Damas! Fragments
Damas! Fragments d’après l’œuvre de Léon-Gontran Damas, mise en scène de Patrick Moreau et Raphaëlle Giulani.
Léon-Gontran Damas était né en 1912 à Cayenne; métis blanc, indien et noir, Il fit ses études en Martinique où il rencontra Aimé Césaire puis à Paris où il retrouva Léopold Sedar Senghor. Il fit des études de droit et de langues orientales. Damas est moins connu et célébré que ses deux copains, c’est pourtant aussi un bon poète qu’il faut redécouvrir.
Les trois complices fondèrent la revue L’Etudiant noir qui fut à l’origine du fameux concept de négritude et où ils mettaient à mal la domination politique et culturelle de l’Occident. Ce qui n’empêcha pas Damas, le poète de Pigments, son premier recueil de poésies (1937) de se battre avec l’armée française en 40 et de devenir plus tard pendant quelques années, député de la Guyane. Il fut aussi l’un des piliers de la revue Présence africaine et enseigna aussi aux Etats-Unis avant de mourir en 78.
C’est sa poésie que trois comédiens de la Compagnie de l’homme aux semelles de vent et de la Troupe du Méridien guyanaises: Grégory Alexander, Régine Lapassion, Valérie Whittington, avec le pianiste Jean-Louis Danancier, essayent de faire revivre. Sur un praticable est assise, comme une sorte de déesse, une belle jeune femme, Régine Lepassion qui ne commencera à parler que vers la fin du spectacle qui débute par un long, trop long monologue de Grégory Alexander qui a pourtant une belle présence et qui dit très bien la langue de Damas. Il y a aussi de belles chansons en anglais de Valérie Whittington. Mais le spectacle qui ne dure qu’une heure, ne commence réellement à prendre forme qu’au moment où les deux jeunes comédiennes imposent leur présence en scène.
En fait, ce Damas! Fragments souffre d’être aussi être beaucoup trop statique au début, et de ne pas avoir de véritable fil conducteur et de mise en scène solide qui auraient permis de mieux ressentir la poésie de Damas que l’on ne perçoit vraiment qu’à de trop brefs moments. Et c’est dommage…
Philippe du Vignal
Festival d’Avignon Chapelle du verbe incarné jusqu’au 28 juillet.