme si elle était justement en état d’apesanteur. Dans un silence total, avec une grâce incroyable, une parfaite maîtrise du vide, et une apparente facilité qui a dû exiger du corps et de l’esprit un sacré travail: on ne voit jamais l’ombre d’un effort musculaire. Comme si son corps lui obéissait sans jamais rechigner. On est  fasciné par cette performance qui contraste superbement avec le vertige que décrit Olivia Rosenthal quelques mètres plus bas.Trente cinq minutes d’une vraie beauté et d’une grande intelligence qui nous renvoie à notre peur ontologique du vide.
  La deuxième partie du spectacle  Projet Luciole vient comme un  écho philosophique à ce Vertige. Une grande table chargée de livres, et en  fond de scène, un rayonnage en bois tout aussi chargé de livres. C’est une sorte de collages de textes d’ Adorno, Agamben,  Badiou, Benjamin, Debord, Deleuze, Orwell, Rancière ou Semprun. » Bien décidé à sauver les lucioles, dont l’extinction dûe à la pollution est la métaphore d’une humanité  rongé par la « merdonité » de la modernité, ce Projet Luciole donne corps , forme et voix à toutes les histoires de la pensée critique précise Nicolas Truong.
  Nicolas Bouchaud lit ces extraits, ironique et drôle, avec beaucoup de classe mais Judith Henry, devrait faire attention à ne pas bouler son texte. On écoute  cette profération dans le calme de cette petite cour fraîche, et l’on rit parfois, par exemple, quand il y a des jets inattendus de livres par les  hautes fenêtres du lycée  Saint-Joseph, mais on a du  mal à discerner le fil rouge de ce Projet Luciole qui a quelque chose d’assez artificiel dans sa mise en scène.  Même si on n’a guère le temps de s’ennuyer, ces paroles intelligentes, portées par la voix des deux comédiens,  auraient mérité une meilleure dramaturgie.

Philippe du Vignal

Festival d’Avignon  Jardin de la Vierge du Lycée Saint-Joseph du 9 au 15 juillet.

Puz/zle

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Puz/zle chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui

Puz/zle pourrait en fait se nommer patchwork, tant les images créées  ont des sens et des interprétations multiples. malgré des longueurs,et  des moments répétitifs (comme les postures de statuaire soviétique,) il y a  de nombreux  instants magiques. Par exemple, quand un danseur en solo n’arrive pas à se défaire d’un pavé, ou quand un autre libère toute son énergie animale.
Les mouvements rythmés des douze danseurs viennent stimuler le public. Mais cette construction et déconstruction de l’espace même parfaitement réglée prend du temps, « quand il faut  mettre toutes les pièces d’un ensemble en ordre », précise le chorégraphe. Des cubes de béton  permettent des assemblages multiples, (en réalité du polystyrène recouvert de résine de 50 kg) et  nous découvrons un escalier, une tombe,  ou un mur tagué symbolisant toutes nos fractures.
Ces éléments remarquablement utilisés font corps avec la danse et entrent en résonance avec les rochers de la carrière de Boulbon. Une autre résonance se fait entendre qui embellit le spectacle, c’est le chant du groupe polyphonique corse « A Fileta » qui accompagne la voix magique de la chanteuse libanaise Fadia Tomb El-Hage  et  la performance du musicien japonais Kazunari Abe à la flûte et aux percussions.
Cette pièce  s’inscrit dans la continuité du travail de l’artiste  qui a présenté une création au festival d’Avignon en 2004 puis une autre en  2008; il  utilise très bien l’espace ouvert de cette carrière, mais c’est dommage que  le découpage des scènes et des longueurs en arrivent à casser l’unité d’un très beau  spectacle.

Jean Couturier

Carrière de Boulbon, Avignon jusqu’au 20 juillet; puis en tournée en France et en Europe

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