The Old King
The Old King de Romeu Runa et Miguel Moreira.
Dans son dictionnaire amoureux d’Avignon du numéro spécial de Télérama, Bernard Faivre d’Arcier définit le mot festival comme « un moment de grâce et de magie restant dans la mémoire ». Cette performance, qui peut être perçue comme douloureuse, tant l’engagement physique de Romeu Runa est extrême, restera gravée dans la mémoire du public.
Le danseur des ballets C de la B, va seul sur scène naître vivre et mourir durant soixante cinq minutes. De belles images naissent par exemple, quand celui-ci vient s’ébrouer sous un jet d’eau puissant, dirigé par son complice de création Miguel Moreira.
Les deux artistes d’origine portugaise ont été aidés par Alain Platel. pour la conception du spectacle et l’environnement musical de Pedro Carneiro accompagne au plus près cette performance qui comprend un minimum de texte.
Ce véritable homme animal semblant tout droit sorti d’un tableau de Jérôme Bosch va devenir un peu plus humain, à l’instant précis où il revêt un pot de fleur en guise de couronne, après avoir tenté de déclamer le discours pathétique d’un roi. Du haut de sa plate-forme qu’il a lui même laborieusement construit, ce personnage nous apparaît fragile.
Le cloître des Célestins révèle toute sa dimension sacrée quand retentit une musique de Wagner, Romeu Runa abandonné peut-être par Dieu, disparaît dans un cocon mortuaire invisible entre deux palettes en bois, un moment fort dans cette nuit d’Avignon…
Jean Couturier
Festival d’Avignon In, au Cloître des Célestins jusqu’au 26 juillet