Jeunez ze jolie

Jeunez ze jolie (169-173) présenté par le Collectif 12.

Depuis plusieurs années, le Collectif 12, dirigé par Frédéric Fachena et Laurent Vergnaud, présente, en ouverture de saison, une rencontre entre compagnies jeunes et moins jeunes, dont ils vont pouvoir  accompagner les démarches les plus intéressantes en leur offrant une résidence dans leur lieu chaleureux.
Tous les premiers mardis du mois, une réunion se tient avec les différents partenaires, les artistes en résidence et la vaillante petite équipe permanente pour mettre au point la programmation de ce lieu qui permet à des compagnies d’émerger, puis de diffuser leur spectacles dans d’autres théâtres. Y ont été notamment accueillis:  Christian Bourigault,  chorégraphe, Ludovic Pouzerate, auteur et  metteur en scène du groupe Krivitch et Mirabelle Rousseau du TOC.

Je voudrais être légère d’Elfriede Jelinek, avec Mirabelle Rousseau.

Sous une bâche bleue qui nous protège de la pluie menaçante, nous sommes assis sur le trottoir, face à la vitrine du Collectif 12. Mirabelle Rousseau, assise à une table, y chantonne, roule une cigarette. On entend sa voix  grâce à un haut-parleur qui résonne aux oreilles des rares passants étonnés, dans cette longue artère reliant le centre  de Mantes à sa périphérie : “Je ne veux pas jouer, je ne veux pas voir le reflet d’une fausse image des acteurs, je ne veux pas de théâtre !”
Curieusement, c’est bien de vrai théâtre qu’il s’agit dans cette vitrine. Mirabelle Rousseau promène agilement sa haute silhouette impérieuse, et elle fait bien passer l’humour plutôt noir d’Elfriede Jelinek: “Les acteurs doivent montrer leur travail (…) on pourrait présenter les vêtements tous seuls sur scène (…les acteurs ont tendance à être faux, alors que les spectateurs sont vrais (…) le sens du théâtre c’est d’être sans contenu et soudain l’insignifiant se met à signifier (…) Comment faire disparaître du théâtre ces taches sales que sont les acteurs (…) Les acteurs, qu’ils débarrassent les planches, et  tout sera bien !”.
Après Turandot et le Congrès des blanchisseurs de Brecht et Le Précepteur, le TOC, fondé  en 2002,  fait preuve d’une belle originalité. On pourra voir un deuxième spectacle de cette compagnie  dans cette même  vitrine, plus tard dans la soirée.

En vie par le GK, mise en scène de Gabrielle Cserhati.

C’est du théâtre caché ! Une navette nous emmène près du cimetière d’Ivre, on nous fixe un rendez-vous devant le stand de pâtes du Franprix voisin, nous y retrouvons un jeune homme qui nous guide dans un dédale de rues jusqu’à une maison nous nous devons trouver un centre de stérilisation de l’eau.
Certains d’entre nous doivent enfiler les blouses bleues pour assister à une stérilisation ionique, une seule consigne : fermer les yeux pendant l’opération. On nous guide vers une autre pièce où toutes sortes de bouteilles d’eau sont disposées, et nous pouvons goûter à des parfums différents.
Un jeune homme propose un slam, ça tourne court, il y a un professeur de gromelo de Bamako qui ne parvient pas à s’exprimer, un couple se dispute sur la conception d’un enfant. On entend:  “Il faut me vidanger de ma déshumanité, 70 ans, vivant mais déjà mort !”
Ces improvisations hasardeuses  avec  des comédiens pas très sûrs d’eux semblent restées à l’état d’ébauche et n’ont pas touché leur but, tout au moins ce jour-là.

www.mezzaninesspectacle.eu

La Composition comme explication de Gertrud Stein par Estelle Lesage.

  Nous revoilà devant la vitrine lumineuse du Collectif 12  où Estelle Lesage a repris place. Il ne pleut plus et quelques passants s’arrêtent ; cette fois, c’est un  texte de Gertrud Stein qu’elle profère et qu’elle répète : “la différence (…) rien ne change de génération en génération, personne n’est en avance sur son temps (…) quand arrive l’approbation, la chose devient classique, commencer, commencer et recommencer encore, tout est semblable sauf la composition(…). J’ai commencé à faire des portraits de n’importe quoi et de n’importe qui, tout était si semblable que ça devait être différent”.
Estelle Lesage est assise, se lève, enfile des chaussettes, les enlève, il y a un coup de feu, c’est la guerre. C’était le sens du temps dans cette Composition…
Ces spectacles singuliers en vitrine, interprétés par deux excellentes comédiennes avaient été donnés au Festival d’Avignon. Le TOC, après dix années de travail,  fait preuve d’une grande originalité et d’une vraie pertinence qui a pu s’imposer grâce à une résidence au Collectif 12.

www.letoc.blogspot.fr

My Name is… de Dieudonné Niangouna, mise en scène, scénographie et jeu d’Harvey Massoumba.

Harvey Massoumba, artiste congolais,  a commencé le théâtre comme comédien aux côtés de Sony Labou Tansi en 1992. Et  il a côtoyé Dieudonné Niangouna et joué dans plusieurs de ses pièces, ainsi que dans celles de Bernard-Marie Koltès, Tchicaya Utam’si, Koulsi Lamko….En 2003, il crée sa propre compagnie N’sala qui marque son retour au Congo après treize ans passés au Cameroun.
Il émerge d’un trou mystérieux Sur la scène, une grande toile où sont projetés un flot d’images lumineuses avec un trou mystérieux d’où il émerge pour  bramer avec force le texte de Niangouna : « Les flics sont payés pour faire régner le désordre (…) je souffre, c’est vilain d’écrire ce que le monde sait déjà (…) le plaisir est à ceux qui l’inventent ».
On a du mal à retrouver son chemin dans ce flot intense de paroles et d’images.  On ne décroche pas pour autant  mais il n’y pas de  vraie montée dramatique. . Le spectacle, créé en 2011 au Festival Mantsina a été présenté aux Francophonies en Limousin et à l’Institut Français de Brazzaville.
ciensalaenvol@yahoo.fr

Edith Rappoport

Au Collectif 12.Mantes-la-Jolie, jusqu’au 17 octobre .

 

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