La Conférence


La Conférence de Christophe Pellet, mise en scène de Matthieu Roy.

La Conférence IMG_3181_B-767x1024Avec le comédien Philippe Canales, le metteur en scène déploie la parole récriminatrice, revendicative et rebelle de Christophe Pellet, « contre l’Institution française », « contre l’État français ». C’est celle de quelqu’un qui connaît le théâtre de l’intérieur, dans sa chair et son âme, à la différence d’une administration, lointaine et indifférente, qui gère froidement les affaires publiques.

« Toujours dans le circuit ? », oppose-t-on au dramaturge dans le couloir d’une Scène nationale ou d’un Centre Dramatique. Certains savent courtiser les décideurs, d’autres non, ne le peuvent pas ou ne le veulent pas. C’est un peu le cas de Thomas Blanguernon, un jeune auteur qui a fui la France durant une dizaine d’années pour oublier l’étroitesse de ce fameux esprit français qui n’ouvre pas véritablement l’imaginaire mais qui suit plutôt modes et tendances de quelques noms en cours.

Il revient dans l’institution théâtrale à l’occasion d’une conférence, commandée par une ancienne relation professionnelle qui n’est même pas présente pour l’événement, et ne peut donc lui préparer le paiement de son cachet. Preuves de l’impolitesse, du manque de courtoisie et de la désinvolture de la partie adverse.

L’écriture de Christophe Pellet ne peut pas ne pas faire penser à celle de Thomas Bernhard : même ressassement, même art de la répétition, même ironie dans les attaques acerbes et comminatoires quant à la bêtise du monde. Même amour du théâtre. Voilà une belle déclamation amère sur l’art de convaincre, face à la surdité et à l’aveuglement des gestionnaires du spectacle que l’on dit vivant.

Le comédien, vêtu de noir, comme toute figure artistique qui se respecte, donne à entendre son amertume et sa déception, quand il vérifie le non-professionnalisme des interlocuteurs. L’acteur impose sa parole, à la fois proche et distant de son public, perdu dans des méandres kafkaïens que chacun a pu connaître

Un cauchemar facétieux qui, pour le spectateur, vire au plaisir que procure ce théâtre subtil, en quête d’une légitimité qui impose ici sa force d’évidence.

Véronique Hotte

Festival d’Avignon La Manufacture à 14h15, jusqu’au 27 juillet 2012. . Tél : 04-90-85-12-71

 


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