QUELQU’UN DEHORS, MOI NULLE PART

Quelqu’un dehors, moi nulle part de Sonia Willi, mise en scène d’Anne Monfort.

QUELQU’UN DEHORS, MOI NULLE PART index1Artiste associée au Granit-Scène nationale de Belfort de 2007 à 2010, Anne Monfort crée Laure,  spectacle repris au Paris-Villette en 2008. Elle  commencera à travailler sur sa propre écriture, en lien avec des formes plastiques, avec Next Door; elle  investit des appartements vides, en s’inspirant  des films de Godard et en  adaptant  des textes de Balzac et d’Ulrike Meinhof.
Nous l’avions découverte avec Les Lettres à Annie Besnard, une correspondance saisissante avec Antonin Artaud, interprétée sur un plateau immaculé par Laetitia Angot et Pénélope Michel, violoncelliste,  au Colombier en 2009 (voir Le Théâtre du Blog).

Elle poursuivra sa recherche pluridisciplinaire sur l’expression de l’intime et du politique, en écrivant des textes  conçus spécialement  pour des formes scéniques. Comme:  Si c’était à refaire,(2010) qui traite de la notion de responsabilité pénale et juridique.Puis elle conçoit et met en scène un diptyque intitulé Notre politique de l’amour,  montage de  théâtre, performance et musique, où elle fait coexister  des personnages avec différents degrés de jeu et non-jeu.
A la Halle aux Grains-Scène Nationale de Blois, Anne Monfort a créé  cette année  Les fantômes ne pleurent pas, spectacle où deux versions d’une même histoire sont présentées à deux groupes distincts de spectateurs, et Quelqu’un dehors moi nulle part de Sonia Willi. Emma, erre entre son monde intérieur et le monde réel, des figures issues de son cerveau s’invitent dans son quotidien. Apparemment femme mariée vivant heureuse avec son époux et ses enfants, elle se retrouve en fait confrontée à une Dame qui la tyrannise, un homme-femme cantatrice…
La pièce, dit Anne Monfort  » emmène le spectateur dans un monde où l’on peut se trouver dissout dans la réalité, où la perception de soi n’est parfois pas différente de la perception des objets, où il n’y a pas de frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Ce monde, qui est le nôtre, celui de nos fantasmes, de nos projections, de nos évitements, glisse du merveilleux au sordide. On est fragmenté, on tente de se réunir.
Sonia Willi jouer sur le seuil, la limite entre situations réelles et fictives pour évoquer un état de perte de repères, d’identité, de définition de soi en fonction de l’autre. Le plateau est le paysage mental du personnage principal, avec des principes d’images récurrentes, d’associations oniriques, afin d’amener le spectateur au plus près de ces décalages du réel.(…) Entre la fiction de l’écriture et la réalité du plateau, des images se créent, comme un fil conducteur onirique qui tente d’amener une cohérence dans nos personnalités éclatées. Sonia Willi a écrit au cours des répétitions, accompagnant l’évolution du dispositif scénique et pour ces acteurs ».

Mais nous avons eu du mal à suivre les dédales de cette pièce pourtant attachante, jouée par  deux  acteurs et une actrice qui  tourne autour de cette  jeune femme Emma, qui reçoit plutôt sèchement son mari  qui revient  de son  travail;  leur enfant est couché, elle a déjà mangé, lui dit-elle, et  il peut se faire cuire ce qu’il veut… Il y a la visite de deux voisins dont l’un est thanatopracteur;  Emma est redevenue une enfant de douze ans; dispute conjugale, et les visiteurs sont renvoyés…
On se perd quelque peu dans les dédales de cette écriture, sans pour autant s’ennuyer.

Edith Rappoport

Théâtre du  Colombier de Bagnolet, spectacle présenté du 3 au 7 octobre.

 

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