Bug

Bug de Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien, mise en scène de Philippe Adrien.

Cela commence par l’arrivée d’Arthur et Charline, jeunes et brillants lauréats d’un concours international de logiciels. Mais comme rien n’est jamais acquis au royaume de l’informatique, il se produit un énorme « bug » et les voilà tous les deux, métamorphosés en chimpanzés,  alors que doit leur être bientôt remis leur prix au château de Versailles. Et ils  partent donc  à chasse ce maudit « bug », alors que se prépare un  grand dîner exceptionnel avec des invités prestigieux, célébrités d’autrefois et d’aujourd’hui, tous genres confondus.
Il sera aussi question d’Auschwitz, de la shoah et de la guerre entre les Hutus et des Tutsis, de la fin des empires et du néo-libéralisme tout au long de ces deux heures et quart… Il y a enfin une vieille dame accablée par un Alzeimer, allongée dans un lit d’hôpital… Dieu reconnaîtra les siens  au milieu de ce fatras dramaturgique
 » Sommes-nous indemnes du projet génocidaire? De la razzia néo-libérale, de la société du spectacle et de la consommation …) Le web et les pratiques qu’ils génèrent ouvrent sur le monde dans toutes ses dimensions et sans aucune limite? Savoir si, après tout, si nous ne sommes pas des mutants? Et si c’était une comédie? » Ajoutent doctement les auteurs de la chose.
Eh! Bien non, ce n’est pas une comédie, ce n’est ps vraiment drôle, voire m^me franchement estouffadou et ce mille-feuilles bourratif de petites scènes sans grand intérêt qui dure quand même deux heures et quart. Ce qui pourrait être  encore visible s’il s’agissait d’une farce enlevée en une un peu plus d’une heure… Pour bien montrer l’emprise de la communication et de l’informatique, il y a pratiquement sans arrêt des projections d’ images vidéo, tout à fait remarquables, dûes à Olivier Roset,  qui servent de décor, et pour rappeler que l’on est  au théâtre, il y a un double plateau tournant , et de fréquents envois de fumigènes. Les petites séquences se succèdent aux petites séquences, . et l’on s’ennuie vite à ce mélange réalité/virtuel que l’on a déjà vu un partout!
Avec parfois quand même,  et heureusement,  quelques scènes de franche comédie, comme, celle assez drôle, où une attachée de communication, est obligée de revoir son plan de table à cause de l’arrivée non prévue de Jean Genet au dîner officiel de la remise du prix du concours. Même s’il est mort depuis longtemps, il dînera en compagnie de Michel Houellebecq. Jef Koons sera aussi de cette remise du prix du meilleur logiciel.
Cela est évidemment une fois de plus influencé par la BD, et flirte souvent le boulevard. Mais malheureusement, le second degré, revendiqué, rejoint souvent le premier. Avec un dialogue des plus faciles et des plus racoleurs que l’on soupçonnerait fort d’avoir été écrit à l’arrache sur un coin de table et qui dessert le propos. Et cela ne suffit pas du tout à constituer un spectacle…
Les acteurs font ce qu’ils peuvent, et c’est plutôt habilement mis en scène mais cela Philippe Adrien a prouvé depuis longtemps qu’il savait opérer. On est en droit de se demander pourquoi il est allé s’aventurer dans une aventure au scénario et au dialogue aussi indigents. Cela ne lui ressemble vraiment pas! Enfin allez-y si vous voulez,  mais on vous aura prévenu…

Philippe du Vignal

Théâtre de la Tempête jusqu’au 27  octobre.


Archive pour 28 septembre, 2012

La nouvelle saison de la Comédie de Caen

La nouvelle saison de la Comédie de Caen-Centre Dramatique National de Normandie

La nouvelle saison de la Comédie de Caen dans actualites vitrinewharf2__016475800_1532_24042009-300x199La Comédie de Caen regroupe la salle de la rue des Cordes, La Halle aux granges, plateau technique de costumes et d’accessoires et la grande salle de 700 places du Théâtre d’Hérouville où se trouve aussi l’administration et les services techniques avec 14 permanents. C’est l’un des rares centres dramatiques à abriter un atelier de décors. Jean Lambert-Wild, metteur en scène et écrivain en assure la direction depuis 2007 avec beaucoup d’efficacité et en prenant souvent des risques.
Et c’est à Hérouville que s’est tenue la conférence dite de presse dans un salle plus que pleine, de tous les amis spectateurs du centre dramatique- l’un des plus anciens en France- qui fête cette année ses quarante ans, comme d’ailleurs Jean Lambert-Wild… Impossible de tout citer mais la programmation de la nouvelle saison est riche et diversifiée.
Cela va du Festival Les Boréales avec, notamment, Corps de Walk, un spectacle de de danse de la compagnie norvégienne Carte blanche, Le Cirkus Undermän de la compagnie suédoise Cirkus Cirkör, ou encore Long Life, spectacle sans paroles letton…

