Les contrats du commerçant

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Les contrats du commerçant,
une comédie économique d’Elfriede Jelinek, mise en scène Nicolas Stemann, en allemand, surtitré en français

C’est encore la crise économique mondiale qui est le thème de la pièce d’Elfriede Jelinek, mise en scène par Nicolas Stemann pour sa première venue en France. Avec cet artiste, le public a découvert pour cette première, à la fois un metteur en scène, un acteur, un musicien et un directeur de troupe, le Thalia Theater, doué d’une forte personnalité.
Pendant le premier quart d’heure d’une pièce beaucoup trop longue (3h 45!) il nous a présenté en français le voyage d’Elfriede Jelinek, et son interprétation du texte, dans une dénonciation de la crise économique. Avec un vrai sens de l’humour, il nous parle du décor mis en miette par le mistral, et explique qu’il ne connaît pas la durée du spectacle , puisque  cette pièce est en permanence en réécriture (cent pages seront jouées ce soir là, avec un décompte visible des pages) et qu’une part d’improvisation est toujours prévue. Il nous invite à faire des pauses: un bar a été installé pour que le public puisse continuer de suivre le spectacle sur des écrans vidéo.
Il termine par cet aveu «  Ne soyez pas triste si vous ne comprenez pas tout … les Allemands non plu! ». Sur le vaste plateau, sont installés à vue, un piano, un atelier vidéo dont les images seront filmées et projetées en direct sur les murs de la cour du lycée Saint-Joseph, un espace de repos pour les comédiens et les régies techniques. Tous les comédiens sont remarquables, et leurs énergie communicative maintient le public en éveil sur un sujet redondant. Pêle-mêle, nous découvrons des personnages victimes de la crise, et des banquiers et investisseurs qui exhortent le public à vouloir toujours investir chez eux.
Mais ce soir-là, les spectateurs ont eux, beaucoup de mal à donner quelques billets d’euros aux comédiens pour que le jeu continue. Le texte de la pièce est projeté sur les murs. Les comédiens et le metteur en scène, font aussi difficilement chanter le public, sur les thèmes de l’Europe et de l’argent-roi. Les acteurs portant des masques de notre président et de la chancelière allemande,  se lancent dans  une danse macabre.
Le spectacle ressemble parfois à une liturgie, parfois un concert rock, parfois à un spectacle de fin d’année d’étudiants. Pourtant l’ensemble obéit à une rigoureuse organisation, que commande le metteur en scène, y compris quand un spectateur vient se heurter sur le plateau à l’équipe des comédiens. Au bout de quelques minutes, nous reconnaissons Vincent Macaigne qui profite de sa présence sur scène pour poursuivre la lecture du texte de Jelinek… « Rien ne nous appartient », « le soleil se couche la nuit noire arrive »: le message est clair, le théâtre n’apporte aucune solution à cette crise, seul l’humour peut nous sauver.
Un autre acteur du spectacle était présent ce soir-là: le mistral qui a permis aux feuilles du texte d’Elfriede Jelinek de s’envoler dans la nuit d’Avignon dans une belle chorégraphie improvisée, quittant l’espace protégé du théâtre, pour rejoindre la vraie vie, dans une métonymie de notre société en perdition.

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Jean Couturier

Festival d’Avignon In, dans la cour du lycée Saint-Joseph jusqu’au 26 juillet

 

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