De son côté, la Comédie de Caen reprend à Hérouville War Sweet War de Jean Lambert-Wild, spectacle fondé sur un fait divers terrible: un couple qui assassine ses enfants, dans une atmosphère de guerre impitoyable et sans aucune parole. (voir Le Théâtre du Blog). Le metteur en scène et auteur créera aussi en novembre au Théâtre national de Chaillot une sorte de fable pour tout public à partir de sept ans Mon amoureux pommier qu’il jouera ensuite à Caen. Et il accueillera Dominique Dupuy, le grand chorégraphe et introducteur de la danse contemporaine en France, avec Actes sans paroles de Beckett, spectacle créé aussi à Chaillot.
Il y a aura en février l’arrivée d’un des épisodes du fameux Mahabharata mis en scène par Statoshi Miyagi avec 26 comédiens japonais. Et Madeleine Louarn viendra de Bretagne avec sa troupe de comédiens professionnels handicapés mentaux jouer Les Oiseaux d’Aristophane. Et il y aura aussi Solness le constructeur d’Ibsen mise en scène de Jean-Christophe Blondelune, spectacle coproduit  entre notamment Le Volcan du Havre, le Théâtre des Deux-Rives de Rouen. Et pour la troisième année consécutive, le Colloque international de la critique ne partenariat avec l’Université de Caen aura lieu du 4 au 8 février 2013. La Comédie de Caen offre aussi des week-ends artistiques gratuits dirigés par des artistes associés à la saison.
Après une pause, Marcel Bozonnet interpréta, dix sept ans après sa création, La Princesse de Clèves, d’après le célèbre roman de Marie-Madeleine de La Fayette. La salle était sans doute beaucoup trop grande; et pour une fois, un discret appui de micro HF n’aurait pas été superflu. Sinon, quel bonheur d’entendre cette langue du 17 ème siècle aussi précise que juste! Aux meilleurs moments, il y avait comme une sorte d’état de grâce et le public était suspendu à la voix et à la gestuelle de Marcel Bozonnet.
Rappelons que c’est à une femme de 45 ans, c’est à dire déjà âgée pour l’époque, que nous devons en 1678, ce premier roman psychologique français, sur deux  thèmes inoxydables :  l’amour impossible et une certaine jouissance du désespoir. N’en déplaise à M. Sarkozy qui ne portait guère La Princesse de Clèves dans son cœur…

Philippe du Vignal

Comédie de Caen: 02-31-46-27-29 www.comediedecaen.com

Pour une contemplation subversive

 

 

Pour une contemplation subversive, lecture/performance par Christophe Pellet, dirigée par Christophe Lemaître.

 

 

Pour une contemplation subversive ChrisCela se passe à La Loge, lieu  dédié à la jeune création à Paris, ouvert depuis trois ans rue de Charonne, qui accueille concerts, spectacles, performances, mélangeant les genres et les publics…

« Lorsque j’écris, je me compromets », ainsi commence la lecture que donne Christophe Pellet de sa dernier ouvrage), faisant écho à La Conférence, où il donnait libre cours à une pensée critique sans concession, fustigeant « l’esprit français » qui règne notamment au théâtre.

En marge de ses pièces, dont Loin de Corpus Christi qui se joue au Théâtre des Abbesses, (voir prochainement Le Théâtre du Blog), l’auteur dévoile le moteur de son écriture et la posture d’homme et d’artiste qu’il a choisie : la contemplation.
Non pas celle du mystique, se retirant du monde, qui « 
évacue tout combat, toute lutte pour ne s’attacher qu’aux seules forces de l’esprit et de l’intellect avec comme recherche principale le bien-être, la sérénité et une forme de profit ». Mais une contemplation  active. Celle d posture qui consiste à ne rien faire, mais tout traverser, se laisser traverser : « le contemplateur, tel que je le définis s’affirme par une présence physique en lutte avec la matière, une lutte qui n’est pas un conflit mais un corps à corps »  Un état qui lui permet de trouver sa place, en dehors des lois du marché de l’art ou du commerce des hommes.
Espace de liberté, espace de résistance contre l’Etat, la société de consommation, et l’emprise de l’amour. Car « l’amour n’est qu’une aliénation de plus ». L’amour est un obstacle à contourner pour se trouver au plus près de soi et de l’autre… Mais
la contemplation de Christophe Pellet n’est pas une fuite mais une confrontation avec le réel. Et il compte les « indignés » au rang des « contemplateurs »,  et considère l’ immolation comme le comble de la contemplation subversive…
Livrant ses mots à lui avec l’ardeur feutrée et fiévreuse qui caractérise son écriture, Christophe Pellet nous entraîne dans les méandres de sa pensée, souvent paradoxale, mais toujours sincère et juste. Au plus près de ses convictions…

Et il nous incite à réfléchir, comme et avec lui sur notre place dans le monde car, pour lui, « notre capacité à contempler s’est perdue, dissoute au cœur de ce temps productif ».
Cinéaste, il accompagne cette performance d’images fugaces et lit aussi des extraits de textes qui ont nourri sa démarche : Pierre Clastres, (
La société contre l’Etat), Victor Hugo (Les Contemplations), Sade, ou Fernando Pessoa. « Il existe des âmes contemplatives qui ont vécu de façon plus intense, plus vaste et plus tumultueuse que d’autres qui ont vécu à l’extérieur d’elles-mêmes, écrit Pessoa dans Le Livre de l’intranquilité). Pour finir, Pellet cite un récit de Thomas Bernhard : Oui . Ce «oui » étant, paradoxalement encore, le mot de la fin !

Mireille Davidovici

La Loge , 77 rue de Charonne, Paris. www.lalogeparis.fr

Pour une contemplation subversive, suivi de Notes pour un cinéma contemplatif et subversif, et le Théâtre de Christophe Pellet sont publiés par l’Arche Éditeur.

 

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